Dans l’attente de la teneur de l’ordonnance du juge d’instruction

La nouvelliste:Haïti: – Dans l’attente de la sortie de l’ordonnance de clôture de l’instruction du dossier de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier par le juge Carvès Jean, les états d’esprit au sein des organisations de défense des droits humains sont partagés, relève l’agence en ligne AlterPresse.

A l’audition de l’inculpé Duvalier le 20 janvier dernier, le juge d’instruction avait promis de rendre publique son ordonnance de clôture le 27 janvier 2012.

« Tenant compte de la corruption du système judiciaire, de la carte blanche donnée à l’impunité par le pouvoir de Martelly, on est en droit d’être sceptique sur la sortie d’une ordonnance en faveur de victimes (ordonnance de renvoi) » s’inquiète Guy Numa, membre de la coordination du mouvman demokratik popilè (Modep / mouvement démocratique populaire).

Dans une note de presse en date du 23 janvier 2012, le Modep déplore que Duvalier puisse circuler librement, alors que les victimes doivent se terrer, car l’impunité est à l’honneur grâce à la complicité du président Martelly.

Le Modep met en garde contre une éventuelle amnistie du dictateur.

« Il faut que Duvalier paie pour ses actions. Pas question d’amnistier un sanguinaire, criminel dictateur de sa trempe sur la base d’un illusoire discours de réconciliation nationale » s’insurge-t-il.

Au même titre que le Modep, la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) dénonce toute forme d’amnistie de l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier en utilisant la réconciliation nationale comme excuse.

Le secrétaire exécutif de la Pohdh, Antonal Mortimé, se montre toutefois très confiant.

« Je suis très optimiste et je crois encore dans le minimum qui reste de la justice haïtienne. J’attends donc une ordonnance de renvoi du juge Carvès Jean », rassure Mortimé.

La Pohdh s’insurge contre la campagne d’intimidation, lancée contre le juge d’instruction par les avocats de l’ex-dictateur et ses partisans proches du pouvoir actuel.

« Ces avocats ont lu le droit international à l’envers sur la question des prescriptions », signale la Pohdh.

Dans une récente lettre ouverte au président de la république, Michel Joseph Martelly, plusieurs organisations et victimes du régime des Duvalier exigent le jugement du dictateur pour crimes contre l’humanité et détournements de fonds.

« Qui a ordonné de remettre à Jean-Claude Duvalier les biens qu’il a acquis au prix du sang des Haïtiens et des Haïtiennes ? Comment accepter que lui soit payée une pension, comme s’il avait été un bon président ayant servi la patrie avec honneur et probité ? » demandent-elles à Martelly.

Le jugement de Duvalier « est le message tant attendu, sans équivoque, de la volonté de mettre fin à l’impunité, condition sine qua non de la refondation/reconstruction nationale » écrivent-elles.

Entre inquiétude, doutes, révolte, optimisme, confiance chez les victimes ou les partisans de Duvalier, le président Martelly glisse les mots ” pardon et réconciliation”, dans une interview accordée le 26 janvier 2012 à l’agence de presse américaine Associated Press

En attendant, que décidera le juge Carvès Jean ce 27 janvier 2012 : renvoi ou non-lieu ?

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