Thèmes de l’Emission de la semaine

Orlando le 16 juillet, 2010

Actualités Politiques : Grandes Lignes

Après le rejet formel et sans appel des pays du Nord, au sommet du G20 et les critiques acerbes des législateurs de l’Union Européenne, Préval s’est précipité vers sa zone de confort, où il partage des affinités gauchistes. Le rejet de ce milieu a été aussi catégorique que ceux des pays du Nord ! Cuba lui a littéralement fermé la porte au nez. De même que Hugo Chavez qui a exigé de Préval, qu’il vienne le visiter avec le rapport détaillé de la gestion de l’aide vénézuélienne, qu’il a déjà galvaudée. Préval vient d’apprendre, à son grand étonnement, que l’opinion mondiale est unanime à son sujet. Sa réputation et celle de son gouvernement, sont définitivement ruinées.

C’est un fait politique important qu’il faille souligner. La gauche latino-américaine, qui au sein de la Minustah avait géré de manière très musclé, en collaboration avec cette caste multi-classiste, le retour au statu quo ante avec Préval, vient de le lâcher, pour les mêmes raisons que les pays du Nord, corruption et incompétence. Evidemment en Haïti depuis le début de son second mandat, il n’y pas que les partis d’opposition à s’en plaindre ! Sa caste le constate aujourd’hui. L’opinion est unanime !

Rejeté de toute part, isolé, il ne lui reste que ses deux proxys et tuteurs J.P. Patterson, ex-premier ministre de la Jamaïque et Leonel Fernandez, président de la Dominicanie. Leurs intérêts réalistes et pragmatiques se situent plutôt dans l’exploitation d’une situation de faiblesse et de dépendance, dans le cadre d’une fin de règne. Leur accueil aujourd’hui va au-delà du règne de Préval, visant plutôt le maintien du business as usual avec Haïti. Ils ont tous deux, intérêt dans une Haiti faible, dépendante et corrompue, dirigée par des incompétents sans initiative. Ils veulent exploiter à leur profit, les opportunités qu’offriront éventuellement, les efforts de reconstruction et de relance de l’économie, pour satisfaire leurs ambitions de domination et de leadership régional. Préval, de fait, vient d’intégrer la République dominicaine à la CIRH !  Pourquoi faire ! Il est absolument impossible de s’abaisser plus bas que ça !

A cette croisée de chemins où la renaissance d’Haïti, ainsi que la réflexion sur la refondation de l’Etat, deviennent non seulement l’enjeu, mais l’impératif. L’Internationale, pour la première fois, non seulement change de ton et d’allure, mais plus important encore, elle se voit obliger, dans cette conjoncture de suggérer ouvertement un changement de critères de choix du leadership politique. L’Internationale exige formellement aujourd’hui, que l’on ait au pouvoir en Haïti, des interlocuteurs intègres, honnêtes, valables et compétents pour gouverner et participer à la gestion de la reconstruction et de la relance de l’économie. Pour elle l’échec n’est pas une option ! Il n’y a pas que l’Haïtien soucieux du bien-être et des intérêts nationaux, à être conscient de la nécessité de rompre avec ces régimes qui ont confisqué le pouvoir depuis plus d’un demi-siècle, avec des résultats exécrables. Il ne faut pas ignorer le fait que pendant ce demi-siècle cette caste a maintenu le monopole du dialogue avec l’Internationale par le biais de ses puissants lobbyistes. L’internationale a contribué elle-même à leur présence et leur maintien au pouvoir. « The devil I know ». Elle est parfaitement consciente des résultats horribles de cette collaboration étroite ! Elle le constate aujourd’hui dans les faits. L’Internationale, n’ayant que des intérêts, réalise aussi, qu’un Etat tombé en faillite, deux fois de suite en moins d’une décade, sous un même régime, incapable d’aucun effort de regain minimal de souveraineté, soit un danger non seulement pour lui, mais pour toute la région, dans ce contexte terroriste du XXIe siècle. Il ne s’agit pas là de magnanimité, ni de fraternité humaine. Ces sentiments de fraternité humaine se sont manifestés avec magnanimité et grandeur d’âme au lendemain du 12 janvier 2010 et jusqu’à présent, à travers l’aide humanitaire. Maintenant, il s’agit d’autres choses, d’intérêts sécuritaires et politiques régionaux.

Cette caste multi-classiste, qui gère le maintien du pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. Elle l’a fait par le biais de l’assassinat, de la répression, de l’internalisation de la peur, de la corruption, comme voie exclusive de capillarité sociale, du port d’arme, symbole de la possession du pouvoir et du droit d’en abuser impunément. Cette caste est forcée aujourd’hui, malgré elle et à bref délai, dans le cadre d’une fin de règne, à se réinventer, à changer ses critères, à faire peau-neuve pour sortir du model de clientélisme populiste, et survivre. Ce model populiste, qui donne la prépondérance au charisme, au radicalisme, à la militance et à la capacité de violence sur la compétence, comme critère de choix de leadership politique, a fait son temps ! « Li crucifier pays a sous yon croix ranyon ! »

La gauche latino-américaine à son tour vient de se rendre à l’évident cette semaine, qu’elle soit contrainte à abandonner ce régime populiste qu’il a lui-même, avec la complicité de cette caste multi-classiste, contribué paradoxalement et de manière musclé à retourner au pouvoir le 7 février 2006, au lendemain de son renversement le 29 février 2004.

Certes, face à l’Internationale, Préval est dans une situation très précaire. Il est peut être très vulnérable, mais pas inoffensif. Attention, Préval n’est astreint à aucune rigidité stratégique. Il peut à tout moment pivoter à 1800. Sa caractéristique fondamentale, est qu’il s’accommode continuellement pour circonvenir les obstacles. Il ne faut surtout pas oublier, que cette caste multi-classiste a déjà survécu des fins de règne et de régime. Faire des élections sous Préval, même quand il se trouve dans cet état de vulnérabilité, est un risque énorme qui porte atteinte directement à la nécessité fondamentale d’émancipation, la rupture.

En remplaçant ce CEP provisoire, vous nommez certainement des bureaucrates et des fonctionnaires en qui vous avez confiance. Qui seront indépendants de l’Exécutif, si vous utilisez l’article 289 de la constitution pour le constituer. Ce nouveau CEP provisoire pourra passer au peigne fin les dossiers des candidats. Offrira le contrôle et la garantie d’un décompte honnête et crédible des voix. Pour améliorer le niveau de qualité et de compétence des élus, il pourrait aussi, établir de nouveaux critères de qualification pour les candidats aux postes électifs. Mais pas plus que ça !

Tandis qu’en face, sur le béton, Préval vous supplante et vous bat à plate couture automatiquement, en prenant avantage de la faiblesse de la participation électorale, conséquence logique et incontournable du cataclysme. Il a le contrôle des autorités locales. Il s’est amassé un magot énorme qui lui permet amplement de financer la campagne des ses candidats, face à des partis politiques pauvres. La rupture est absolument impossible avec un parlement corrompu qui certainement forcera la survie du model antérieur, la corruption. La 48e législature n’a-t-elle pas été la législature la plus corrompue de notre histoire ? Une majorité de cette législature corrompue par Préval, sera reconduite aux prochaines élections, si elles se font sous Préval. Ce n’est pas une probabilité. C’est une certitude !

Du 28 novembre 2010 au 7 février 2011, Préval aura amplement de temps pour organiser les élections indirectes, et établir son nouveau CEP permanent. Les élections qui se feront par la suite, seront indubitablement sous le contrôle de ce CEP permanent. Qui sait, si la 49e législature ne pourra pas, en un temps record, comme pour la 48e, adopter à la hâte les amendements qui servent les intérêts de Préval ? Il faut bien se rappeler du fait que la publication de la liste d’amendements s’est effectuée en 30 minutes le 14 septembre 2009, à la dernière session ordinaire de la 48e législature. Après quoi, n’a-t-on pas assisté, sans pouvoir l’en empêcher, cette même 48e législature se réunir en plusieurs fois en sessions ordinaires en 2010, pour adopter séparément 3 résolutions, l’état d’urgence, les pleins pouvoirs et la prolongation du mandat de Préval ? Peut-on, concernant ces parlementaires, comme ils sont organisés et qu’ils fonctionnent, évoquer la notion de déontologie parlementaire ? Les résultats des élections de la fin d’année 2010, organisées sous Préval, même avec un nouveau CEP provisoire, seront copies conformes de celles de l’année 2009.

Si l’Internationale, toutes tendances confondues, face à la corruption et à l’incompétence de Préval et de son gouvernement, est manifestement réticente à satisfaire les engagements pris envers Haïti qu’elle vient de renouveler à Punta Cana, parce qu’elle n’a absolument aucune confiance en Préval et son gouvernement. Réciproquement comment peut-elle, judicieusement forcer la nation haïtienne à participer à des élections gérées sous Préval et son gouvernement, quand cette nation partage avec elle, les mêmes sentiments de perte de confiance dans la capacité de Préval et de son gouvernement de faire des élections démocratiques, libres, honnêtes et crédibles, dont les résultats reflètent en vérité l’expression de la volonté générale ? Ce refus n’est pas un préjugé contre Préval et son gouvernement. Le dossier électoral de Préval et de son gouvernement qui s’étend d’avril 1997 à juin 2009 est là pour justifier les appréhensions de la nation, et les corroborer par des faits irréfutables ! Les fraudes et les irrégularités électorales constituent aussi des actes de corruption !

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