#Petrocaribechallenge, étincelles dangereuses

September 2, 2018admin

Les violentes manifs des 6,7 et 8 juillet ont fait peur. On croyait enfin à une prise de conscience des masses miséreuses par rapport à cette classe de citoyens supérieurs qui ont accaparé pendant deux siècles toute les richesses du pays (L’Etat, la bourgeoisie locale, les colons syro-libanais, les politiciens de tout bord, les intellos vendus etc.). La menace était forte. On croyait arriver le temps de la révolution. Et ce n’était pas PetroCaribe, mais tout le système qu’on a attaqué. Et on avait tous peur. On pensait même s’asseoir dans l’urgence pour réfléchir vite sur la manière de recadrer le sort des jeunes et des populations en situation d’extrême pauvreté. Il fallait donner espoir pour calmer les fureurs. Malheureusement, on a choisi la diversion. Et comme les animaux malades de la peste, on propose Petrocaribe. Une partie de Petrocaribe. Car les principaux instigateurs, tapis dans l’ombre, sont les gloutons de ce fonds qu’ils sont appelés à dilapider encore jusqu’en 2024, sous couvert de contrats de service d’électricité a l’Etat. Et ce, depuis environ 10 ans avec d’autres contrats.

Grace au génie pécuniaire du groupe SOGENER/VERITE et avec une campagne de communication qui n’a d’égal que celle de la campagne de Martelly en 2011, on arrive à inventer après le #pushupchallenge de Dimitri Vorbe, un autre challenge autour des fonds Petrocaribe avec deux objectifs immédiats. Mater, à court terme, l’instinct de déchoquage des pilleurs centenaires et à long terme préparer une vague de nouveaux candidats aux prochaines élections. Ce serait trop facile.

Pour causes: Renforcer l’Alliance AAA/VERITE, neutraliser Lamothe, rentrer les rêves d’Eric Jean-Baptiste à l’approche de 2022. Tromper les jeunes et récupérer le pouvoir. Mais rien ne dit que ces jeunes accepteront des élections sous l’égide de ce système.

La cible est bien choisie. Car la majorité de la population lettrée avait déjà soif d’explications claires sur l’impact réel de l’utilisation de ce fonds en Haïti de 2008 à 2016. Le train est facilement lancé et bien huilé par les sous invisibles, aidée de proches (Gessica Généus de Don Kato, Pascale Solage de VERITE, Gaelle Bien-Aimé de VERITE et La loi de ma bouche de l’ancien candidat Jacky LUMARQUE et l’Université Quisqueya, pour mobiliser la jeunesse à travers twitter. Les voilà tous bien focus : #kotekobpetrocaribea

Mais, en plus, ces jeunes, tout aussi déterminés, qui s’expriment dans cette nouvelle mode ne sont pas nécessairement ceux qui cassaient tout ce qui bougeait dans les rues les 6 et 7 juillet dernier. Attention au transfert d’énergie! Ce jour-là, ce fut les oubliés de la providence. Ceux qui ne peuvent se payer une aspirine, qui divisent une boite d’allumettes en 4 parties pour la revendre, ceux qui sont rentrés pour la première fois dans un supermarché. Et ils représentent la vraie majorité. La vraie colère qui se couve.
PetroCaribe date de moins de 10 ans. Le pillage de ce pays par ses élites date de plus de 100 ans. Comment garder autant de focus sur un seul chapitre pendant longtemps? Les chiffres sont passés de 1.8 à 3.8 milliards dans le cadre de la campagne en cours. Mais personne ne questionne le groupe blackout pour les 12 millions par mois empochés par SOGENER depuis 10 ans. Les consignes sont claires. C’est à Lamothe et Mouche Leta que l’on s’adresse. Aussi longtemps que leurs pions en ligne ont le contrôle du discours, les élections de 2022 sont sous contrôle. Elections, s’il y en aura.

Après la vague PetroCaribe, cette énergie agitée dans les rues du pays redeviendra autonome et tellement de questions vont être posées avec force violence qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

Je me rappelle les premiers jours de la manif des jeunes à Jérémie en 1985. Dans les premiers cris, il n’a jamais été question de renvoyer un quelconque régime. Ni de tout déchouquer. On lançait plutôt des A bas, la Constitution, Vive l’Armée. On voulait simplement gouter un peu à cette démocratie que le président Jean-Claude lui-même n’arrêtait pas de souligner dans ses discours vers la deuxième révolution (La jeunesse au pouvoir, la révolution économique). Pourtant il aura emporté tout le régime jusqu’aux Forces Armées d’Haïti elles-mêmes.

Quid de ses nantis dont les comptes en banque sont ailleurs. Quid de ceux qui contrôlent warfs et ports, tout le commerce et qui encaissent des milliards tous les jours sans jamais investir un sou dans l’humain. Quid de tous ces monopoles qui étouffent. Quid du marché aux prix génocidaires des produits de base et de premières nécessités. Quid des trois coups d’état contre Aristide a chaque fois qu’il suggère dix centimes de conscience. Qui de la liste a déchouquer qui circulait avant et après le 7 juillet.

On aurait pu négocier cette page d’histoire qui va se tourner de toute maniere, en offrant un aller mieux aux populations, mais on a choisi de s’offrir en sacrifice par la diversion. Pauvre twitter. Pauvre WhatsApp. Avec la rentrée universitaire, les débats vont être beaucoup plus dégagés. C’est comme au temps de la chute du mur, aucune main ne pourra plus manipuler cette bête historique qu’on vient de lâcher. Disons après Sankara qu’ “On va devoir choisir entre le champagne pour quelques-uns ou de l’eau potable pour tous”.

Mennen koulèv la lekòl se yonn, fè l chita se de nan peyi sa.
MH/HA

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