Après la chute de 20 % de la production agricole l’année dernière, le secteur agricole est sous la menace d’une réduction plus drastique de l’offre alimentaire vu que de nombreuses régions du pays font face à une sécheresse prolongée sans précédent. Cette situation risque d’accentuer l’insécurité alimentaire chez les ménages les plus vulnérables. Les départements du Nord, le Nord-Est, le Sud, l’Artibonite et le haut Plateau central sont les plus exposés, selon la CNSA.
15/06/2012
Selon le coordonnateur général de la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (CNSA), la sécheresse sévissant dans certaines régions du pays risque de compliquer davantage la situation de nombreux ménages haïtiens menacés par l’insécurité alimentaire. L’agronome Garry Matthieu estime que cette année la sécheresse, due au phénomène « El niño », pourrait être de plus longue durée. Une telle situation, si elle perdure, pourrait avoir un impact négatif sur l’offre alimentaire dans diverses régions du pays. De ce fait, l’agronome Mathieu interpelle les autorités pour qu’elles recherchent des solutions afin de compenser les potentielles pertes et de prévenir une augmentation du nombre de ceux qui vivent en insécurité alimentaire.
On se rappelle que l’année dernière un tel scénario s’était déjà présenté où l’offre agricole avait chuté de 20 pour cent au cours de la période d’octobre 2010 à mai 2011, suite à la sécheresse intense qui prévalait dans plusieurs régions du pays. Ainsi les départements du Nord, du Nord-Est, de l’Artibonite et le haut Plateau central ont été les plus touchés. Cette situation a eu pour effet immédiat une réduction des récoltes dans les régions susmentionnées.
Cette année, ce sont quasiment les mêmes régions qui sont menacées. Le cas du Nord-Est, selon la CNSA, mérite une attention particulière, vu que ce département n’a pas reçu de pluies satisfaisantes depuis novembre 2010. Une situation qui a provoqué la perte des récoltes de janvier et de février et qui est susceptible de compromettre la campagne agricole de printemps, plongeant ainsi les pauvres en une situation alimentaire beaucoup plus précaire qu’auparavant.
Selon la CNSA, au niveau du Nord-Ouest, les denrées alimentaires les plus menacées sont le maïs, le sorgho et les haricots. Les récoltes y sont quasi nulles alors qu’elles devraient représenter près de 40 % de la production annuelle de la zone. Hormis la sécheresse qui frappe ce département, les ménages font face également à une du prix de certains produits.
La situation n’est pas si différente pour les communes du haut Artibonite, à savoir d’Anse-Rouge, Terre-Neuve, Gros-Morne. La sécheresse prolongée observée au niveau de ces communes a eu un double effet sur les campagnes agricoles. D’une part, selon la CNSA, elle a retardé d’un mois la préparation des sols et, d’autre part, elle a fait débuter un mois plutôt la période de soudure. Cette situation a du même coup engendré la perte des récoltes tels le sorgho et le « pois congo ».
Conséquences de tout cela : aggravation de la situation de l’emploi dans le secteur agricole, augmentation du prix de certains produits d’autant plus que les marchés ne seront pas bien alimentés. C’est déjà le cas de certains marchés ruraux. Une accentuation de l’insécurité alimentaire chez les couches sociales les plus pauvres est donc envisageable. C’est pourquoi le coordonnateur de la CNSA conseille aux responsables concernés de renforcer les suivis et de faire une évaluation de l’importance de la prochaine récolte.