Préfète Duffaut est décédé le samedi 6 octobre 2012 à l’hôpital Saint-Louis, à Port-au-Prince. Né à Jacmel le 1er janvier 1923, Préfète Duffaut, un peu comme tous les grands artistes, crée sa légende en racontant que la Vierge Marie elle-même est venue lui commander de peindre sa ville, Jacmel. Il est resté, tout au long de sa très longue carrière de peintre, fidèle à cette promesse. Tant mieux pour la création. Tant mieux pour nous. Duffaut a été un grand peintre.
Toujours, à chaque fois, on a retrouvé cette ville. Sinueuse. Belle. Toujours infidèle – pour le bien-être de l’art, puisqu’il fallait la produire, l’inventer à chaque fois – plus perchée, plus mystérieuse, plus colorée, plus traversée par des ponts et des rivières, dominée par des montagnes, si bien qu’elle a fini par ne plus ressembler à elle-même. C’est là aussi qu’on peut voir le cheminement du peintre. La ville s’est étendue, a évolué, a pris de l’altitude, nous emmenant à chaque fois plus haut, plus loin dans le bonheur, les couleurs et l’imaginaire du peintre.
Préfète Duffaut, considéré comme un peintre naïf, est cependant un cas d’espèce, un peintre autonome qui a trouvé son sujet et l’a maîtrisé. Et de quelle manière !
Préfète Duffaut avait fabriqué son cercueil longtemps avant sa mort. Proche de tous les éléments de la vie, il conversait avec eux de manière égale, sans être ni morbide ni extatique.
Le Nouvelliste s’incline devant cet inventeur de ville, de monde et de rêves qui a tant marqué l’art haïtien, et dont l’œuvre nous marque tellement et marquera les générations futures.
Emmelie Prophète