Nouvelle conférence, nouveaux objectifs

Haïti: Moins de vingt-deux jours après la Conférence de Punta Cana en République dominicaine sur la reconstruction d’Haïti, il est annoncé une nouvelle réunion qui se tiendra en Argentine du 22 au 24 juillet 2010 dans le cadre de la solidarité de la communauté internationale envers Haïti. Dans certains milieux haïtiens, le doute, l’inquiétude et la suspicion planent encore sur la multiplication des conférences internationales sur notre pays, qui jusqu’à présent n’arrive pas à voir la concrétisation des engagements pris à New York le 31 mars dernier, lors de la Conférence des Nations unies sur la reconstruction d’Haïti.
A Punta cana, Bill Clinton avait appelé les bailleurs à respecter leurs engagements envers Haïti. En sa qualité de co-président de la Commission intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti, l’ancien numéro un de la super puissance étoilée paraît quelque peu gêné quant à la lenteur prise par les principaux bailleurs à faire parvenir leurs dons au Fonds pour la reconstruction géré par la Banque mondiale. Le Brésil, le Venezuela, la Norvège et l’Australie sont les quatre pays qui ont décaissé jusqu’à date moins de 200 millions de dollars sur les 5,2 milliards qui doivent constituer ledit Fonds sur une période de trois ans.

Qu’il s’agisse des Etats-Unis, de l’Union européenne, du Canada, de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne ou de l’Espagne, la réticence est visible chez ces bailleurs à délier les cordons de leur bourse pour que la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti puisse effectivement démarrer ses activités.

Pourquoi cette réticence ?

Dans les milieux politiques haïtiens ainsi que dans certains couloirs diplomatiques, on estime que l’administration Préval/Bellerive est très mal perçue par les bailleurs. Les informations qui circulent à l’étranger sur l’utilisation des 197 millions de dollars par le gouvernement de Michèle Duvivier-Pierre-Louis en 2008, après le passage des tempêtes et ouragans Fay, Gustave, Hanna et Ike, ainsi que le scandale provoqué par les parlementaires haïtiens en avril dernier concernant l’absence de rapport sur les 163 millions de dollars débloqués par le gouvernement Bellerive pour venir en aide aux sinistrés du 12 janvier, seraient à la base de cette réticence des bailleurs étrangers.

Bien informé de la position de certains bailleurs sur le dossier haïtien, Bill Clinton, qui se trouve entre l’enclume et le marteau pour n’avoir pas pu mobiliser l’aide promise par la communauté internationale dans le cadre de la reconstruction d’Haïti, en particulier celle de son propre pays, a préféré trouver 20 millions de dollars pour venir en aide aux petites et moyennes entreprises, en lieu et place des fonds destinés à la Commission intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti.

De quoi se poser cette question significative: A quand le prochain show de Bill Clinton ?

Lemoine Bonneau

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