Après la publication du calendrier électoral la semaine dernière, certaines plateformes et partis politiques entament des discussions visant à se faire représenter aux prochaines présidentielles. Sous peu, certains candidats aux élections présidentielles seront connus. La machine électorale semble manifestement mise en branle, malgré les bras de fer qui existent entre certains partis politiques de l’opposition et le CEP.
Charles Henri Baker | |
Edgar Leblanc | |
Joseph Lambert | |
Olicier Pieriche | |
Seuls ou sous le label d’un parti ou d’un regroupement politique, les candidats aux élections présidentielles prévues pour le 28 novembre se déclarent peu à peu. Selon une source concordante, dans les réunions de la plateforme présidentielle INITE, les noms suivants sont souvent cités comme intéressés et l’un d’entre-eux sera sans doute désigné pour représenter INITE aux présidentielles. Il s’agit: de l’ancien Premier ministre, Jacques Edouard Alexis ; du président de l’Assemblée nationale et ancien président de la 46e législature, le sénateur Kely C. Bastien, du ministre de la Justice et de la sécurité Paul Denis (dissident de l’Organisation du peuple en lutte, OPL et ancien candidat à la présidence de ce parti) ; le ministre de l’Agriculture, Joanas Gué ; du ministre des Affaires sociales, Yves Christalin, du directeur général du Centre national des équipements, Jude Célestin ; de l’actuel Premier ministre, Jean-Max Bellerive ; de la veuve du célèbre journaliste haïtien assassiné il y a dix ans de cela, Michèle Montas ; du conseiller du chef de l’Etat, Dimitri Vorbe et du sénateur Joseph Lambert…
Selon le sénateur Joseph Lambert, coordonnateur général de INITE, il n’y aura pas d’élection primaire au sein de la plateforme pour élire le candidat de l’organisation politique. « Nous priorisons une formule consensuelle autour de la personne qui va représenter la plateforme, a-t-il dit. Tous les partis formant la plateforme seront d’accord avec la personne désignée après discussions. Nous entamons des pourparlers avec divers secteurs de la société en vue de dégager une vision, un projet, un agenda et trouver la personne la plus apte à représenter la plateforme», a expliqué le parlementaire dans une interview accordée au Nouvelliste, ce lundi.
Interrogé sur l’influence du président de la République au sein de la plateforme, Joseph Lambert veut faire croire que René Préval est un membre de l’organisation qui ne cherche pas à influencer les décisions. Il faut pour l’histoire rappeler que le chef de l’Etat a eu à dire qu’il ne fait partie d’aucune structure politique alors que ce dernier venait d’être élu sous la bannière de la plateforme LESPWA transformée en INITE, qui est actuellement composée des partis Konbit Sudès, MIRN, MOP, Konba, d’une branche de l’Union et d’une branche de l’UNCRH.
Depuis la semaine dernière, a-t-il ajouté, les responsables de la plateforme INITE entreprennent des discussions avec les secteurs populaire, paysan, étudiant, le secteur privé des affaires, les CASEC, les ASEC et les maires qui sont proches de l’organisation sur le profil de leur éventuel candidat à la présidence. « Notre représentant doit être une personne qui charrie les revendications de la population, a avancé Joseph Lambert, comme pour citer le premier profil de l’aspirant. Ensuite, il doit être quelqu’un de confiance, respecté en Haïti comme à l’étranger. Le troisième critère pour être le représentant de l’INITE aux prochaines élections présidentielles consiste à maintenir la cohésion sociale au sein de la plateforme, a-t-il poursuivi. »
Respè, pour les élections malgré tout
Contrairement à d’autres organisations politiques pourfendeuses du pouvoir en place qui réclament le départ de René Préval et la dissolution du CEP, le leader du parti politique Respè, Charles Henri Baker, ne démord pas. Il ne veut pas laisser libre le champ au chef de l’Etat lors des élections, en dépit de ces profonds désaccords avec ce dernier. « Je ne vais pas donner le gain à ces ”vagabonds”. Nous irons aux élections à tous les niveaux », a-t-il martelé.
Selon lui, son parti est prêt à aller croiser le fer aux élections tout en continuant à dénoncer le peu de crédibilité du CEP de Gaillot Dorsinvil. Charles Henri Baker a appelé la population à prendre le chemin des urnes pour dire non à l’équipe en place. « Je demande à la population d’aller voter contre les candidats de INITE, donc contre le chef de l’Etat », a-t-il fulminé. Il a confié au journal qu’il ira faire le dépôt de sa candidature au CEP la semaine prochaine pour les présidentielles.
Dans cette interview accordée à Le Nouvelliste, l’ancien candidat à la présidence a reconnu le droit des autres partis qui ne veulent pas participer aux élections avec René Préval encore moins avec ce CEP.
L’émergence de nouveaux candidats à la présidence
Parallèlement, d’autres partis moins connus sur l’échiquier politique se sont fait enregistrer ce lundi au CEP pour participer aux élections présidentielles. C’est le cas pour l’organisation politique Reconstruire Haïti (RH-PREH). Selon le principal responsable de ce parti, le pasteur Olicier Pieriche, des pourparlers vont bon train afin d’envoyer un candidat unique qui représentera le secteur protestant aux élections présidentielles.
« Nous avons eu plusieurs rencontres avec Me Osner Févry et les pasteurs Luc Mesadieu et Chavannes Jeune afin de désigner un candidat unique pour le secteur protestant », a-t-il révélé. Interrogé sur la crédibilité du CEP, Olicier Pieriche dit prendre au mot les conseillers qui promettent de réaliser des élections libres, honnêtes et démocratiques.
Olicier Pieriche part en guerre contre tous ceux qui réclament le départ de René Préval. Il les accuse d’opportunistes. « Ils veulent profiter du vide que va créer le départ du chef de l’Etat pour faire leur beurre, a-t-il estimé. Nous, nous croyons aux alternances politiques. Le président René Préval partira le 7 février 2011 et sera remplacé par un président élu démocratiquement. »
L’opposition n’en démord pas
Par ailleurs, l’aile dure de l’opposition campe sur sa position. René Préval et le CEP de Gaillot Dorsinvil doivent plier bagage, condition sine qua non de leur participation aux élections. Selon l’un des responsables de la plateforme politique Alternative, Edgar Leblanc Fils, l’organisation maintient fermement sa position initiale et va renforcer les mobilisations.
Interviewé par Le Nouvelliste, le responsable politique dément énergique les rumeurs faisant croire que l’Alternative serait en discussion avec l’ambassadeur d’Haïti auprès de l’OEA, Duly Brutus ou l’ancien Premier ministre Rosny Smarth comme éventuel représentant du parti aux élections présidentielles. « Je m’inscris en faux contre cette rumeur, a martelé l’ancien sénateur de la Grande Anse. Nous sommes très loin de la phase de désignation de candidat pour les présidentielles. Notre position reste et demeure le renvoi du CEP et le départ de René Préval, a-t-il ajouté. »
Selon M. Leblanc, l’Alternative se propose de rencontrer cette semaine les autres partis de l’opposition et les candidats de la plateforme. Sur la publication du calendrier électoral, il a estimé que ce calendrier est un document présidentiel. « Ce calendrier n’a jamais fait l’objet de discussions », a-t-il dit.
Robenson Geffrard
rgeffrard@lenouveliste.com