Qui a intérêt à ce que le pays n’ait pas un gouvernement normal ?

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Qui a intérêt à ce que le pays n’ait pas un gouvernement normal ? Qui a intérêt à ce que le Président n’ait pas un premier ministre légitime capable d’être dans la position de fusible en cas d’aggravation accélérée de la crise ? A qui profite cette situation potentiellement incontrôlable où le pouvoir exécutif est nu comme un verre de terre ? La réponse à ces trois questions peut expliquer l’impasse gouvernementale dans laquelle se trouve le pays.

Nouvelle coalition sournoise de l’opposition

Aujourd’hui, l’opposition la plus coriace au président Jovenel Moise n’est pas celle qu’on croit. Il ne s’agit ni des sénateurs qui s’agitent désespérément au grand corps. Ni ceux qui quittent le navire de la majorité en rechignant pour le poste de premier ministre.  Encore moins l’opposition de la rue et des clans politiques qui se donnent tout le mal du monde à renverser la table.

L’opposition la plus redoutable au président est une coalition sournoise, formée de gens qui sont censés être des alliés du pouvoir tèt kale. Ils minent la présidence de l’intérieur, souvent au cœur du palais national lui-même. Ils sont les membres du gouvernement démissionnaire qui refusent de partir.

Comment fait-on pour ne pas voir que la persistance de Michel Lapin à se maintenir à la primature tout en étant démissionnaire, est le plus grand facteur de blocage de la situation ? En effet, Michel Lapin joue le jeu de l’opposition en s’accrochant à la primature.

Les enjeux de cette lutte sourde autour du pouvoir

En s’accrochant à la primature comme il le fait, le PM démissionnaire Lapin ne fait que mettre les bâtons dans les roues de l’exécutif. Ainsi, il ne rend pas service au président Moise qu’il fait passer au mieux pour un indécis, au pire pour un incapable.

L’obstination du PM démissionnaire Lapin vient en quelque sorte justifier l’incapacité du président à prendre des décisions importantes, voire à diriger le pays.

Mais, le plus étonnant dans cette situation, c’est que ni le président Jovenel Moise, ni le premier Ministre Fritz William Michel n’ont songé à demander à Lapin de se retirer. Or aujourd’hui, il n’y a qu’une voie pour débloquer la situation : suspendre définitivement le gouvernement démissionnaire de Michel Lapin et le remplacer par le gouvernement de William Michel déjà ratifié par la chambre des députés, en attendant le déblocage de la situation au sénat.

Pourquoi laisser pourrir une situation qui est déjà fragile ? Il est en effet étonnant de constater que le président Moise ne se rend pas compte que les dernières attaques de l’opposition contre le PM William Michel, ne visent qu’à miner le pouvoir du président lui-même. Et le président Moise serait naïf de croire que les rivalités féroces des ministres démissionnaires qui font tout pour garder leurs portefeuilles, le font à son avantage.

La persistance du gouvernement démissionnaire discrédite l’exécutif

L’idée selon laquelle le Président de la République se montre incapable de mettre en place un gouvernement en bonne et due forme malgré la présence de sa majorité au parlement, est en train de jeter le discrédit sur le pouvoir exécutif.

En plus, le démantèlement de l’image du premier ministre Fritz William Michel n’est qu’une bombe à retardement qui fera voler en éclats le pouvoir de Jovenel Moise lui-même. Si le PM Michel est démoli bien avant d’être installé, le pays rentrera dans une phase, où le président de la République sera seul face à ses ennemis intérieurs comme aux forces de la rue.

Le président n’aura non plus aucun faire-valoir face à la communauté internationale, en particulier le Core Groupe. Ce dernier, au mieux, prendra acte de son irrésolution. Au pire, il notera la mauvaise foi du président doublée d’une inaptitude à gouverner.

Aucun sacrifice n’est trop grand pour sauver la république du chaos. Lapin ne doit-il pas se retirer définitivement pour sortir le pays de l’impasse ?

Reynald Pierre Paul, Ph.D.

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