Le Parlement attend Daniel Rouzier

Le bureau de l'Assemblée nationale (de g.a.d: Saurel Jacinthe, Rodolphe Joazile, Francky Exius et Mélius Hyppolite) ouvre la session extraordinaire nécessaire à la ratification du choix du Premier ministre désigné

Le Nouvelliste: A l’issue de l’ouverture de la session extraordinaire convoquée par le président Michel Martelly, deux commissions spéciales ont été formées, mardi, au Sénat et à la Chambre des députés pour étudier le dossier du Premier ministre désigné, Daniel Gérard Rouzier. Parallèlement, une commission spéciale est diligentée pour clarifier les zones d’ombres de la version erronée de l’amendement constitutionnel. Retour sur une séance ouverte sur ton de réplique.
Haïti: La voie au processus de ratification du choix de Daniel Gérard Rouzier – Premier ministre désigné -, s’ouvre, mardi, sur un ton de réplique voire de polémique entre le Parlement et la présidence qui se sont brouillés au sujet de l’amendement constitutionnel. A l’ouverture de la session extraordinaire convoquée par le chef de l’État, le président de l’Assemblée nationale, Rodolphe Joazile, a tenu à défendre la version authentique du document qui n’a pas été publiée par l’exécutif dans Le Moniteur, journal officiel du pays, après avoir rapporté le document erroné publié sous l’ancienne présidence de René Préval. « Le bureau de l’Assemblée nationale a pris acte que le président de la République a rapporté le texte de l’amendement. La reproduction demandée n’est pas encore faite pour cause d’erreurs qui pourraient s’y glisser », a dit le sénateur Joazile dans un discours exprimant le mécontentement de ses collègues.

A l’issue de la clôture de la séance en Assemblée nationale, la Chambre des députés et le Sénat de la République se sont réunis séparément pour former les deux commissions spéciales chargées d’analyser le dossier du Premier ministre, Gérard Daniel Rouzier. La frustration du président de l’Assemblée nationale a trouvé écho dans l’assemblée des députés. « Les parlementaires sont sortis avec beaucoup d’humiliations », se lamente le député Dénius Francenet, mécontent lui aussi de la non-publication par le chef de l’Etat, Michel Martelly, de la version corrigée de l’amendement constitutionnel. Le représentant de l’Azile à la 49e législature, Gandy Dorfeuille, s’en prend, pour sa part, au bureau de l’Assemblée nationale qui a engagé des discussions avec le président de la République pour tenter de sauver l’amendement constitutionnel. « Le bureau doit tirer les conséquences et démissionner », a estimé le député de Saint-Louis du Sud. Au Grand corps, les Pères conscrits ne vont pas avec le dos de la cuillère. Une commission d’enquête a été diligentée pour fixer les responsabilités dans la publication de la version erronée de l’amendement.

Même si son fauteuil paraissait ébranlé, le président de l’Assemblée nationale croit encore en une possible publication de la version corrigée de l’amendement constitutionnel. « Nous sommes d’accord que des dispositions soient prises pour que dans le meilleur délai la publication de l’amendement soit faite dans le journal officiel Le Moniteur », a lancé le sénateur Joazile sur un ton mi menaçant mi complaisant. D’autant que, ajoute-il, les erreurs signalées (Ndlr : par le chef de l’Etat) aux articles 129.6 et 137 de la Constitution de 1987 amendée n’existent pas. Ces deux articles concernent particulièrement le poste de Premier ministre que l’entrepreneur Daniel Gérard Rouzier s’apprête à occuper. « Le pouvoir législatif peut prendre à l’endroit du Premier ministre plus d’un vote de censure par an, a rappelé le parlementaire. Cet article a été voté tel que formulé par l’Assemblé. Donc, on ne saurait parler d’erreur ».

Face à certaines prises de position qui pourraient entraver le bon fonctionnement du Parlement en tant qu’institution républicaine, lance l’ancien officier des Forces armées d’Haïti devenu président de l’Assemblée nationale, qui invite ses collègues à « rester sereins et à travailler avec un sens aigu de la responsabilité ». En attendant le député des Gonaïves, Sadrac Dieudonné ne nourrit pas d’espoir dans la publication de de l’amendement authentique du 9 mai. « Il faut que nous acceptions que la tentative d’amendement a échoué », a dit le parlementaire à la tribune de la Chambre des députés. C’est dans ce climat pour le moins agité que l’éventuel successeur de Jean-Max Bellerive à la Primature – siège du gouvernement – sera incessamment invité à déposer ses pièces qui seront passées au crible par les parlementaires.

Claude Gilles
gonaibo73@yahoo.fr

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