L’état des routes compromet le développement agricole en Haïti

Le Nouvelliste | Publié le : 2013-02-07
Hansy Mars hansymars@lenouvelliste.com
Dans le nord du pays, les infrastructures agricoles de base sont en très mauvais état, voire inexistantes. Cela complique énormément la tâche des agriculteurs lorsque vient le temps de faire des affaires, d’avoir accès aux marchés et d’attirer les investisseurs. Le défi est encore plus grand dans les régions rurales.
La route rongée par la rivière
La route rongée par la rivière
Hansy Mars
Bahon fait partie des dix-neuf communes formant le département du Nord. Située au sud-est de Cap-Haïtien, cette ville a un riche potentiel agricole en ce qui concerne le café, le cacao, le gingembre, le maïs, le manioc, le haricot, les ignames et les oranges. La zone compte près de vingt mille habitants, dont plus de 40% sont des jeunes de moins de 15 ans. L’absence d’infrastructures routières est l’un des plus grands défis que doit relever la population. L’existence d’un réseau routier adéquat est en effet une condition essentielle à la relance de l’économie, en particulier dans le secteur agricole, et au développement général de cette contrée. Les agriculteurs de la région ne savent plus à quel saint se vouer, particulièrement ceux de la commune de Bahon. Ils profitent de toutes les occasions pour se lamenter. Le problème de la route représente le plus grand obstacle à leur survie. Les commerçants qui empruntent l’axe routier Bahon- Grande-Rivière du Nord se plaignent de la détérioration de leurs marchandises : les oranges, les bananes, les chadèques et le café qui pourrissent à cause du mauvais état de la route. Cette situation a un impact très important sur l’économie locale et sur l’économie nationale, reconnaissent certains observateurs. L’axe routier Bahon- Grande-Rivière du Nord, praticable dans le temps, a presque disparu, faute de réfection. Les usagers éprouvent d’énormes difficultés à cause du très mauvais état de ce tronçon. Ce qui accentue davantage l’enclavement de la commune. « La plus grande cause de la dégradation de la route est la rivière. Il faut pour y remédier en posant des gabions », suggère Bussy Etienne, un notable de la commune. M. Etienne fait savoir que le calvaire des usagers de cette route commence après chaque averse, quelle que soit la saison. Pour lui, la commune de Bahon disparaîtra un jour si rien n’est fait. « D’habitude, une récolte d’oranges me rapportait entre 50 et 60 000 gourdes », reconnaît un autre agriculteur, très critique envers les autorités gouvernementales, car cette situation affecte ses revenus. « Pour nous, ce sont les pneus et les amortisseurs qui courent le plus grand risque d’usure », déclare Fénélon, un chauffeur de transport public. Fénelon assure le transport des marchandises en direction du Cap-Haïtien et de Port-au-Prince en compagnie des « madan Sara » depuis plus de vingt ans. Pour lui, c’est la période la plus noire qu’il ait connue. « Je suis natif de Bahon et je dois vous dire que depuis plus de quatre ans cette route est devenue un cauchemar », se lamente-t-il. A la gare routière, on peut compter ainsi un nombre anormalement élevé de camions avec des pneus crevés, ou ayant subi des dégâts aux jantes et aux roues, suite au mauvais état de la route. Dans la plupart des cas, les dégâts concernent les amortisseurs, les bras de suspension, les barres de torsion. Les rares chauffeurs qui embarquent, pour la capitale ou le Cap-Haïtien, demandent un prix fort élevé, confie un autre chauffeur. Ils pressent les gérants du Fonds d’entretien routier (FER) de financer les travaux de réhabilitation de cet axe routier. « Il est donc impératif de restaurer ces services et d’offrir aux populations de ces régions l’occasion d’améliorer leur sort et de favoriser la croissance économique et la stabilité sociale », déclare le révérend père Anthony Etienne. En raison, des nids-de-poule, et par endroits, les passagers sont contraints de descendre de véhicules pour emprunter un raccourci. Les mercredis et les samedis sont des jours de marché pour la commune. Les gens viennent de partout pour vendre ou acheter des produits. Les infrastructures routières ne permettent pas d’absorber un trafic de marchandises et de passagers en croissance rapide. Le manque d’entretien du réseau routier pendant plusieurs années a contribué à réduire la vitesse des déplacements et freiné l’extension des activités économiques et le développement en dehors de la zone. Les marchands ont aussi déploré l’état lamentable des routes vicinales utilisées pour transporter les produits agricoles des sections communales à la ville principale. Bahon est l’une des villes les plus pauvres du département du Nord. L’absence d’infrastructures de base et de loisirs pousse les jeunes à fuir la commune avant même d’atteindre l’âge de la majorité. A moto ou en voiture, se rendre dans la commune de Bahon est un véritable calvaire.
Hansy Mars hansymars@lenouvelliste.com
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