Un député au cabinet d’instruction, un policier à la morgue

Le Nouvelliste:
La mort du policier Walky Calixte paraît comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Silencieux depuis le décès en cascade de plusieurs de leurs confrères, les policiers sont sortis de leurs gonds et sont allés jusqu’á la grève. Le Parlement, cette fois, moins défensif, a autorisé le député indexé à répondre aux questions de la justice. L’affaire est maintenant au cabinet d’instruction et risque d’aller plus loin.

La mort du policier Walky Calixte paraît comme la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Silencieux depuis le décès en cascade de plusieurs de leurs confrères, les policiers sont sortis de leurs gonds et sont allés jusqu’á la grève. Le Parlement, cette fois, moins défensif, a autorisé le député indexé à répondre aux questions de la justice. L’affaire est maintenant au cabinet d’instruction et risque d’aller plus loin.

Trois heures d’horloge ont à peine suffi au magistrat instructeur Jean Wilner Morin pour se faire une meilleure idée de cet imbroglio, survenu le 17 avril dernier et opposant l’équipe du député Séjour à des policiers de la circulation, dont Walky calixte, postés à Petit-Four. Si le juge s’est légalement gardé de tout commentaire dans la presse à l’issue de l’audition, le député non plus n’a pas voulu dire grand-chose aux journalistes qui attendaient sa sortie. Accompagné de son avocat, Me Carlos Hercule, du président de la Chambre des députés, Levaillant Louis-Jeune, et du ministre chargé des Relations avec le Parlement, Ralph Théano, Rodriguez Séjour a répondu à l’invitation du juge d’instruction le 24 avril dernier.

« Mon client a répondu aux questions du juge et l’audition s’est bien déroulée », a lâché, laconique, Me Carlos Hercule, clamant l’innocence du député de la première circonscription de Port-au-Prince. Pour sa part, le président Louis-Jeune a tenu à souligner que son collègue jouit encore de sa pleine et entière immunité et qu’il « a seulement été autorisé à répondre aux questions de la justice ». Selon le président de la Chambre basse, le député s’est présenté au cabinet d’instruction pour signifier son respect pour la justice et pour les lois de son pays qui lui reconnaissent d’ailleurs une présomption d’innocence jusqu’à ce que sa culpabilité soit prouvée. Le député Louis-Jeune s’est toutefois gardé de dire si la Chambre des députés acceptera de lever l’immunité du député Séjour au cas où le juge d’instruction déciderait de son inculpation. « Nous n’en sommes pas encore là », a-t-il répondu.

L’instruction sur la mort du policier Walky Calixte nécessite, comme toute autre enquête judiciaire, des éléments de preuve. En plus des témoignages, l’instructeur aura besoin d’autres documents, tels que rapport balistique, procès-verbal de constat et éventuellement un rapport d’autopsie. « Mais l’autopsie n’est pas toujours nécessaire », nous a vite rappelé un agent de la police judiciaire, expliquant que certains assassinats peuvent présenter des évidences qui ne nécessitent plus une autopsie. Dans le cas du policier Walky Calixte, s’il faut obligatoirement que le cadavre soit autopsié, l’instruction risque de s’allonger vu le manque de moyens techniques mis à la disposition de nos deux médecins légistes durant les quatre dernières années. Heureusement qu’aujourd’hui l’Institut médico-légal est sur la voie de son relancement, grâce à une synergie entre le ministère de la Justice et celui de la Santé publique.

La mort de Walky Calixte a mis Carrefour dans tous ses états, et la tension s’est étendue à plusieurs zones de la région métropolitaine. Le directeur général de la police, Mario Andrésol, a dû rendre visite à la famille du policier tombé et en a profité pour calmer la fureur des hommes d’Arcachon surchauffés depuis le décès par balles de leur voisin et ami. Avant Mario Andrésol, le secrétaire d’État à la Sécurité publique, Réginald Delva, avait fait la même chose. Le ministère de la Justice a, dans un communiqué, promis d’exiger des autorités judiciaires que justice soit rendue aux proches des policiers tombés dans l’exercice de leurs fonctions.

Toutefois, ce communiqué a rappelé aux policiers que le Manuel du personnel de la PNH interdit le droit de grève tout en déplorant ce mouvement de protestation que le Ministère a dit constater « avec stupéfaction ». Entre-temps, la mort de Walky Calixte, mort dont les circonstances n’ont pas encore été élucidées, paraît comme une nouvelle patate chaude entre les policiers et les agents de sécurité des parlementaires, mais aussi entre le Parlement et l’exécutif, à l’heure où l’on parle de ratification.

Eddy Laguerre
edgu85yahoo.fr

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