Arrivés dans des cortèges séparés et décalés d’une bonne trentaine de minutes au palais législatif, le chef de l’Etat Michel Martelly et le Premier ministre Laurent Lamothe se sont entretenus avec le président du Sénat, Simon Dieuseul Desras, et celui de la Chambre basse, Jean Tholbert Alexis. La veille, ce dernier a été propulsé à la présidence de la Chambre basse par les membres du bloc Parlementaires pour la stabilité et le progrès (PSP). Desras reste, pour sa part, aux commandes du Grand corps à la faveur d’un pacte auquel la quasi-totalité des sénateurs a adhéré.
Cette visite entre dans le cadre d’une harmonisation entre l’exécutif et le Parlement, a indiqué le Premier ministre Lamothe, qui était accompagné du chancelier Pierre-Richard Casimir. L’harmonie qui règne aujourd’hui dans les rapports entre les pouvoirs publics doit absolument contribuer à la stabilité politique et à la mobilisation des actions de l’État au bénéfice du peuple haïtien, ont déclaré le chef de l’Etat et le Premier ministre. Dans une ambiance empreinte de cordialité, ils ont renouvelé aux honorables parlementaires présents en la circonstance leur ferme détermination à travailler conjointement avec le pouvoir législatif, en vue de répondre aux préoccupations de la population.
Avec le nouveau président de la Chambre basse, le chef du gouvernement a discuté de la nécessité de nouvelles lois pour encourager particulièrement la création d’entreprises dans le pays. « Le chômage et la cherté de la vie sont les principales préoccupations de la population », a déclaré Lamothe. Le gouvernement, a-t-il ajouté, arrive à créer 75 000 emplois alors que le pays en a besoin de 4 millions. Pour inciter les entrepreneurs haïtiens et étrangers à augmenter le nombre d’emplois, le Premier ministre a annoncé une proposition de loi qui pourra alléger le processus de création d’une compagnie en Haïti. Actuellement, un entrepreneur doit prendre six mois pour franchir les quatorze étapes nécessaires à la création d’une compagnie, se désole le Premier ministre.
Laurent Lamothe a profité de cette visite pour présenter le sénateur anglais Lord Leslie J. Griffiths aux parlementaires haïtiens. M. Griffiths, qui est responsable du dossier d’Haïti au Parlement britannique, dit-il, vend une image positive du pays.
Le ministre chargé des relations entre le Parlement et le gouvernement, Ralph Théano, n’a pas été remarqué lors de la visite de courtoisie au Parlement. Le ministre, depuis le début de la semaine, est engagé dans un échange de propos discourtois avec la vingtaine de députés du bloc minoritaire Parlementaires pour le renforcement institutionnel. ayant traité de kamikazes et d’oranges pourries les parlementaires qui ont muselé le chef du gouvernement à l’ouverture de la session ordinaire de l’année législative, le ministre Théano est déclaré « persona non grata » par ses ennemis. Les propos « désobligeants » du ministre Théano sont aussi condamnés par le député Abel Descollines, porte-parole du bloc Parlementaires pour la stabilité et le progrès (PSP). « On ne peut pas combattre un mal par un mal », a nuancé le parlementaire de Mirebalais qui n’entend pas adhérer à un projet de résolution visant à la révocation du ministre chargé des relations avec le Parlement. Ce projet de résolution est annoncé par Levaillant Louis-Jeune, prédécesseur de Jean Tholbert Alexis à la présidence de la Chambre des députés.
Le sujet n’a pas été évoqué par les officiels, notamment le chef de l’Etat et celui du gouvernement, qui répondaient aux questions des journalistes accrédités au Parlement. « La visite de courtoisie aux parlementaires a été de manière spontanée », a tempéré un membre du gouvernement joint au téléphone par Le Nouvelliste. Le malaise entre le ministre Théano et certains députés, poursuit notre source, n’a pas été agité entre les parlementaires, le président Martelly et le Premier ministre Lamothe.