Le show de Bill Clinton

Bill Clinton attend encore la matérialisation des engagements pris par d’innombrables pays à la Conférence des donateurs de New York le 31 mars 2010. Cependant, sans des chiffres mirobolants à annoncer, le coprésident de la CIRH a réussi un coup médiatique quasi parfait. Il a amené, à Port-au-Prince, à la première réunion de cette Commission l’homme le plus riche du monde, le mexicain Carlos Slim qui, comme lui, a prêché l’évangile de la recapitalisation des PME en vue de relancer l’économie.

Haïti: Bill Clinton, sans ses kilos de trop, a la pêche depuis l’angioplastie * coronarienne pratiquée par son cardiologue Allan Schwartz à l’hôpital presbytérien de l’Université Columbia de New York le 11 février dernier. Co-président de la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH), il a, jeudi 17 juin 2010, affiché une excellente condition physique, de l’envie et a même réussi, sans forcer son talent, un coup médiatique quasi parfait. Il a amené à Port-au-Prince, à la première réunion de mise en place des structures et procédures administratives de la CIRH l’ hommes le plus riches du monde, le milliardaire mexicain Carlos Slim et le réalisateur canadien Frank Guistar.

Bien au-delà de la photo avec ces hommes d’affaires qui est susceptible d’aguicher les investisseurs potentiels sur tous les continents, Clinton a obtenu du concret. Ces deux investisseurs, chacun à hauteur de 10 millions de dollars américains, ont contribué à la création d’un fonds de 20 millions de dollars pour financer les petites et moyennes entreprises haïtiennes durement touchées par le tremblement de terre du 12 janvier 2010, a-t-il annoncé. « Nous voulons que ce fonds soit un modèle pour financer et recapitaliser les PME. Ce fonds, a enchainé Clinton, ne doit pas générer des profits ni pour la CIRH, ni pour les contributeurs ».

Clinton, appelant avec la persuasion d’un relationniste d’autres investisseurs à emboiter le pas, a aussi formulé le souhait que « ce fonds soit indéfiniment renouvelé ». Mettant l’emphase sur le volume d’emplois créés par les PME avant le séisme et les pertes considérables enregistrées dans ce secteur après la catastrophe, l’ex-président des Etats-Unis d’Amérique a, d’un ton pressant, encouragé le « secteur bancaire à donner des prêts à des taux bas et compétitifs à ces entreprises ».

Sur le front de la gestion des urgences

« La Fondation Clinton va décaisser 10 millions de dollars pour construire des abris communaux provisoires solides, résistant aux cyclones et capables d’héberger plus de 1000 personnes », a annoncé Bill Clinton, confiant son inquiétude pour les sinistrés hébergés dans des sites précaires au début de la saison cyclonique. Les enfants, les vieillards, les handicapés et autres personnes vulnérables seront hébergés dans ces abris qui pourront être utilisés par le gouvernement comme des écoles, des centres de santé, a expliqué M. Clinton, qui a affiché un penchant pour Léogâne et Jacmel, deux villes gravement endommagées par le tremblement de terre. Comme il l’avait fait à New York et à Punta Cana, Bill Clinton a, une nouvelle fois, rappelé aux ONG de fournir des informations de leurs opérations, car, a-t-il insisté, il est important de bien coordonner les interventions.

45 millions de dollars américains ont été donnés au gouvernement haïtien par la Norvège et le Brésil pour combler son déficit budgétaire, a par ailleurs annoncé le co-président de la CIRH Bill Clinton. Le Brésil a mis à la disposition d’Haïti 40 millions de dollars pour financer des projets à impact perceptible, a-t-il dit. « Ce n’est pas des promesses, cet argent est là », a rassuré Clinton qui, depuis la conférence des donateurs de New York le 31 mars, force les « faiseurs de promesses » à respecter leurs engagements.

Réhabiliter l’Etat pour reconstruire le pays

« On veut comprendre comment les fonds encaissés pour Haïti seront affectés dans des projets pour Haïti », a expliqué l’autre président de la CIRH, Jean Max Bellerive, quelques minutes avant de participer à une réunion sur les mécanismes de décaissement de fonds placés au fonds fiduciaire « Multi Trust Fund ». Selon le Premier ministre haïtien, l’Etat haïtien doit être réhabilité en vue de prendre en charge la reconstruction d’Haïti. Quelque 100 millions de dollars américains sont déjà disponibles pour reconstruire une ère du centre commercial de Port-au-Prince, a une nouvelle fois indiqué le chef du gouvernement.

Alors que les 26 membres de la CIRH validaient des mesures administratives, leur règlement interne et la désignation d’un directeur administratif, en face de l’Hôtel Karibe, une quinzaine de manifestants ayant à leur tête Hervé Saintilus, ont vertement critiqué l’ex- président Bill Clinton. Il revient aux Haïtiens de reconstruire leur pays, ont-ils scandé en revenant sur les promesses non tenues faites en 1994 par Bill Clinton après avoir favorisé quand il était au bureau oval le retour au pouvoir de l’ex-président Jean Bertrand Aristide.

Entre-temps, la prochaine réunion de la CIRH est fixée pour le 22 juillet. D’ici là, certains espèrent que l’administration Obama concrétisera ses promesses afin que Clinton puisse avoir des informations plus croustillantes à communiquer.

Le quoique ?

« Le peuple haïtien a une opportunité unique de changer fondamentalement sa situation économique, sociale et politique pour le futur. La reconstruction du pays, déjà lente, commande un leadership unitaire pour qu’elle réussisse. Les Etats-Unis et la communauté internationale ont démontré leur volonté de supporter le peuple haïtien. Mais cela ne doit pas être pris pour acquis », a prévenu la puissante et très influente Commission des affaires étrangères du Sénat des Etats-Unis d’Amérique, qui a aussi insisté, dans un rapport publié le 10 juin, sur la nécessité que les leaders haïtiens de toutes tendances, de manière unitaire, trouvent un consensus afin d’avancer ensemble dans le processus de reconstruction d’Haïti, tandis que le président René Préval et l’opposition politique sont à couteaux tirés.

Judicieux, les observateurs soulignent dans la foulée que la Commission des affaires étrangères du Sénat Américain influence grandement la conduite de la politique extérieure du Département d’Etat dirigé par Hilary Clinton, un autre Clinton. Ils se demandent également pourquoi les Etats-Unis trainent les pieds avant d’honorer ses engagements envers Haïti. Chacun y va de sa petite thèse. Mais, quoiqu’on en dise, Clinton, sans ses kilos, a réussi un grand coup médiatique en amenant le milliardaire Carlos Slim à la première réunion de la CIRH. Et après ? Il faut attendre la suite…

L’angioplastie est une technique médico-chirurgicale de modification d’un vaisseau sanguin, le plus souvent une artère. L’angioplastie peut être réalisée sans abord chirurgical par la ponction à l’aiguille du vaisseau : elle est alors dite percutanée.

Roberson Alphonse
ralphonse@lenouvelliste.com

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1 thought on “Le show de Bill Clinton

  1. Somehow – “nothing” looks better and classier when it is outlined in French.

    Collins

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