Après des heures de débats, parfois houleux souvent stériles, l’Assemblée des sénateurs a ratifié, mardi soir, le choix de Laurent Lamothe comme Premier ministre avec 19 voix pour, 3 contre et 1 abstention.
Haïti: « Je recommande à nouveau à l’Assemblée d’accorder un vote favorable au Premier ministre désigné », a lancé le sénateur Rodolphe Joazile, le président de la commission spéciale chargée d’analyser les pièces de Laurent Lamothe avant le vote. Même si certains membres de la commission n’ont pas signé le rapport, le sénateur Joazile estime qu’elle a réalisé un travail intéressant et de façon désintéressée.
Les doutes émis par les parlementaires opposés à la ratification du choix de Laurent Lamothe, dont Steven Benoît, Francky Exius, Andris Riché et Moïse Jean Charles n’ont pas porté la majorité acquise à la cause du Premier ministre désigné à faire volte-de-face. 19 sénateurs sur 23 ont suivi les recommandations de la commission sénatoriale spéciale qui réclamait un vote favorable à Laurent Lamothe en dépit des doutes sur sa nationalité haïtienne.
« Laurent Lamothe n’a pas vécu cinq ans consécutifs dans le pays », a avancé le sénateur Steven Benoît soulignant sans langue de bois que l’intéressé n’est pas éligible au poste de Premier ministre. D’après le sénateur de l’Ouest, Laurent Lamothe a choisi d’honorer ses redevances fiscales seulement le 9 mars dernier après sa nomination par le président Michel Martelly au poste de Premier ministre.
« Les arguments du sénateur Steven Benoît sont presque vides », a rétorqué le sénateur Joseph Lambert avant d’inviter l’Assemblée à ratifier le choix de Laurent Lamothe. « Il n’y a pas de loi qui dit à quel moment un citoyen doit faire sa demande de carte d’identification nationale », a ajouté le sénateur Youri Latortue pour répondre à son collègue Steven Benoît qui critiquait Laurent Lamothe pour avoir retiré sa CIN seulement le 22 août 2011.
Une proposition du sénateur Andris Riché demandant le report de la séance en vue de rencontrer le Premier ministre désigné sur les points d’ombre relevés dans son dossier a été rejetée par l’Assemblée. Des points que le sénateur Wencesclas Lambert a qualifié de détails qui ne peuvent pas influencer le vote favorable de la majorité à Laurent Lamothe.
Le sénateur Nènel Cassy est l’un des rares sénateurs en fin de mandat qui a partagé les doutes des sénateurs minoritaires sur le dossier de Laurent Lamothe. Il a exprimé ses regrets du fait que l’Assemblée n’a pas pu trouver un consensus sur certains dossiers qui vont engager l’avenir de la nation.
Son collègue des Nippes, Jean William Jeanty estime que les pouvoirs de l’Etat devraient trouver un consensus sur certains dossiers comme l’amendement de la Constitution et la question de l’Armée avant la séance de ratification du choix de Laurent Lamothe. « C’est ce qu’il fallait faire avant la séance d’aujourd’hui », a-t-il déclaré avant de souligner qu’il avait engagé en vain des démarches en ce sens auprès des sénateurs. « Je n’ai pas le courage de voter pour un Premier ministre dans de telles conditions », a-t-il conclu avant de laisser la salle de séance. Le sénateur Andris Riché avait lui aussi abandonné la séance. Moïse Jean-Charles, Steven Benoit et Francky Exius ont voté contre le choix tandis que Jean-Baptiste Biena-Aimé s’est abstenu.
Le bureau du Sénateur va dès demain informer le bureau de la Chambre des députés du vote favorable de l’Assemblée des sénateurs à Laurent Lamothe. Il revient maintenant aux députés de décider du sort du ministre des Affaires étrangères démissionnaire.
Jean Pharès Jérôme