PetroCaribE
Oct 27, 2017
Quarante-huit heures avant la publication du rapport de la commission Éthique et Anticorruption du Sénat, Onondieu Louis, secrétaire-rapporteur de ladite commission, dans une lettre adressée le lundi 23 octobre 2017 au sénateur Évalière Beauplan, président, après avoir fait des révélations fracassantes et prononcé de graves accusations, annonce qu’il se désolidarise de cette commission sénatoriale en charge de faire la lumière sur la gestion des fonds PetroCaribe de 2008 à 2016.
En signant cette lettre acide contre son homologue, le sénateur Onondieu Louis n’est pas à son coup d’essai. Loin de là. En août dernier, l’élu du Nord-Ouest avait adressé une correspondance tout aussi virulente au sénateur Beauplan dans laquelle il dénonçait énergiquement les pratiques et les modes d’action de son collègue à la tête de ladite commission. Cette fois-ci, le parlementaire pousse le bouchon un peu plus loin en se désolidarisant de la commission chargée d’approfondir l’enquête sur les fonds PetroCaribe.
Le rapport, dit-il, qui sera frappé du sceau de la vengeance, ne portera pas sa signature. « Je dénonce de la manière la plus véhémente que cette dénonciation puisse être formulée, le rapport à venir qui est marqué au fer rouge de la vengeance politique et même politicienne » (sic), martèle le sénateur Louis, désabusé avec le temps par la tournure que prend l’enquête.
« Lorsque j’ai choisi, à mon corps défendant, d’intégrer la Commission Ethique et Anticorruption du Sénat de la République, mon seul et unique objectif était de pouvoir contribuer à faire jaillir la lumière sur la gestion des fonds PetroCaribe […] Dans la cohue du temps qui passe, je constate cependant avec amertume que le rêve que j’ai caressé en intégrant ladite Commission tend à se transformer en chimère », se désole l’élu de la cinquantième législature avant de décrocher à tout va des flèches assassines à l’encontre du président de la commission, le sénateur Évalière Beauplan.
A en croire le secrétaire-rapporteur, le fameux rapport de la commission qui devrait servir de phare aux autorités judiciaires dans le cadre de leur enquête, en vue de la manifestation de la vérité, est pris d’assaut par ceux-là mêmes qui ont planifié et rendu possible le détournement des fonds PetroCaribe. Pour le sénateur, qui ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, c’est devenu un secret de polichinelle pour le pays entier que la rédaction du rapport de la commission soit confiée à l’ex-président provisoire Jocelerme Privert. Onondieu Louis accuse l’ex-président d’avoir « adopté lui-même deux résolutions à l’effet d’autoriser le décaissement de 70 millions de dollars pour financer des projets mort-nés à travers le BMPAD à la direction duquel il a placé son copain Patrick Noramé, dont le seul nom dit tout de la gabegie et de la corruption qui caractérisaient son administration ».
« Il est clair que le rapport dont la rédaction est soumise au laboratoire Privert constitue un pion dans un jeu politique macabre qui ne vise qu’à blanchir le cercle de petits copains et coquins de ses concepteurs et rédacteurs en clouant au pilori les potentiels ou supposés adversaires de ces derniers aux échéances électorales prévues en 2020 », tance le sénateur Onondieu Louis, qui entend, clame-t-il haut et fort, demeurer libre de toutes les entraves qui captivent les autres membres de la commission, ne devant lui-même allégeance à personne.
Tout à son dépit, le parlementaire du Nord-Ouest reconnaît dans sa missive avoir vu à travers le dossier des fonds PetroCaribe la meilleure occasion qui s’offrait à l’assemblée des sénateurs pour prouver au pays et au monde entier que la cinquantième législature pouvait s’élever à la hauteur de la noble mission qui lui est assignée par la Constitution en vue d’amener les ordonnateurs et comptables de deniers publics à rendre compte de leur gestion à la nation.