J’ai bien lu les critiques sur Michaëlle Jean, à mon avis, l’ancienne Gouverneure du Canada n’a pas à rendre compte aux Haïtiens sur sa performance en qualité de Gouverneure du Canada qui, comme tout le monde sait est très symbolique et ne détient pas un réel pouvoir puisqu’elle était simplement une représentante de la Reine d’Angleterre. Les Canadiens, parait-il n’ont aucune objection à ce qu’ils paient leurs impôts à l’Angleterre en tant que pays membre du « Commonwealth ». La Gouverneure qui représentait plutôt les intérêts du Canada et de ceux de la Reine ne pouvait outrepasser les prérogatives du Premier Ministre Canadien qui est le dirigeant du pays. En outre, même si Michaëlle Jean aurait influencé la politique étrangère du Canada vis-à-vis Haïti en faveur des projets précis, nul ne le saurait car contrairement à Haïti, ces pays ont des structures. Il existe une agence Canadienne de Développement qui se charge des projets de développement pour les pays en voie de développement dont Haïti. Donc tout effort de la part de Michaëlle se traduirait dans les priorités de l’ACDI car toute action porte le nom du Gouvernement comme bailleur et l’ACDI comme exécuteur et non pas Michaëlle Jean. Avons-nous fait notre devoir de recherche pour avoir la liste des projets financés par l’ACDI durant tout le règne de la Gouverneure, vraisemblablement non. Le Canada, avait-il respecté son engagement d’honorer la contribution promise à l’issue de la réunion des bailleurs dans le cadre de la reconstruction, oui car ce pays aurait versé $386,847,195 de dollars comme il l’avait annoncé. Par contre, ce ne serait pas étonnant de constater qu’un fort pourcentage de ces fonds passe par l’ACDI, pour payer des fonctionnaires Canadiens et pour des projets gérés par des ONGs Canadiennes. L’aide au développement est structurée d’une autre manière et Michaele Jean n’a aucun pouvoir pour défaire la donne.
Les fonds de la reconstruction ne servent pas à reconstruire Port-au-Prince, soit les édifices du gouvernement effondrées ainsi que le centre-ville. Nulle part dans les priorités des projets de la reconstruction, ceci est mentionné. Les objectifs du fond pour la reconstruction consistent à mettre en place des structures pouvant permettre au pays de redémarrer. En d’autres termes, les priorités sont surtout de renforcer les capacités institutionnelles et d’améliorer les conditions de vie du peuple haïtien et aussi de créer les conditions pour que le développement économique à long terme d’Haïti soit entamé. Il reste à traduire ces objectifs en résultats concrets, c’est le plus grand défi de l’aide. C’est ce que j’ai pigé dans le document qui a été présenté à la réunion des bailleurs. Notons les grands axes de cette soi-disant reconstruction :
1. Renforcement des Capacités
2. Enlèvement des Débris
3. Education
4. Energie
5. Santé
6. Logement et Abris
7. Création d’Emplois
8. Eau et Assainissement
Demandons des comptes sur chacun de ces volets, à savoir en quoi consiste ce renforcement des capacités lorsque ceux qui mènent la barque sont des élus pour la plupart dans un processus qui ne tienne pas compte des compétences. Quel est le pourcentage du budget qui est alloué au renforcement des capacités et quel bailleur s’intéresse à ce volet ? Ne serait-il pas mieux qu’au lieu de passer 50 ans à renforcer les capacités pour se retrouver toujours au même point de départ, de mettre l’accent sur les capacités existantes et celles qui fuient le pays faute d’encadrement à la place de ces élections couteuses. Ces processus démocratiques sans fin qui échouent au niveau de la gouvernance ne peuvent pas avoir plus de poids que le bien-être humain qui n’en profite pas d’eux.
Au niveau de l’éducation, je crois comprendre que la BID avait approuvé 674 millions de dollars pour la réforme de l’éducation, somme qui devait être exécutée par le Ministère de l’Education pourtant le Président a du prélever des taxes sur les appels téléphoniques pour lancer son programme d’éducation pour tous et Fernandez est celui qui a donné en cadeau un campus universitaire ultra moderne au pays.
En matière de santé, il n’y a que les Cubains entre autres qui ont le mérite d’avoir apporté un très grand secours au peuple Haïtien avec leurs maigres moyens. Cette assistance, on en parle à peine. Curieusement, l’aide des grandes puissances n’est jamais visible sauf dans leurs rapports ou les chiffres contredisent les résultats sur le terrain. Les Haïtiens deviennent de plus en plus conscients du mystère de l’aide, cela ne peut plus durer. Le point No. 6 jusqu’ici n’est pas exécuté deux ans après le séisme alors que L’Université construite par Fernandez a été réalisée en moins d’un an. On peut conclure en toute franchise que ou bien on se moque de nous, ou bien nous nous moquons de nous-mêmes.
Le Venezuela est le plus grand contributeur à la reconstruction du pays, avec une promesse de contribution à hauteur de $2,4 billion alors que l’aide des Etats Unis d’Amérique s’élève à $1,2 billion. En plus de cette contribution, le Venezuela a fait don de 12 Générateurs électrique KVA, 2500 Radio Torches, 16,000 lits et 16,000 matelas (IN KIND). Le Canada, avec une contribution de $ 386 million a été plus généreux que la France dont la contribution est de 256 million. A noter que les versements se font sur une base annuelle. Ce qui me chiffonne, c’est qu’à part quelques grandes ONGs (Médecins sans Frontières) ou Agence de Développement (USAID, ACDI) qui financent et exécutent eux-mêmes leurs projets, beaucoup de projets (infrastructures, Education, environnement, Agriculture) approuvés par le CIRH sont rattachés à un Ministère qui a le droit de regard et de suivi sur tous ces projets. Que font ces ministères, quel est le plan stratégique et de travail de chacun des Ministères?
Il faut que nous comprenions que les fonds de la reconstruction ne sont pas transités à travers le CIRH, celui-ci ne fait que servir de pont entre les bailleurs pour l’approbation et le financement des projets présentés à la CIRH mais ils ne reçoivent ni gèrent les fonds. Concernant le volet No. 6 logements et abris, quels sont les projets qui ont été présentés par le gouvernement pour la construction de logement et d’abris et que nous pouvons dire qu’ils n’ont pas été approuvés par les bailleurs et n’ont pas reçu l’appui du CIRH, je pari que le gouvernement Haïtien n’a jamais préparé des projets de logements dans diverses zones du pays non seulement pour déconcentrer Port-au-Prince mais aussi pour reloger les victimes du séisme sans abris qu’ils auront soumis au CIRH. Déjà, sous Preval, Ils avaient du mal à identifier les terrains et dans leur bureaucratie habituelle, ils n’ont rien fait.
Ils n’ont toujours pas compris ce phénomène de l’aide. Les fonds de la reconstruction sont alloués à des projets et non au trésor du gouvernement. Ils vous font des promesses d’aide mais il faut appliquer pour cette aide en présentant des projets valables qui rentrent dans les priorités des six volets approuvés à la réunion des bailleurs. Si le gouvernement n’arrive pas à soumettre des projets valables, l’argent restera bloque par des bailleurs. Certains projets passent par leur agence de développement représentée sur place comme L’ACDI, USAID, et en Europe SIDA (Suède), DANIDA (Danemark). Nous sommes unanimes à remarquer que les résultats des projets de ces Agences sont à peine visibles, contrairement aux contributions In-Kind de Fernandez dont on voit le bâtiment et les résultats. Notons que la contribution In-kind de Fernandez totalise 110 millions mais ne constitue pas d’argent en espèce mais en services rendus au pays, inclus les frais de construction et de main d’œuvres dominicaines. Dans le lot des milliards, les contributions IN-KIND sont aussi incluses. Les bailleurs sont-ils si généreux en faisant des pledges sachant que le gouvernement ne saurait jamais être à la hauteur d’accéder au fond en présentant des projets qu’ils ne peuvent refuser. Si j’étais à la place du gouvernement, je les aurais mis au pied du mur en créant une cellule d’experts et de gestionnaires qui soient capable de formuler des projets valables pour soumettre au Fond de la reconstruction parmi lesquels la construction de logements sociaux. Dans la mesure où les Haïtiens ne sont pas imbus des démarches du gouvernement à ce sujet, nous ne pouvons pas nous précipiter à blâmer quiconque. Notre première démarche devrait consister à obtenir copie ou liste des projets de logements soumis au fond pour la reconstruction. En absence de ces projets, nous pouvons comprendre que les sans abri demeurent des sans abri deux ans après le séisme. C’est le rôle de nous journalistes de faire les investigations qu’il faut et de venir rendre compte à la population. Malheureusement, il existe très peu de journalisme investigatif en Haïti.
Pour votre édification, voici les répartitions des projets qui ont été approuvés et les Ministères chargés de les exécuter. La contribution du Venezuela n’est pas incluse et probablement ne passera pas par le CIRH. Il reste à savoir si les Ministères en question ont la capacité de gérer et de faire un suivi approprié de ces sommes d’argent qui devaient être exécutées à travers leur bureau respectif. L’exemple de la construction par l’équipe de Fernandez démontre à quel point nous sommes en arrière car entre la conception, la planification, la formulation, la construction, ils ont été ponctuels et précis. Ils ont donné une date à laquelle ils remettront l’université, et ils ont remis les clefs du campus le 12 janvier 2012. Le gouvernement, avait-il une date précise pour construire des logements adéquats non seulement pour les sans-abris victimes du séisme mais pour investir dans les logements sociaux, c’est-à-dire dans l’humain et quelle etait cette date?
Ministère | Montant à Exécuter en $ US | Source de fonds | |||
Travaux Publics et C. | 511.4 million | Françe, BID (454m), BM | |||
Finances et Economie | 108.2 million | USA, France | |||
Environnement | 4.13 million | ONU | |||
Planification | 1 million | Union Européenne | |||
Agriculture | 31 million | Fonds pour la Reconstruction | |||
Sante Publique et Population | 19.7 million | France, ONU, FR | |||
Education Nationale | 673.6 million | BID, ONU, | |||
Total | 1,35 billion | ||||
Emmanuelle Gilles