Par Léo Joseph
Haiti Observateur:
23-30 Novembre 2011

SOURCES COMBINÉES, 22 novembre — Bien que la vie de la famille présidentielle soit riche en secrets d’alcôve qui finiront par surgir très prochainement, des scandales financiers et administratifs éclatent déjà en série, et qui risquent de provoquer la division au sein de l’équipe actuellement au pouvoir. Au moment où le président Martelley s’empêtre dans des crises politiques à n’en plus finir, ses beaux-parents s’activent pour tirer le maximum de gains financiers de l’administration publique. Le père de la femme du chef de l’État et un des beaux-frères de ce dernier sont au centre de deux affaires aux relents mafieux qui secouent tour à tour un ministère et l’Administration douanière.

On apprend de sources autorisées, auprès du ministère de l’Agriculture et des Ressources naturelles, que Herbert Docteur, le titulaire de ce département, s’est heurté à un obstacle majeur dans la gestion de l’ODVA(Organisme de développement de la Vallée de l’Artibonite), en la personne de Charles Léon Saint-Rémy, qui s’octroie le monopole de la distribution d’engrais dans cette région du pays.

Les informations disponibles font état d’un conflit ouvert entre MM. Docteur et Saint-Rémy, ce dernier ayant même menacé de faire écarter le ministre du cabinet ministériel « pour insubordination». D’aucuns prétendent que se rabattant sur les privilèges auxquels il croit avoir du fait que le président de la République soit son gendre, M. Saint-Rémy aurait accusé le ministre de l’Agriculture de commettre un crime de lèse-présidence en essayant de faire obstacle à ses ambitions.

Il semble que Herbert Docteur ne se laisse pas pour autant intimider, menaçant, de son côté, de « fermer »l’ODVA jusqu’à nouvel ordre, si le beau-père du président ne met pas une sourdine à ses prétentions.

Ceux qui connaissent le dossier ont laissé entendre que la démarche de Charles Léon Saint-Rémy vise à faire de lui l’unique distributeur d’engrais dans cette zone. Des fonctionnaires de ce ministère, qui connaissent le dossier des engrais sur le bout des doigts, font remarquer que le droit de distribuer en exclusivité ce produit est susceptible de renflouer les caisses de l’homme d’affaires bénéficiaire d’un tel privilège pour des centaines de milliers de dollars U.S. par an.

Fiston Saint-Rémy réclame sa part

Pendant que Saint-Rémy père concentre ses activités dans l’Artibonite, son fils, Charles Léon Saint-Rémy jr, dit Ti-Ko, s’engage dans le transport maritime, pas nécessairement suivant les méthodes orthodoxes.

Selon des informations émanant de l’Administration générale des douanes, un bateau arrivé dans le port de Miragoâne avec à son bord une cargaison occulte et un faux manifeste a attiré l’attention des autorités. Ces dernière sont alors pris les dispositions pour effectuer une fouille en bonne et due forme du bateau quand Ti-Ko Saint-Rémy est arrivé pour faire arrêter l’opération.

On laisse croire que des policiers étaient venus de la capitale afin d’aider à assurer la sécurité du port durant l’opération, mais ils ont été forcés de rebrousser chemin.

Sur ces entrefaites, explique-t-on, les autorités douanières ont décidé de diriger le bateau vers Port-au-Prince où sera menée l’opération de fouille rendue impossible à Miragoâne.

Des agents de la DEA aux aguets

La cargaison du bateau intrigue on ne peut plus, surtout que des hommes assimilés à des agents de la « Drug Enforcement Administration» (DEA) sont aux aguets

Selon des sources crédibles, à la capitale haïtienne, la décision de diriger le vaisseau suspect sur Port-au-Prince a été prise à l’instigation de personnes non identifiées, mais qu’on dit être liées aux secteurs mafieux.

Dans cette affaire de bateau, le beau-frère du président serait-il victime d’un coup fourré ou bien c’est-il engagé en connaissance de cause dans cette entreprise, assuré des riches dividendes qu’il serait susceptible d’en retirer ?

De toute évidence, ces derniers scandales qui ont éclaté n’augurent rien de bon pour le changement tant prôné par Joseph Michel Martelly. Car les acteurs dont les noms sont ici mentionnés semblent imiter à la lettre la conduite des précédents membres de familles présidentielles. Avec cette différence que dans le cas des Martelly, ils donnent l’impression d’aller « trop vite en besogne ».