Depuis l’escalade de violence qui a éclaté à la fin février dernier, la situation économique et sociale en Haïti ne cesse de se dégrader. En première ligne de cette crise, les banques commerciales du pays peinent à servir convenablement leurs clients, plongeant la population dans un désarroi grandissant.
Ces dernières semaines, les témoignages de clients frustrés et désespérés se multiplient. Les banques, confrontées à des défis logistiques et sécuritaires, n’octroient même plus de retraits de 100 dollars américains. Cette mesure drastique oblige les citoyens à choisir entre des billets verts usés et inutilisables sur le marché, ajoutant une nouvelle couche de complexité à leur quotidien déjà éprouvant.
« C’est inadmissible ! » s’indigne Jean-Pierre, un client de longue date d’une grande banque de Port-au-Prince. « Je suis venu retirer une somme modique pour subvenir à mes besoins quotidiens, et on me propose des billets en si mauvais état que personne ne les accepte. C’est comme si notre argent n’avait plus aucune valeur. »
Face à cette situation, les autorités financières du pays, notamment la Banque de la République d’Haïti (BRH) et l’Association Professionnelle des Banques (APB), brillent par leur silence. Aucune déclaration officielle n’a été faite pour rassurer les citoyens ou proposer des solutions concrètes à cette crise bancaire. Ce mutisme des institutions responsables laisse perplexe et renforce le sentiment d’abandon parmi la population.
Les analystes économiques tirent la sonnette d’alarme. Selon eux, le manque de liquidités et la mauvaise gestion des devises sont symptomatiques d’une économie en chute libre, exacerbée par l’insécurité et l’instabilité politique. « Nous assistons à une spirale descendante où l’incapacité des banques à fournir des services de base alimente la méfiance et la panique parmi les citoyens, ce qui aggrave encore la situation économique », explique une economiste.
Dans ce contexte, les initiatives pour remédier à la situation sont urgentes. Les citoyens appellent de leurs vœux des actions concrètes de la part des autorités financières et des responsables gouvernementaux. L’introduction de nouvelles politiques monétaires, une meilleure gestion des réserves de devises et une transparence accrue dans la communication sont parmi les mesures suggérées pour sortir de cette impasse.
En attendant, la population continue de faire face à une réalité difficile, jonglant avec des billets dégradés et une incertitude économique croissante. Les files d’attente devant les banques s’allongent chaque jour, témoignant d’un système financier à bout de souffle et de citoyens en quête d’une lueur d’espoir.