Un accueil mitigé au protocole d’accord

Le Nouvelliste | Publié le : 2012-12-26
Robenson Geffrard
Cet accord paraphé, lundi, entre le palais national et le Parlement sous l’appellation de « Collège transitoire du Conseil électoral permanent », est accueilli différemment par les leaders politiques haïtiens. Si, pour certains, c’est une bonne chose, pour d’autres, on n’est pas sorti de la crise.
Paul Denis
Paul Denis

Les prochains conseillers électoraux n’auront qu’un seul mandat: organiser les élections pour renouveler le tiers du Sénat et les collectivités territoriales, selon ce protocole d’accord signé entre le pouvoir exécutif et le Parlement. Pour le secrétaire général de la Fusion des sociaux-démocrates, Rosemond Pradel, cette entente est une bonne chose. « C’est un coup d’arrêt à l’exécutif. On lui a fait comprendre qu’il n’est pas le seul pouvoir. C’est une leçon démocratique dans le respect des lois de ce pays », a soutenu l’ancien conseiller électoral.

Cet accord, a-t-il ajouté, va permettre la réalisation des élections au cours de l’année 2013. M. Pradel a indiqué que le Conseil électoral est provisoire, même si le pouvoir ne veut pas l’admettre. Il a appelé la classe politique, la société civile et la population à s’impliquer dans ce processus afin d’empêcher une main-mise de l’exécutif sur les élections tout en félicitant les sénateurs de l’opposition qui n’ont jamais accepté la mise sur pied d’un Conseil électoral permanent.

Intervenant à l’émission Panel Magik sur Radio Magik 9, l’ancien conseiller électoral a minimisé le fait que l’accord a été conclu en dehors de la Constitution du pays. Cependant, il a regretté la non-participation des partis politiques aux négociations.

Parallèlement, pour Turneb Delpé, il s’agit tout simplement d’un accord « tèt chat ». Une façon pour le responsable de la Convention des partis politiques de dire que le pays a perdu trop de temps pour cet accord qui, selon lui, ne résoud pas la crise. Il dit craindre la vassalisation du Collège transitoire du Conseil électoral permanent par le pouvoir.

Selon le leader politique, rien ne dit qu’après les élections l’exécutif et le CSPJ ne vont pas garder en poste leurs membres. « C’est un Conseil électoral permanent conjoncturel déjà proposé par le palais national lors de la rencontre avec les organisations politiques à l’hôtel Karibe… », a-t-il rappelé.

Pour Edgard Leblanc Fils, l’un des responsables de l’Organisation du peuple en lutte (OPL), tant que le Conseil électoral reste provisoire, son parti politique n’a aucun problème avec le nom de l’instance qui va réaliser les prochaines élections. Cependant, l’ancien sénateur de la République, interviewé par Le Nouvelliste, a estimé que ce sont les organisations de la société civile –  l’Eglise, l’université, les partis politiques… – qui devaient soumettre aux trois pouvoirs un ensemble de noms de personnalités crédibles.

C’est dans ce panier de noms que l’exécutif, le Parlement et le judiciaire devraient choisir les neuf membres du CEP selon une formule participative, a soutenu Edgard Leblanc Fils.

De son côté, Paul Denis, membre du directoire de la plateforme politique INITE, a indiqué que cet accord signé entre l’exécutif et le Parlement est plein de désaccords. Exprimant son opinion personnelle, l’ancien ministre de la Justice a indiqué que la solution à la crise, c’est de donner la garantie que l’institution qui va réaliser les prochaines élections est digne de confiance.

Selon lui, cet accord ne donne aucune garantie sur la crédibilité du processus électoral à venir. « Le problème, ce n’est pas le nom de l’institution, mais sa crédibilité… », a-t-il dit.

Dans un message à l’occasion de la Noël, le président Michel Martelly a donné la garantie que les élections seront réalisées en 2013. « Aujourd’hui, notre plus grande priorité est la réalisation des élections », a-t-il dit.

Robenson Geffrard
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