MIREILLE DUROCHER BERTIN 28 MAR 1995

Mar 28, 2021

 

Il s’agit d’un récit des jours précédant l’assassinat de Me Mireille Durocher Bertin, ainsi que des événements du 28 mars 1995, tels qu’ils m’ont été rapportés par des membres du groupe de travail du FBI envoyés en Haïti le matin du  29 mars pour enquêter sur le crime, ainsi que par d’autres sources.

 

Mi mars 1995, un traducteur haïtien du nom de Claude Douge, travaillant pour les forces armées américaines stationnées en Haïti en mars 1995, a signalé au haut commandement qu’il avait été approché par les frères Moise, essayant de l’enrôler dans un complot d’assassinat pour tuer Mireille.  Durocher Bertin (… avait reçu un uzi…).  Les 2 frères se sont vantés d’un contrat donné – comme ils le prétendaient – par le ministre de l’Intérieur d’Haïti Mondesir Beaubrun, lui-même, donnant des détails précis sur cet éminent complot d’assassinat.

 

Fn1: Les Frères Moise (Eddy et Patrick) avaient fait partie d’un groupe de loyalistes haïtiens Aristide qui infestaient et occupaient pendant la période d’embargo l’ambassade du Canada à Port-au-Prince, route de Delmas.  Au moins d’entre eux, Jean Pierre, avait été formé en 1991 au SSP d’Aristide – une police secrète anticonstitutionnelle.  Craignant pour leur vie et ne pouvant négocier un sauf-conduit à l’aéroport du PAP, leur famille a contacté Mireille pour lui demander de l’aide.  Mireille a refusé leur représentation en tant qu’avocat, mais a accepté – au nom de l’amour et de la compréhension pour les autres citoyens haïtiens (Mireille dixit) – de négocier un accord de libre passage à l’aéroport avec le général FAdH Raoul Cedras.  Son intervention / négociation a été un succès et les frères Moise, ainsi que les autres membres de ce groupe (je crois, il y avait 5 personnes en tout) ont pu quitter Haïti indemnes.

  1. Douge a indiqué que les meurtriers à gages viendraient chez lui le dimanche 19 mars, au volant d’un Izuzu Trooper gris, (pour effectuer une reconnaissance du lieu de travail et de la maison privée de Mireille) et qu’ils pourraient être placés en garde à vue sur-le-champ.  L’armée américaine a procédé le dimanche 19 mars 1995 à l’arrestation des 2 frères Moise, un certain Michellet Nicolas et Jean Joseph StClaire.  Ils conduisaient un Izuzu Trooper gris, enregistré au ministère de l’Intérieur haïtien, qui leur a été remis directement par le ministre de l’Intérieur M. Beaubrun samedi soir, avait en leur possession des armes, enregistré au ministère de l’Intérieur haïtien et portait des cartes d’identité, les identifiant.  en tant que membres de l’unité spéciale de police secrète (FBI dixit), le président Aristide avait créé à cette époque.  Les Américains ont également trouvé le numéro de téléphone personnel du ministre Mondesir Beaubrun en leur possession.  L’histoire du complot d’assassinat a ensuite été vérifiée de manière indépendante auprès de l’épouse de Douge et des autres membres de l’équipe arrêtée (… a confirmé que M. Patrick Moise avait rencontré le ministre et d’autres au ministère de l’Intérieur au cours de la semaine dernière…).

 

 

Aristide a tué Mireille Durocher Bertin Le mardi suivant l’arrestation, le 21 mars, l’ambassadeur américain William Lacey Swing a adressé une note au département d’État les informant de l’arrestation de 3 individus haïtiens qui – apparemment – avaient eu l’intention d’exécuter Mireille Durocher Bertin en  représailles à une lettre que l’avocat avait écrite et remise au haut commandement militaire américain.  Cette lettre – écrite au nom du MDN de De Ronceray (Mobilization for National Development Party, un parti politique opposé à Aristide) accusait les Frères Moise d’avoir l’intention de tuer un certain nombre de chefs d’affaires et de dirigeants politiques figurant tous sur une liste jointe à cette lettre.  Les personnes à tuer étaient les prétendus participants au coup d’État de septembre 91. Fn 2 Fn 2: Mireille n’avait aucun contact professionnel, ni personnel avec le MDN et leur chef de parti De Ronceray;  en fait, elle n’aimait ni la personne, ni ses convictions politiques.  À ma connaissance, cette lettre n’a jamais existé et est une invention de l’ambassadeur Swing.  L’ambassadeur Swing avait une forte aversion pour Mireille et son aversion était clairement visible dans tous les aspects avant cet événement tragique ainsi que pendant l’enquête du FBI après le meurtre.

Mercredi 22 mars, le général commandant américain George A. Fisher a écrit une lettre au ministre haïtien de la Justice, Jean-Joseph Exume, au président Aristide et à l’ambassade américaine / ambassadeur W. L. Swing.  La note informait toutes les parties des événements susmentionnés, demandant au gouvernement haïtien a) de prendre des mesures, b) d’enquêter sur leur ministre de l’Intérieur et c) surtout d’informer Mireille de cette menace de mort très concrète.  Il a également offert une assistance «selon ce qui convenait à votre demande».

 

Les réactions ont été les suivantes:

 

Ambassade américaine A la réception de cette lettre, l’ambassadeur a immédiatement classé la note du 19 mars 1995. Fn 3 Fn 3: Cette note a été déclassifiée en juin 1996 (je crois le 11 juin 96) et a été récupérée par Charles Lane  , Rédacteur en chef de The New Republic en 1997. M. Lane a écrit un article sur le statu quo haïtien (copie inclue «Failing Haiti»), parlant de la dégradation générale de la situation et des meurtres politiques, commis en 1995 et  1996. A en juger d’après ma connaissance des événements de 1995, son article était assez correct et bien documenté.  Lorsqu’on lui a parlé – au téléphone – de l’article, M. Lane, après un accueil initialement chaleureux, a refusé de continuer à me parler, affirmant que, et je cite, «j’avais déjà eu assez de problèmes concernant cet article et que j’ai  aucune intention de mourir pour un… .. pays comme Haïti ».  Avec ces mots et son souhait clair de ne plus le «déranger», il raccroche.

En outre, l’ambassadeur a prononcé un veto énergique contre tous les employés de l’ambassade impliqués, insistant pour informer directement Mireille.  Cette action a ensuite été qualifiée par l’un des agents enquêteurs du FBI comme décrit ci-après et je cite: «Je voudrais croire que cette (réaction) était une« erreur de jugement honnête »2) Le ministre de la Justice, J.J.  Exhumé répondit aussitôt, le 23 mars, en déclarant que toutes les accusations dirigées contre le ministre M. Beaubrun étaient fausses et que rien dans cette lettre des forces américaines n’était la vérité.

 

Toujours le 23 mars, il a téléphoné à Mireille en lui disant ce qui suit et je cite du mieux que je peux, d’après le récit d’un témoin direct oculaire et auditif, présent au moment de l’appel:

 

«Vous avez peut-être entendu dire qu’un mandat d’arrestation est en cours d’élaboration ou a été prononcé;  en tant que collègue et camarade de classe, je peux vous assurer que ce n’est pas la vérité.  J’aimerais que vous veniez demain au ministère, afin que nous puissions en parler.  Je voudrais vous donner également mon numéro de téléphone personnel, donc si vous avez un problème, vous pouvez m’appeler. ”  Mireille a répondu qu’elle viendrait le lendemain et apporterait en même temps les documents qu’elle avait préparés pour enregistrer son parti politique MIN (voir ci-après la «Déclaration de principes» du MIN, déposée au ministère de la Justice le 24 mars  ; un document qui jusqu’à aujourd’hui n’a pas reçu de réponse du ministère de la Justice haïtien).

Préval-Alexis Le 24 mars à 10: 00/10: 30am Mireille s’est rendue au ministère de la Justice haïtien, accompagnée d’un parent du côté de son père.  Elle est allée au cabinet privé du ministre J.J.  Exumé, a cependant laissé la porte ouverte, pour que son compagnon puisse suivre chaque détail de la rencontre.  Le rendez-vous s’est terminé en quelques minutes, aucun avertissement n’a été émis, aucune information autre que le numéro de téléphone n’a changé de mains.  Les documents du MIN ont été déposés et Mireille est partie.

 

Le 28 mars, Mireille a dû se rendre au Camp Américain de l’Aéroport PAP pour signer plusieurs documents au nom de son client Eugène (surnommé Junior) Baillerjeau.  Les restes de l’avion de Junior, qui n’était rien de plus qu’un tas de fer rouillé, ont été endommagés lors de l’invasion américaine en septembre 1994. Le GI américain a brisé tous les instruments de son avion, ainsi que de tous les autres avions privés, garés dans le PAP  aéroport le jour de l’arrivée des troupes.

 

Ayant obtenu une somme de 20000,00 USD pour tous dommages et intérêts, en échange de l’abandon de l’affaire contre l’armée américaine, Mireille a dû poser la signature définitive ce jour-là à 16h00 au plus tard, jour du départ des avocats de l’armée américaine, s’occupant de l’affaire.  .  Ne pouvant attendre l’arrivée de son mari ramassant les 4 enfants à l’école et bloquée dans la circulation, Mireille a quitté la maison de son père sur la Ruelle Duncombe No 31 vers 15h30 dans la voiture privée de E. Baillerjeau, avec E  Baillerjeau comme chauffeur.

Selon les témoignages et les communications radio interceptées entre les membres de la police haïtienne, ils ont été suivis et vers 15h45 la voiture est arrivée au carrefour de l’avenue Martin Luther King et de l’avenue Pouplard, où une autre voiture attendait.  La circulation était monstrueuse et toutes les voitures avançaient très lentement.  À ce moment-là, E. Baillerjeau a dû voir quelque chose, alors qu’il tentait de faire demi-tour et de s’éloigner, direction l’avenue John Brown.  Les assassins cependant, nommés (je cite les rapports du FBI), Claudy Lacroix (une personne bien connue dans le quartier) et le célèbre «tueur à gages» Eddy Arbrouet », ainsi qu’un troisième homme, ont ouvert le feu, tirant sur  au niveau des pneus et immobilisant ainsi la voiture.  Selon les témoignages de témoins oculaires, les 3 hommes ont ensuite attrapé les passagers dans un feu croisé, Eddy Arbrouet grimpant sur le capot de la voiture et tirant sur Mireille.  Elle a reçu 15 balles (autopsie faite par le FBI le 30 mars dans le camp américain près de l’aéroport PAP).  E. Baillerjau a également été tué sur place.  Le corps de Mireille a été retrouvé affalé sur le siège vers E. Baillerjeau, essayant de se protéger des balles en croisant les bras sur sa poitrine.  Un dossier rempli de documents posés par terre devant son siège.  E. Baillerjeau était assis droit, le bras gauche presque complètement arraché.

 

Des témoins oculaires ont rapporté que:

 

un film vidéo a été enregistré sur le meurtre.  M. Dany Toussaint, alors directeur de la police temporaire haïtienne, était présent pour observer la scène de près.  L’un des tueurs (3 tous ensemble) a été touché par une balle perdue, lors d’un tir croisé sur les passagers.

 

Le mari de Mireille, arrivé chez les résidents de la Ruelle Duncombe quelques minutes après le départ de Mireille, a toujours gardé un contact radio à intervalles réguliers avec sa femme.  N’ayant reçu aucune réponse de sa part à partir de 15h45, il a immédiatement suivi la route que sa femme lui avait indiquée, qu’elle prendrait pour se rendre au camp américain.  Il est arrivé quelques minutes seulement après le tournage, vers 16 h 05/16 h 10.  Laissant ses enfants dans la voiture, il s’est approché de la scène qui était à l’époque déjà totalement entourée de curieux, bloquant tout passage sur Martin Luther King Road et arrêtant la circulation tous ensemble.  Casques bleus et forces américaines étaient déjà présents sur les lieux ou sont venus quelques minutes plus tard.  La scène du crime a été clôturée et une bâche a été utilisée pour couvrir la voiture avec les 2 passagers morts.  La police haïtienne est arrivée ainsi que le commissaire du gouvernement qui voulait transporter le corps à la morgue de l’hôpital général.  Le père de Mireille, présent vers 16h30, a refusé, craignant que son corps ne soit mutilé pendant la nuit et que des parties du corps ne soient volées pour être utilisées dans des cérémonies de magie noire par ceux qui ont ordonné le crime.  Il est largement admis en Haïti que si l’on consomme les parties du corps d’une forte personnalité morte, comme le cœur, le cerveau, etc., cette personne absorbe également la force du défunt.

 

A 21h15, suite à mon intervention auprès des forces armées américaines présentes sur les lieux du crime, Mireille et E. Baillerjeau ont été sortis de la voiture et transportés par la voiture funéraire du «Paret Pierre Louis ‘Funeral Home», accompagnés d’un Américain  convoi à la morgue située à l’intérieur du camp américain.  Fn 4 Fn 4: La rumeur selon laquelle Mireille était enceinte au moment de sa mort provenait de l’état explosé de son corps, lorsqu’elle a été sortie de la voiture 4 heures après le meurtre;  la décomposition, accélérée par la chaleur tropicale, ayant fait gonfler son abdomen.

 

Le FBI est venu le lendemain matin;  ils ont fait transporter la voiture d’E. Baillerjeau au camp américain pour une enquête plus approfondie.  Suite au refus de la famille de transporter son corps aux États-Unis pour faire une autopsie, des spécialistes du FBI ont été amenés par avion pour procéder à l’autopsie le jeudi 30 mars.  A 15h00, les deux corps ont été remis aux familles et transportés par un convoi américain au salon funéraire de Paret Pierre Louis dans le centre-ville de PAP.  Des GI ont été affichés devant le salon funéraire pour empêcher un vol éventuel du corps.

 

Dans la soirée du 30 mars à 21h30, CNN Headline News a publié la lettre écrite par le général Fisher le 22 mars, évoquant un complot présumé allant aussi haut que le ministère de l’Intérieur et le président haïtien lui-même.  À 22h00, l’histoire a été modifiée, ne publiant que des parties sélectionnées de la lettre et n’établissant plus aucun lien avec le gouvernement haïtien.  Selon des sources CNN présentes en Haïti à cette époque, la lettre avait été remise par un très haut officier militaire américain à CNN à Washington, avec les mots, et je cite: «Nous sommes extrêmement énervés, cela n’aurait pas dû arriver».

Des services funéraires ont eu lieu pour Mireille le lundi 3 avril avec la présence de médias internationaux et diffusés dans le monde entier.  Les funérailles d’E. Baillerjeau ont eu lieu le mercredi 5 avril (si je me souviens bien) et tous les membres de la famille Baillerjeau ont quitté Haïti peu après pour vivre à l’étranger.

 

Selon les comptes du FBI, l’enquête a été entravée de plusieurs manières:

 

Menaces de mort, pas de collaboration de la police locale ni de l’ambassade américaine, dont le point le plus important de l’enquête était et je cite: «Vous devez comprendre que cette femme avait beaucoup d’amoureux…», a expliqué l’ambassadeur Swing au FBI lors de leur première visite de contact  à l’ambassade des États-Unis, entamant somptueusement une description d’une heure, décrivant sa vie amoureuse, vue par ce diplomate américain.

 

Les informations sur l’enquête ont filtré vers le gouvernement haïtien à un point tel qu’après plusieurs semaines, un spécialiste du FBI a été amené par avion pour changer la fréquence des radios utilisées par les enquêteurs à une fréquence qui ne pouvait pas être captée par l’ambassade américaine, cellulaire  n’étant pas disponible pour le moment.

 

En juin 1995, l’un des membres de l’escouade meurtrière a voulu conclure un accord et parler en échange de l’immunité, d’une résidence américaine pour lui et sa famille, d’une maison et d’une pension aux États-Unis.  Cette personne était Pierre Michel (Onil) Lubin, un capitaine de la police haïtienne.  Le FBI n’a pas pu l’évacuer la nuit du contact et n’a pas été en mesure, le lendemain matin, de l’emmener à Miami pour présenter son témoignage à un comité d’audition du Congrès.  En quelques heures, l’avocat d’Aristide, Burke Wise, était venu des États-Unis par avion, réclamant le 5e amendement au nom de son client.  Lorsque le FBI a répondu qu’il n’y avait pas de 5e amendement dans la législation haïtienne, Aristide a interdit tout contact avec les Haïtiens.  Cette décision a été corrigée après 3 jours de négociations entre le département d’État et le gouvernement haïtien et s’est transformée en une interdiction de parler à 12 personnes.  Selon le FBI, ces 12 individus étaient ceux qui avaient réalisé le complot après l’arrestation des 4 anciens assassins Moise, Nicolas et Sainte Claire et étaient détenus en prison suite à leur arrestation.  Tous les trois ont été libérés de prison en 1995 ou au début de 1996.

 

Je n’ai pas les 12 noms, mais ceux qui m’ont été donnés par le FBI sont les suivants:

 

Le ministre de l’Intérieur Mondesir Beaubrun, ordonnant que le crime au nom du président Jean Bertrand Aristide soit exécuté avant l’arrivée du président Clinton le 1er avril (sources du FBI dixit).

 

Le ministre de la Justice Jean Joseph Exumé (le FBI avait la preuve que la décision de tuer Mireille était une décision prise lors d’une réunion ministérielle) Dany Toussaint, identifié comme l’organisateur et le superviseur du crime;  il avait déserté l’armée avant 1990 (sous-lieutenant) et s’est vu accorder, par appel personnel du président Aristide, l’amnistie et le grade de capitaine le 16 mai 1991.

 

Pierre Michel (Onil) Lubin (voir également l’article de journal ci-après joint);  il avait été expulsé de l’armée avant 1990 (sous-lieutenant);  a été gracié et donné le grade de capitaine par le président Aristide le 12 février 1991.

 

Hildevert Pierre Cherubin;  il a été promu au grade de lieutenant-général le 12 février 1991 par le président Aristide.

 

Medard Joseph;  il avait été expulsé de l’armée avant 1990 (sous-lieutenant);  a été gracié et a reçu le grade de lieutenant par le président Aristide le 12 février 1991.

 

Richard (Sacha) Salomon (même promotion à l’académie militaire que Dany Toussaint et P.M. Lubin), a été impliqué dans l’arrestation et le meurtre de 5 personnes à Delmas en 1991;  les 5 personnes ont été tuées la même nuit après leur arrestation.

 

Jean Marie Fourel Célestin, promu de capitaine à major le 5 avril 1991 par le président Aristide.

 

Il y avait aussi le répartiteur de ce jour-là qui a été tué – je crois – en 1999 ou en 2000, mais je ne me souviens pas de son nom.

 

Eddy Arbrouet, tué peu de temps après la pression pour l’arrêter, exercée par le sénateur américain Jesse Helms, est monté trop haut (il a reçu une balle dans le dos, alors qu’il dormait dans sa cachette à Léogane – la version officielle était qu’il avait résisté à l’arrestation).  Étant l’un des plus importants tueurs à gages d’Haïti pendant cette période, Eddy Arbrouet aurait tué au moins 6 personnes en 1995 pour le gouvernement haïtien ou pour des personnes occupant des postes élevés au sein du gouvernement haïtien.  Il est également largement admis qu’il avait tué le ministre de la Justice Guy Malary en 1993, ainsi que enlevé l’enfant Potensky en 1996 (Potensky était citoyen américain et il existe une trace de son enlèvement et de sa disparition au FBI américain, ayant mené cette enquête sur  la période de plusieurs mois).

 

Selon les rapports balistiques du FBI et autres registres, Eddy Arbrouet avait tué au moins 6 personnes pendant cette période: Toutou Claude, Michel-Ange Herman, Lesly Grimard, Mireille Durocher Bertin, le général Henri-Max Mayard et il avait également effectué  le double homicide d’Antoine Leroy, Jacques Feurival.

 

Claudy Lacroix, l’autre tueur identifié vit toujours en Haïti, étant apparemment retourné dans le même quartier, il est parti, après avoir fui la pression du FBI en 1995.

 

Le FBI a quitté Haïti en octobre 1995, n’ayant pas été autorisé à terminer son rapport final sur le meurtre de Durocher Bertin.  En novembre 1995, ils sont retournés remettre leurs conclusions à un groupe de travail spécial haïtien créé pour poursuivre l’enquête.  Je voudrais citer l’agent du FBI en charge de ce briefing qui m’a indiqué que: «J’arrive dans cette pièce et je vois tous ses tueurs assis là dans l’auditoire».

 

Trois autres détails intéressants sont:

 

Que W. L. Swing, interrogé par le Congrès sur le meurtre de Mireille, a demandé une séance à huis clos pendant laquelle le président Clinton n’utilisait son privilège exécutif que trois fois au cours de ses deux mandats;  une de ces 3 fois était le jour où le Congrès lui a demandé «s’il savait que c’était le gouvernement haïtien avec l’aide de la police haïtienne qui avait commis tous les assassinats politiques en Haïti en 1995».  Les deux autres incidents étaient liés à l’affaire Monica Lewinsky et au trafic présumé de cocaïne de la CIA en Californie pour financer la guerre contre la cocaïne en Colombie.

 

Que, avant sa visite en Haïti, le président Clinton a demandé à ne pas être confronté au ministre de l’Intérieur Mondesir Beaubrun.  Le 1er avril 1995, le président Clinton a été reçu au palais présidentiel du PAP par tout le cabinet ministériel du président Aristide, à l’exception de son ministre de l’Intérieur, Mondesir Beaubrun.

 

Selon des sources du FBI, leur mandat avant leur arrivée en Haïti était de prouver que c’était le président Jean Bertrand Aristide, qui avait ordonné l’exécution.

 

Source: Bob Corbett

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