DES CHIENS QUI ABOIENT ET DES CARAVANES QUI PASSENT

(EN RÉPONSE À EDMOND MULLET)

“Si le silence des peuples est la leçon des rois, la résignation du condamné est la leçon de l’accusateur”

Henri Rochefort

Après avoir entendu les propos farfelus d’un certain Edmond Mullet, notre devoir de citoyen nous commande de descendre dans l’arène pour réorienter dans le sens de l’acceptable, l’issue du combat bi-séculaire mené par le peuple haïtien. C’est là un euphémisme dont on pourrait bien se passer car, ce combat est plutôt millénaire.Aucun livre d’histoire, de sociologie ou d’anthropologie ne parle d’une ère de suprématie de la race noire en dehors de la civilisation Egyptienne dont les réalisations continuent à alimenter les conversations folkloriques par le biais du septième art.Pendant ce temps, comme dans une sorte d’élan suicidaire, un pays agonise en se jetant tête baissée dans l’abîme.Edmond Mullet est arrivé au pays comme marée en carême sur l’invitation de dirigeants haïtiens qui , après avoir initié la démarche d’auto-destruction ont poussé l’aberration jusqu’à l’absurde, en ajoutant l’injure de la trahison à l’insulte de l’occupation. Et depuis, nous voici, de Charibe en Scylla, en train d’offrir au monde civilisé un spectacle où se retrouve absente toute velléité d’un dialogue de l’intelligence.

À voir ce qui se passe aujourd’hui,à l’intérieur comme à l’extérieur d’Haïti, on est tenté de croire que nous avons perdu tout sens de la mesure et de la décence. Mais dans cette déperdition économique, sociale et historique, nous avons fini par attirer sur nous tout le mépris et toute l’arrogance de la Communauté Internationale, y compris ces petits rochers de la Caraïbe.Ce faisant,nous sommes amenés à réveiller chez la première et les autres suivistes, qui, hier encore, étaient confrontés à des problèmes analogues aux nôtres les vieux démons du colonialisme: le Brésil avec ses tristement escadrons de la mort; le Chili avec son Augusto Pinochet; le Pakistan avec son Perez Mousharaf issu d’un coup d’état condamné par le monde entier et … tutti quanti.

C’est malheureusement à ces États très peu vertueux qu’on a confié la mission de civiliser un peuple de barbares, de prendre en charge une société balkanisée, atomisée, animalisée.Mais qu’on s’en souvienne! Les escadrons de la mort sont parvenus à vider les favellas du Brésil de leurs” chimères irrécupérables”. Au terme de 17 ans d’un pouvoir inconditionnel, Pinochet a extirpé des mœurs Chiliennes le virus du Communisme International et lancé son pays sur les voies du développement: ce qui lui a valu une retraite complaisante malgré les crimes qu’on lui reproche et ses nombreux démêlés avec la justice. Au nom de quel principe a-t-on fait choix de ces pays pour “rétablir la démocratie” en Haïti. Dans ce pays où règnent en souveraines absolues le kidnapping (tout à fait étrangerà nos moeurs), la corruption et l’insécurité, le peuple haïtien dans son ensemble en est encore à questionner la pertinence des contingents armés de la MINUSTAH.

Coluche disait que: “les erreurs sont la porte de la découverte”. Mais dans le cas d’Haïti, elles ressemblent étrangement à un exercice répétitif où le crétinisme et la stupidité s’allient aux ressentiments les plus bas pour enfanter des monstruosités, des élucubrations dans un espace d’immoralité jamais vue dans notre pays. Il importe de se rappeler qu’un pays est à l’image de ses élites. Quand la malpropreté coule de haut, elle éclabousse toutes les entités qui se trouvent en bas. En un mot, l’alliance morganatique entre deux dirigeants de formation inégale et de parcours parallèle, Préval-Président et Mullet-Pro-Consul ne pouvaient qu’induire à plus ou moins long terme cette bouffonnerie à laquelle nous assistons et dont le pays fait les frais. Après la longue excursion du premier dans le sanctuaire du dernier, des années de docilité, de servilité, il est compréhensible que Préval reçoive sa récompense pour sa survie politique tout en se révélant totalement indigne du poste que ses commettants internationaux et non le peuple haïtien lui ont confié. L’ennui,comme le souligne Sennep, avec les hommes politiques c’est qu’on croit faire leur caricature, alors qu’on fait leur portrait.Et c’est un peu ,en définitive, ce qui dérange le Mullet qui ne comprend pas qu’on ne peut plus s’attarder à assister au spectacle dégradant de touristes-occupants plus proches des plaisirs du ventre et du bas-ventre que leur procure leur séjour inopiné dans un pays en ruine.

L’histoire n’est jamais la somme de ce qu’ont fait les hommes d’autrefois , mais ce que continuent de faire les contemporains dixit Claude Roy. L’haitien, au bout de ses peines, se demande quotidiennement à quoi sert le démantèlement de ses FORCES ARMÉES et qu’est-ce qui justifie la présence de la Minustah? Ils y sont en s’abstenant de mettre un terme à l’insécurité environnementale. Ils y sont sans projet concret ou défini sauf celui de cautionner le coup d’état électoral. Quelle est ,nom de Dieu, la véritable mission de ces hommes en treillis de combat accoquinés à des citoyens indignes et corrompus, sans vision et sans dessein?Pour mettre un terme à l’escalade de propos mal choisis,à la corruption généralisée,à l’insécurité multipolaire qui frappe Haïti depuis trop longtemps,à ce crime de lèse-patrie du dimanche 28 Novembre, la communauté internationale gagnerait au change en se décidant à aider véritablement le pays qui en a grand besoin ou bien l’abandonner à son sort avec la certitude sinon l’espoir que les lois naturelles joueront une fois de plus en faveur de l’établissement d’un gouvernement responsable de notables honnêtes et patriotes. Car, avec le ras- le- bol généralisé,tous les deux Préval et Mullet , doivent partir, l’un, pour être complètement au-dessous de sa charge, l’autre, personna non grata,pour avoir fait preuve de duplicité et d’arrogance dans l’accomplissement de sa mission.

Aujourd’hui, tout porte à croire que les institutions super-étatiques ont tout perdu de leur influence et de leur capacité à trouver des solutions aux problèmes du monde ou d’une partie du monde.Tout porte à croire qu’elles ne répondent plus aux besoins pour lesquels on les avait prévues.Dans un cas comme dans l’autre, il ne leur reste qu’à mettre les clés sous la porte et à dire simplement”A D’AUTRES”.. A ce stade des propos, puisse la raison raisonnante mettre un terme à cette malencontreuse vente aux enchères organisée au détriment du pays par ses fils apparamment les plus éclairés! Puisse-t-elle enfin sonner le glas des turpitudes nationales!

Jean L. Théagène

Président de l’Union Nationale des

Démocrates Haïtiens

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