Chèf !

Le Nouveliste:

Chèf !

Haïti: Un parlementaire ou son chauffeur, voire son agent de sécurité, en conflit avec un policier, je ne comprends pas! Moi, simple citoyen, je ne vois pas comment je me trouverais en conflit direct avec un policier. Si je violais une loi, je serais obligé d’obéir à l’injonction d’un policier, quitte à avoir ensuite recours aux services d’un avocat. Si je devenais parlementaire, je ne vois pas non plus dans quelle circonstance je me trouverais en conflit avec des agents de police. M pa gen foli chèf. Je n’engagerais jamais un chauffeur ki li menm gen foli chèf. Je n’accepterais ni de brûler feu rouge, ni de me servir d’une sirène – à laquelle je n’ai pas droit – pour ne pas poireauter dans un embouteillage. Mais comme m’a répliqué ma mère, qui se ressemble s’assemble. Celui qui a la folie du chef, celui qui ne pense qu’à jouir de ses privilèges n’engagera que quelqu’un qui lui ressemble. On comprend pourquoi alors on peut trouver des parlementaires en conflit avec des policiers. La plupart de nos parlementaires n’ont pas le niveau pour la fonction. Ils font semblant d’être parlementaires, mais ils sont là pour d’autres choses. L’essentiel c’est le kale kò, s’affirmer partout comme chef. On comprend facilement comment on peut se retrouver en conflit avec des policiers, surtout sur la route. Ces parlementaires ne comprennent même pas la notion de l’immunité qui ne signifie pour eux qu’un privilège, un attribut supplémentaire du chef.

C’est incroyable, comment en 2012, nous, Haïtiens, sommes toujours en proie à la maladie du chef. Dans un pays mal géré, où des gens sans aucune compréhension de notre idiosyncrasie nous ont donné une Constitution complètement inadaptée à notre réalité, nos tares s’affichent de plus en plus au grand jour. Ce qui nous fait comprendre que le mal duvaliérien, qui subsiste très fort jusqu’à aujourd’hui, n’est que la manifestation d’une pourriture au dernier stade de notre mental. On est effaré, par exemple ,quand on entend un hurluberlu déclarer qu’il a tous les droits, dans une administration où il n’aurait jamais dû mettre les pieds, parce qu’il est « conseiller politique » du président. Voici un pays où l’unique route qui va de Port-au-Prince à la frontière peut être bloquée à cause de la bêtise de quelques individus. La route nationale # 2 de même. Est-ce que nos politiciens, nos affairistes, n’ont pas intérêt au non- fonctionnement de notre police nationale ? Comment nous, simples citoyens, pouvons-nous sentir en sécurité quand des truands en tout genre peuvent s’attaquer aussi impunément à nos policiers ?

Chèf ! Lunette noire, levit, zam, oto vit fime, sirèn, klaksòn, lajan, fanm ! On revient, lentement mais sûrement, à une période noire de notre histoire, avec comme toile de fond une montée arrogante de l’ignorance à tous les niveaux. Le mépris de la vie humaine s’affiche. La corruption est telle que même le chef de l’Etat ose dire que ce n’est pas cette petite somme qu’il aurait acceptée. Les choses les plus choquantes sont considérées ici comme étant la norme. Nous faisons eau de toutes parts aussi parce que nous acceptons sans rechigner les diktats de l’étranger. Pour des pitances qu’on nous offre. Alors que, dans un autre contexte de gouvernance où la corruption serait en partie sous contrôle, avec la totalité des taxes sur les propriétés bâties on pourrait dépasser largement l’aide offerte par la communauté internationale qui se satisfait bien de notre bêtise et de notre nanisme.
Sur l’une de nos îles adjacentes on devrait bâtir de grands centres psychiatriques. Je plaide constamment pour que les Nations unies nous envoient quelques milliers de psychiatres. Les premiers qu’on devrait enfermer et traiter dans ce centre sont les responsables haïtiens à tous les niveaux, qui ont pensé à installer ce campus universitaire à Limonade. Il y a ceux aussi qui ont pensé à cette procédure absurde pour la ratification d’un Premier ministre avec les mêmes étapes dans deux Chambres séparément.
Si on continue ce petit exercice, une seule île ne suffirait pas.
Il y a de quoi s’arracher les cheveux !< Gary Victor<

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1 thought on “Chèf !

  1. And we must question why a wounded PNH officer was transported from Martissant to a clinic in Delmas…this journey allowing time for him to be dead.

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