Présidentielle haïtienne Manigat et Martelly refusent de participer au recomptage

Samedi 11 décembre 2010

Les candidats Mirlande Manigat et Michel Martelly

Les candidats Mirlande Manigat et Michel Martelly

Photo: AFP/Thony BELIZAIRE

Officiellement arrivé troisième au premier tour de la présidentielle haïtienne, le candidat Michel Martelly a exclu, vendredi, toute participation au processus derecomptage des voix annoncé la veille par le Conseil électoral provisoire (CEP).

La meneuse à l’issue du premier tour, Mirlande Manigat, l’a suivi dans son refus, selon ce qu’a rapporté l’Agence France Presse en fin de soirée. « À l’analyse, il résulte que ce communiqué [du CEP] n’indique ni la date ni l’heure d’une éventuelle invitation des intéressés, ni surtout la procédure envisagée pour une telle opération. Dans ces circonstances, la candidate regrette de ne pouvoir s’associer à une pareille démarche », affirme un communiqué des avocats de Mme Manigat.

Après deux jours de manifestations post-électorales tenues pour dénoncer des fraudes au profit du candidat du pouvoir, Jude Célestin, le CEP a annoncé la veille qu’il allait « enclencher une procédure d’urgence et exceptionnelle de vérification » des résultats des trois candidats ayant terminé en tête.

Le CEP avait indiqué que le processus serait assuré par une commission mixte composée de ses membres, d’observateurs nationaux et internationaux, de partenaires de la communauté internationale ainsi que des candidats désignés pour le deuxième tour, Mirlande Manigat et Jude Célestin, et Michel Martelly, évincé de justesse.

« Je ne veux pas faire partie de ça », a déclaré ce dernier, qui s’est dit convaincu que le président sortant, René Préval, et le candidat de son parti Inité avaient manipulé les résultats du scrutin du 18 novembre.

Ils ont organisé la fraude et je suis convaincu qu’ils sont prêts à tout pour rester au pouvoir. C’est un piège.

Michel Martelly

« Nous avons un gros problème avec le recomptage des voix dans la mesure où pas moins de 3000 procès-verbaux frauduleux ont été ajoutés. Ils n’auraient pas du être comptés », a déclaré M. Martelly à l’Agence France Presse. « Cela a été fait sur instruction du président Préval pour que M. Célestin l’emporte. Il essaie d’installer son homme a la tête du pouvoir », a-t-il ajouté.

Des colonnes de  fumÃÂÃÂÃÂée noire s'ÃÂÃÂÃÂélevaient ÃÂÃÂà Port-au-Prince,  aprÃÂÃÂÃÂès que des pneus eurent ÃÂÃÂÃÂétÃÂÃÂÃÂé  incendiÃÂÃÂÃÂés.
Photo: La Presse Canadienne /Hector Retamal

Des colonnes de fumée noire s’élevaient à Port-au-Prince, après que des pneus eurent été incendiés.

Mercredi, au lendemain de l’annonce des résultats préliminaires du premier tour, le pays a été secoué par deviolentes protestations dans plusieurs villes du pays, où au moins quatre personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées.

Le lendemain, des médias locaux rapportaient au moins un mort et plusieurs blessés. Des témoins affirment qu’un homme armé accompagné de partisans de Jude Célestin a abattu au moins une personne, dans un bidonville près des ruines du palais présidentiel, détruit par le séisme de janvier.

L’organisme humanitaire Médecins sans frontières rapporte avoir traité à lui seul une quinzaine de personnes blessées par balles depuis mardi.

Inquiétude et menaces de sanctions

Le Conseil de sécurité de l’ONU a de son côté exprimé à nouveau « son inquiétude à propos des allégations de fraude ». Il a en outre lancé un appel au calme à l’intention de tous les candidats et de leurs partisans.

Le patron de la puissante commission judiciaire du sénat américain, le sénateur démocrate Patrick Leahy, a même réclamé le gel des aides américaines pour Haïti et un moratoire sur l’attribution de visas aux responsables haïtiens.

« Comme si Haïti ne faisait pas face a suffisamment de problèmes, maintenant, une fois encore, ceux qui sont au pouvoir essayent de corrompre la volonté du peuple », a-t-il dit.

Selon le calendrier électoral, les résultats définitifs du premier tour doivent être annoncés le 20 décembre et le deuxième tour doit être organisé le 16 janvier.

Le déroulement du scrutin présidentiel a été contesté par de nombreux observateurs internationaux, qui ont rapporté des actes de violence, des gestes d’intimidation et du bourrage d’urnes. Les États-Unis, l’Union européenne et le Canada ont notamment mis les résultats en doute.

Radio-Canada.ca avecAgence France Press

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