L’enfer des déplacés du parc Ste-Thérèse

Diliane Charles, assise devant sa tente (Photo: Hansy Mars) Diliane Charles, assise devant sa tente (Photo: Hansy Mars)

LeNouvelliste:Les averses qui s’abattent sur la capitale depuis la semaine dernière sont de plus en plus inquiétantes, vu la situation alarmante qu’elles engendrent notamment dans des zones vulnérables où plusieurs maisons sont inondées. Avec la saison pluvieuse qui s’annonce déjà et la saison cyclonique qui débute en juin prochain, la vie de nombreux sinistrés dans le camp du parc Ste-Thérèse devient un véritable calvaire.

Haïti: Dans ce camp de toiles vivent plus de mille familles. Ils ont le sommeil perturbé et l’angoisse au coeur. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur Port-au-Prince y ont occasionné des inondations. L’évacuation des eaux et le nettoyage des maisonnettes constituent un grand défi pour les résidents. Les abris de fortune fabriqués avec du carton et des draps de lit, qui servent de toit à beaucoup de déplacés du parc Ste-Thérèse, n’ont pas pu servir à grand-chose face à la colère de mère nature.

Max Saint-Félix, 29 ans, accidenté et père de 2 filles, qui a monté sa tente au parc Gérard Christophe, fait savoir que les pluies torrentielles quotidiennes ne font qu’empirer sa situation. Il affirme qu’il ne sait plus à quel saint se vouer quand la pluie tombe dru, car il est obligé de rester accroché toute la nuit à ses béquilles. Il ne souhaite que l’intervention des autorités pour le sortir de sa tente.

Plusieurs autres sinistrés abondent dans le même sens et qualifient d’irresponsable l’attitude de l’administration Martelly qui, deux ans après le séisme, n’a rien fait pour soulager leurs souffrances. Les dernières pluies ont rendu l’espace plus désagréable que jamais, se lamentent-ils. Même les bâches en plastique n’ont pas pu offrir la sécurité lors de la montée des eaux. Cette situation les inquiète davantage, vu que la saison cyclonique n’est même pas encore commencée.

« Nous vivons comme des bêtes », a déclaré Sheila Louis, mère de famille, qui explique l’état déshumanisant dans lequel vit ce groupe de déplacés, suite au séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Pour elle, deux années après cette tragédie, cette situation ne devrait plus exister. En plus d’avoir sa maison envahie par les eaux,elle est obligée de se débarrasser de ses effets – ceux que les eaux n’ont pas emportés – car ils sont inutilisables. Sheila confie être obligée d’ajouter des blocs de sable afin de dévier les eaux de pluie. Le besoin d’aide se lit sur leur visage. Diliane Charles est âgée de 80 ans et vit avec sa fille dans l’une des tentes au parc Ste-Thérèse. Cette dame souhaite ardemment trouver de l’argent pour louer une maison et pouvoir dormir en toute quiétude. « Depuis deux semaines, je n’arrive plus à fermer les yeux, car il pleut tous les soirs. En dépit de mon âge avancé, je suis obligée de passer la nuit debout », confie l’octogénaire. Diliane croit qu’une aide venant d’un bon samaritain pourrait l’aider à retrouver sa vie d’antan et se rappelle nostalgiquement le train de vie qu’elle menait avant le tremblement de terre.

La présence de boue dans toute la cour représente une autre inquiétude pour les pères et mères de familles occupant cet espace. Ces personnes craignent la remontée des cas de choléra et de malaria. Vu l’état des canaux d’évacuation, des égouts et des rivières, il n’est pas évident que les prochains jours soient meilleurs pour ces populations en difficulté.
Le mode de vie des déplacés du parc Ste-Thérèse ne diffère pas de celui des autres espaces. Face au décor répugnant que présentent plusieurs zones et artères de la capitale après ces averses, la situation pourrait empirer dans les jours à venir, si des mesures ne sont pas prises par les autorités pour réduire les risques et désastres, vu la vulnérabilité de ces sites d’hébergement.

Hansy Mars
hansymars@gmail.com

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