RESPONSABLES? Mais responsables en quoi?

Par Yves Germain Joseph

Allons nous consacrer à nouveau à un petit exercice de décorticage de cette image. C’est la deuxième fois que je me penche dessus. Parce qu’elle m’étonne et traduit tout un état d’esprit. Ceux qui sont limités dans leurs possibilités de jugement sont en choc. C’est à cause de leurs compréhension que je reviens là-dessus. On aurait pu faire tout un livre avec pour exprimer le mensonge et l’esprit de malveillance qu’elle renferme, une malveillance essentiellement haïtienne, propre à l’Haitien qu’on ne peut trouver nulle part ailleurs. Elle illustre la conception et le fond d’un rapport qui sera lu et analysé à travers le monde entier. Mais en Haiti il faut le présenter en images pour tromper nos analphabètes fonctionnels. Et on utilise pour eux des images malhonnêtes pour les émouvoir et frapper leur imagination. C’est à travers ces images qu’ils souhaitent vulgariser le rapport tant attendu: celui de la Cour Supérieure des Comptes de la République d’Haiti sur les fonds PetroCaribe.

Sur cette page imprimée conçue pour expliquer la mauvaise utilisation des fonds PetroCaribe et toucher la conscience populaire, on lit :

KOT KÒB PETROKARIBE A

MACHE PIBLIK FONTAMARA »

L’auteur rapporte et analyse le projet du Marché Public de Fontamara comme suit:

MACHE PIBLIK FONTAMARA

MONTAN KONTRA: 15,647,900.00

MONTAN KI
DEPANSE:
6, 164, 385.12

SA FÈ: 40% .
PWOJÈ ABANDONNÉ.-

MINIS RESPONSAB:

  • Laurent Lamothe
  • Yves Germain Joseph
  • Wilson Laleau
  • SE Michel Présumé

DIREKTÈ KONPAYI:

  • Clanfranco Florenza (IBT, LCC)
  • Natacha Brea ( CSA Central Inc.)
  • Gino Charles (CSA Central )

(Les noms de ces Compagnies, qui devraient être les plus importants du rapport, sont à peine lisibles. Ils ne préoccupent pas l’attention des PetroChallengers).

Revenons à l’étiquette “responsables” attachée aux ministres. Une accusation à peine voilée. Réponsables en quoi? Et pourquoi ? Est-ce qu’on a trouvé de mauvaises décisions qui leur sont imputables ou voulait-on dire « ministres ayant intervenu dans les travaux », de préférence ? C’est-à-dire ministres responsables de cette phase d’exécution des travaux ? Si c’est cette dernière hypothèse, les PetroChallengers l’ont mal compris et l’interprètent différemment.

D’ailleurs au rythme auquel on change les ministres en Haïti, ils auraient pu trouver une dizaine de ministres responsables. Quand on a la chance d’inaugurer le début d’un chantier on ne sait pas quand il sera achevé. On peut illustrer par de nombreux exemples. Demandez aux Ambassades qui sont responsables de la Construction de l’Hopital de l’HUEH. Elles sont sur ce projet depuis 2010, après le tremblement de terre. Les travaux devaient durer trois ans. Où en sont-elles à présent? En quoi sont-elles responsables ?

Pour ce qui a trait au Marché public de Fontamara on a cité dans l’image les noms de trois ministres et exempté deux. Or cinq ministres se sont déjà succédés dans le cadre de ce projet.

C’est là que le terme “responsables” peut avoir une connotation négative et malveillante. Sur cinq ministres qui se sont succédés, on impute à trois la responsabilité et les deux autres en sont exonérés. Les premiers sont responsables parce qu’ils ont fait avancer les travaux et les deux autres en ont été exonérés parce qu’ils n’étaient pas en mesure de faire avancer le projet. Le projet ayant été qualifié d’abandonné, les ministres “responsables” sont ceux qui y ont travaillé. Extraordinaire!

Présentons l’information
différemment:

MACHE PIBLIC
FONTAMARA

MONTAN KONTRA:
15 647 162.-

MONTAN PEYE:
6 164 385

MONTAN KI RETE
POU PEYE:
9,482,777.-

FIM KAP SIPÈVIZE TRAVAY
LA: CSA CENTRAL INC.

FIM KAP KONSTWI
MACHE A: IBT

Minis ki travay sou pwojè a :

  • Laurent Lamothe
  • Yves Germain Joseph
  • Wilson Laleau
  • SE Michel Présumé

Pouki travay la kanpe?

Se 3 enstitisyon ki ka repon
kesyon sa a:

  1. Se enstitisyon kap fè Mache a , ki se:
    Ministè Planifikasyon (MPCE);
  2. Se Fim ki responsab Sipèvizyon chantye a
    ( ki pou di kilè pou peye, konbyen pou peye), ki se CSA Central
  3. E se Konpayi kap fè mache a menm ki se IBT.

Se 3 antite sa a yo ki konnen poukisa yo kanpe.

Cette présentation fait une très grande différence. Tant qu’on n’aura pas entendu ces acteurs on ne pourra responsabiliser quiconque. Nous devons apprendre à être sérieux et crédibles. Le terme “responsab” tel qu’utilisé suggère quelqu’un qui est fautif. D’ailleurs c’est dans cet esprit que ces activistes l’ont utilisé dans leur document fabriqué de toute pièce pour tromper et porter nuisances.

Lis minis responsab! Responsab kisa ou responsab poukisa? Paske travay la kanpe? Ou, pour utiliser un terme malveillant des propagandistes: PWOJÈ ABANDONNÉ.

Pouki nou pa chèche konnen enfòmasyon nan men lòt minis ki vinn apre ki konnen pouki pwojè a kanpe. (Pa abandone). Car Je sais une chose : au moment de quitter ce ministère, les ouvriers travaillaient sur le chantier. Et je sais aussi que dans les trois budgets exécutés après 2016, une provision avait été décidée pour la poursuite des travaux.

Et alors ! C’est avec cette légèreté que l’on conduit l’enquête sur PetroKaribe ?

Donc ils sont responsables parce que le chantier n’a pas abouti avec les ministres qui y ont travaillé! Et ceux qui les ont succédés sont à féliciter pour n’avoir rien fait ou pour n’avoir pas été en mesure de poursuivre les travaux ? Pourquoi ne pas avoir questionné tout le monde ? La Cour des Comptes saurait pourquoi les travaux se sont arrêtés en chemin sans imputer à quiconque une quelconque responsabilité ou laisser planer le doute. Animé par cet esprit de malveillance les propagandistes jettent la confusion parce que ces types d’enquêtes sont conduites secrètement sans rencontrer quiconque avec le même esprit des sénateurs.

L’utilisation des noms de Laurent Lamothe, Yves Germain Joseph, Michel Présumé et Wilson Laleau, respectivement anciens ministres et Secrétaire d’Etat de la Planification et Wilson Laleau, ancien ministre de l’Economie et des Finances comme « Ministres Responsables » est d’un usage abusif avec un relent de culpabilisation . En fait un mensonge. Un vulgaire mensonge.

D’où viennent ces informations ? Du rapport de la Cour des Comptes, p. 145, lit-on? Cette utilisation abusive du terme responsable est-elle celle de cette prestigieuse Institution ou celle des activistes pamphlétaires ?

S’il en est ainsi “nou mele”. “Peyi a mele” Dans ce cas, une seule issue, puisque nous ne serons pas capables de réveiller nos modèles qui sont partis pour toujours, nous serons contraints de faire appel à la coopération étrangère pour partager avec nous les tâches relevant de la souveraineté de l’Etat.

Yves Germain Joseph

 

Share:

Author: `