De la légitimité de l’opposition radicale en Haïti

Dec 27 10:22AM -0500

Depuis le début de cette crise construite sur des médias haïtiens, des
intervenants comme Moise Jean-Charles, André Michel, Newton Saint-Juste,
Arnel Bélizaire et Turneb Delpé parlent comme les maitres d’Haïti. On
dirait qu’Haïti est devenue une propriété privée et que les haïtiens sont
les sujets de ces propriétaires qui décident de leur avenir en Maitres et
Seigneurs. Ils font peu de cas de l’opinion publique et des intérêts des
secteurs qui composent cette nation haïtienne.

A la faculté de droit, on établit la différence entre légitimité au sens
strict (juridique) et légitimé au sens large (sociologique). La légitimité
au sens strict fait référence à la loi, à la procédure juridicolégale et/ou
institutionnelle, tandis qu’au sens large on voit adhésion, opinion
favorable, support, estime.

Dans une démocratie, les élections constituent le mécanisme procédural
constitutionnel adopté par référendum pour transformer les opinions
favorables en légitimité légale habilitée à exercer le pouvoir et à décider
de l’avenir de la nation.

Avec des leaders auto-proclamés comme André Michel, Moise Jean-Charles,
Newton Saint-Juste, Turneb Delplé, Arnel Bélizaire, le jeu démocratique ne
fonctionne plus.

Un comportement qu’on peut facilement comprendre si l’on analyse le
parcours idéologique de ces hommes. Ce sont des gens formés ou influencés
par l’école soviétique. Ils n’ont aucune autre référence que les notions
apprises dans les manuels soviétiques qui prônaient le rejet de l’ETAT
BOURGEOIS donc la non reconnaissance des institutions existantes dans une
démocratie représentative; l’adoption du PARTI UNIQUE; le remplacement des
électeurs d’une « démocratie représentative » par des militants du PARTI
UNIQUE de la « démocratie directe communiste»; les élections à suffrage
universel n’ont plus d’importance devant les décisions du PARTI UNIQUE;
aucune considération pour l’économie nationale qui, selon eux, est une
économie bourgeoise à détruire ; la justice n’est qu’un instrument de la
bourgeoisie qu’il faut affaiblir à tout prix…- ce qui explique l’inondation
du système judiciaire haïtien par leurs plaintes sans fondement, alors
qu’ils dénoncent l’instrumentalisation de la justice contre eux. Pour ces
anciens bolchevistes, la crise actuelle offre l’opportunité de bloquer le
système bourgeois, le capital étranger qui arrive en Haïti; alors, ne
comptez pas sur eux pour une solution de sortie de crise.

Ce vendredi 26 décembre 2014, à chaque fois que le journaliste Valéry Numa
fait référence à l’incapacité de ces leaders et groupes politiques de se
faire élire lors des élections, Turneb Delpé rappelle qu’il a reçu un
mandat des militants du MOPOD qui l’ont choisi lors d’une élection tenue à
l’intérieur du parti. On se souvient que sous la présidence d’Aristide, le
parti Fanmi Lavalas avait plus d’importance qu’Haïti. On acceptait que tout
soit détruit pour défendre les intérêts du parti. Selon, la justice
haïtienne, Jean Dominique a perdu sa vie dans cette logique.

Là, se joue toute les velléités dictatoriales de ces apprentis
révolutionnaires nostalgiques, incapables d’évoluer dans une démocratie
représentative. Ils veulent tous nous imposer leur dictat en brandissant
une organisation de militants qu’ils cherchent à placer au-dessus de la
nation. Mais, cela ne marche pas comme ça, dans la démocratie adoptée par
le peuple haïtien en mars 1987 !

De plus, tous ces extrémistes ont comme objectif de refonder la nation,
reconstruire l’Etat. Un projet caché derrière l’idéale dessalinien. Car,
ils comprennent bien qu’en ce 21e siècle, on ne saurait parler de
révolution communiste de type bolchevique. Mais, le mot est là. Il est un
peu atténué par le vocable PACIFIQUE. Ils veulent faire en Haïti une
révolution pacifique. Une révolution à l’effigie de Vladimir Putin, ce
grand révisionniste russe du 21e siècle, ancien colonel du KGB, leader de
tous les âmes nostalgiques dont on voit déjà les photos dans les
manifestations en Haïti.

Sur le plan philosophique, ces hommes sont des «volontaristes ». Ce sont
des utopistes qui pensent qu’il suffit que des leaders de bonne volonté
acceptent de construire un beau projet pour Haïti et notre pays sortira du
sous développement. Miracle attendu de la “Volonté Révolutionnaire”.

Ce qui est faux !

Car, on a vu échoués, plein de projets construits par des gens de bonne
volonté, sans atteindre les résultats escomptés. Le plus grand exemple du
siècle passé est la faillite de l’URSS. Ces projets révolutionnaires n’ont
effet servi qu’à justifier la dictature du parti unique et d’un petit
groupe de militants privilégiés devenus riches au nom de la justice
sociale. Moi, je fais confiance aux entreprises, à des initiatives privées,
au marché réellement libre, à un mécanisme étatique de redistribution en
faveur des plus faibles. Je me méfie des hommes de bonne volonté, des
SAUVEURS ou PAPA BON COEUR. Car historiquement, les sauveurs finissent
toujours par s’enrichir au nom du peuple et/ou par abuser les faibles.
Donc, vu que l’approche VOLONTARISTE ne retrouvera pas l’adhésion de plus
d’un, il sera difficile d’imposer ce point de vue sans exercer la violence.
Ils sont bien obligés de terroriser la population et se livrant à des actes
de violence et de sabotage après chaque manifestation.

Des leaders comme Turneb Delpé, Moise Jean-Charles, André Michel, Newton
Saint-Juste et Arnel Bélizaire doivent répondre aux questions suivantes :
Sont-ils des démocrates ? D’où, puisent-ils leur légitimité ? Avec quel
mandat pensent-ils agir en voulant imposer à la nation leur approche
inconstitutionnelle d’organiser un coup d’Etat et de tout chambarder? Là
encore, nous sommes devant une pratique connue chez les extrémistes de
gauche qui ne voient le « changement » qu’à partir d’un Coup d’Etat. Pour
eux, dégager une majorité au sein d’une institution étatique c’est la
vassaliser. Ils ont besoin d’être recyclés.

En fin d’interview au micro de Valéry Numa, Turneb Delpé explique la
décision du MOPOD de renvoyer la manif prévue pour ce 26 décembre par le
fait qu’il leur était impossible d’en informer le public à travers les
médias, 25 décembre étant jour férié en Haïti. Conclusion, les médias
haïtiens constituent l’élément déterminant du dispositif de ces
extrémistes, ces apprentis révolutionnaires nostalgiques, qui prennent le
pays en otage, au mépris de la Constitution et de la volonté de la
population haïtienne.

Cyrus Sibert, Cap-Haïtien, Haïti
26 décembre 2014
reseaucitadelle@yahoo.fr

De la légitimité de l’opposition radicale en Haïti.- (Texte de Cyrus Sibert)
<http://reseaucitadelle.blogspot.com/2014/12/de-la-legitimite-de-lopposition_86.html>

<http://3.bp.blogspot.com/-VS6VHBRq6w4/VJ7LZM9KRcI/AAAAAAAAM08/-V_nADitrTc/s1600/g-10407-798906.jpg>
L’interview de Dr Turneb Delpé sur Radio Vision2000, ce vendredi 26
décembre 2014, renforce un point important dans l’analyse de la conjoncture
haïtienne : La notion de légitimité !

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1 thought on “De la légitimité de l’opposition radicale en Haïti

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