« Il n’y a aucun doute là-dessus. Le corps dénommé Le police existe bel et bien », persistent et signent Jean Mary Salomon, Jean Gabriel Fortuné et Pierre Wednor Noël. Ils sont respectivement Commissaire du gouvernement des Cayes, ancien délégué départemental du sud de Michel Martelly et Directeur départemental des « Presses nationales » de ce ressort.
« Ce corps est formé de 110 membres environ. Ils reçoivent leurs chèques du ministère de l’intérieur dont ils disent être des employés. Ils ont pour rôle de combattre les anti-Martelly. Les empêcher de manifester contre le pouvoir en place. Neutraliser tout mouvement anti-gouvernemental », a indiqué Pierre Wednor Noël joint par téléphone.
Des officiels de mèche avec Le police
Le chef du parquet de la troisième ville du pays a, quant à lui, réaffirmé sa détermination de poursuivre, d’arrêter et de mettre hors d’état de nuire tous les membres de Le police qu’il qualifie de repris de Justice. « Certains d’entre eux sont déjà sous les verrous dont celui qui se fait appeler « colonel douze ». Je suis près à les traquer. Les bandits n’ont d’autres demeures que la prison. Ce n’est pas à une autorité de se mettre à couvert pour des malfrats. Mais à eux de prendre le maquis. Dans le cas contraire, ils seront appréhendés, jugés et écroués », maintient Maître Jean Mary Salomon, reconnaissant qu’ils sont à la solde de l’équipe en place.
« Des officiels du gouvernement dont Guyler Cius Delva sont de mèche avec les membres de Lepolice », a indiqué Me Pierre Wednor Noël, représentant régional de l’organisation dénommée Génération du changement global (GCG). Il s’est aussi montré très critique à l’égard du nouveau délégué départemental du sud du Président Martelly, Serge Chéry ayant récemment déclaré n’entretenir aucune relation avec ce corps armé parallèle à la Police nationale d’Haïti. Lepolice existe depuis environ six mois, si l’on en croit, l’animateur de l’émission « Ou gen la pawòl, vous avez la parole » sur Radio Dessalines FM émettant depuis la métropole du sud.
Cependant, Me Noël, un proche de Jean Gabriel Fortuné n’était pas en mesure de confirmer si les adhérents de Le police ont reçu des uniformes, des armes, des munitions et d’autres matériels spécialisés du gouvernement.
Un groupe de bandits
Par contre, le colonel Himmler Rébu refuse de parler de corps armé. Pour lui, il s’agit d’un groupe de bandits et de repris de justice, citant le chef de la poursuite judiciaire des cayes. « Un corps armé est une institution. Or, ces malfrats n’ont rien à voir avec une institution. Il s’agit d’un groupe de pression. Ce sont des mercenaires. Des chimères. Un corps ne se forme pas avec des bandits », a-t-il dénoncé. L’existence de groupes parallèles ont toujours été un piège pour les gouvernements qui les ont formés. « Les militaires ne l’on pas réussi avec les attachés. Les anciens Présidents Aristide et Préval non plus avec les chimères. Car l’Etat est contraire au banditisme », a-t-il rappelé déplorant que des membres du gouvernement soient favorables à la constitution d’un tel groupe.
Pour sortir de cette spirale que représentent ces voyous, recommande l’ancien commandant du « corps des Léopards », l’Etat doit créer des emplois et neutraliser les bandits.
Le pouvoir nie l’existence de Le police
En dépit des déclarations concordantes du commissaire du gouvernement des Cayes, Me Jean Mary Salomon et de plusieurs autres dirigeants de structures politiques relatives à la création de Lepolice, les officiels du gouvernement indexés continuent de se défendre. Le secrétaire à la communication a nié toute implication dans la mise sur pied d’un quelconque corps armé parallèle à la police ayant pour rôle de protéger l’actuel gouvernement contre toutes manœuvres déstabilisatrices. Serge chéry, de son côté, a affirmé que le gouvernement n’aurait pas toléré l’existence d’un corps paramilitaire. Des déclarations qui poussent Me Noël à présenter les membres de ce corps comme des victimes. Quand le pouvoir aura fini de les utiliser, il les éliminera, prévient Himmler Rébu, rappelant les cas de Ronald Cadavre, d’Amyot Métayer et d’Amaral Duclona…
Le police : un projet dictatorial ?
Pourtant, plusieurs personnalités dont le Premier sénateur du nord-est Jean Baptiste Bien-Aimé continuent de tirer la sonnette d’alarme sur la présence de cette bande armée qui, dit-il, est à la solde de l’équipe en place. La constitution de Lepolice témoigne, a déclaré le parlementaire, de la volonté du Président de la République d’instaurer un régime dictatorial dans le pays. Le représentant du département du nord au Sénat, parle, lui, de « milice rose ». Celle-ci a pour mission de réprimer tous les opposants au chef de l’Etat, a martelé Jean Charles Moise.
Dans un contexte où le pays fait face à de sérieux problèmes économiques, la priorité de l’Administration Martelly/Lamothe ne devrait pas être la formation d’un groupe de « chimères permanents », pense Himmler Rébu. Etre de connivence avec des criminels n’augure rien de bon pour le gouvernement. C’est un échec assuré. Car un pouvoir n’aura jamais assez d’argent pour continuer à financer de tels hommes, conclut l’ex- Membre des Forces Armées D’Haïti, espérant que l’institution policière ne s’en sorte affectée.