Dans un discours historique prononcé ce jeudi, le président français Emmanuel Macron a reconnu une « injustice initiale » infligée à Haïti au lendemain de son indépendance. Cette reconnaissance intervient à l’occasion du bicentenaire de l’ordonnance du roi Charles X, datée de 1825, par laquelle la France imposait à la jeune République d’Haïti une indemnité colossale de 150 millions de francs-or en échange de la reconnaissance de sa souveraineté.
« Cette indemnité, exigée par la France, a représenté un fardeau économique, politique et moral pour le peuple haïtien. Elle a freiné le développement d’une nation libre, née d’un combat héroïque contre l’esclavage », a déclaré Emmanuel Macron. En soulignant la gravité de cette décision historique, le chef de l’État a plaidé pour un travail de mémoire lucide et rigoureux, nécessaire selon lui pour éclairer les conséquences durables de ce passé colonial.
Le président a salué les idéaux communs portés par les révolutions française et haïtienne, toutes deux éprises de liberté, d’égalité et de fraternité, tout en reconnaissant que ces valeurs n’avaient pas toujours été respectées dans les actes. « Reconnaître la vérité de l’Histoire offre aux Nations la chance exceptionnelle de se bâtir un avenir commun », a-t-il affirmé, dans une volonté manifeste d’ouverture et de réconciliation.
Dans cette dynamique, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une commission mixte franco-haïtienne. Cette instance aura pour mission d’analyser en profondeur l’impact de l’indemnité de 1825 et de formuler des recommandations concrètes en vue de renforcer les relations entre les deux pays, sur la base d’un dialogue apaisé et équitable.
Même S’il n’a pas évoqué explicitement l’idée de réparations financières, sujet sensible et complexe, le président français a toutefois réaffirmé le soutien de la France à Haïti. Il a promis une coopération renforcée dans des domaines clés tels que l’éducation, la santé, la culture et le développement durable.
Cette déclaration marque un tournant important dans les relations franco-haïtiennes, et pourrait ouvrir la voie à un débat élargi sur la mémoire coloniale, les responsabilités historiques et les réparations morales et financières attendues depuis longtemps par les descendants des peuples colonisés.