Les travaux d’infrastructures routières créent la panique

Joubert Rochefort joubertrochefort@yahoo.fr

Plusieurs travaux de réhabilitation routière sont inachevés. D’autres sont tout simplement abandonnés. Malgré les nombreuses promesses d’aménagement, les décisions sont encore au fond d’un tiroir. Une situation qui aggrave l’embouteillage et génère le banditisme dans la capitale.
Le pont de Delmas 40B
Mercidieu Moranvil
Il est 1 heure passée de trente minutes, le soleil est au zénith. Sur le boulevard la Saline, la situation est chaotique. Coupée perpendiculairement par un ravin, écoliers, marchands, portefaix, motocyclistes empruntent une passerelle qui relie les accotements de la route. De chaque côté, une longue file de voitures attend que les passagers traversent la rue. Au bord des murs en béton qui longent l’entrée du boulevard des Amériques, à la file indienne se rangent des marchands de canne à sucre, de bonbons, de maïs et des chauffeurs de tap-tap au repos. Le boulevard la Saline est devenu un vaste chantier abandonné. Jean Robert Alfred est ce chauffeur qui raconte ses déboires. « Il est temps que les autorités achèvent les travaux de réhabilitation. Tous les jours, je livre une lutte sans merci avec les passagers qui refusent de payer le prix de la course. Comme alibi, ils disent qu’ils ne peuvent pas payer deux fois pour le même parcours. A cause de cela, j’ai perdu mon pare- brise lors d’une bagarre », déclare-t-il. Cette situation n’épargne pas non plus les riverains des actes de banditisme. Tous les jours, les gens se font braquer par des bandits armés qui emportent argent, bijoux, portefeuille et autres. «Entre 4 heures du matin et 6 heures du soir, personne ne daigne emprunter cette route, de peur de se faire piller», raconte un habitant de la zone. « L’État doit une fois pour toutes mettre un terme à ces travaux afin de libérer la route », poursuit-il. Sur la route de Delmas, les usagers ne cachent pas leur sentiment d’inconfort face à l’embouteillage monstre qui règne sur cette autoroute au quotidien. Le pont de Delmas 40 B, ce raccourci reliant Delmas à Bourdon est aujourd’hui fermé à la circulation. Pendant le séisme du 12 janvier 2010, ce pont a connu de sévères dommages. Mais, après les terribles pluies qui se sont abattues sur la capitale, sa situation est de plus en plus grave. Sous l’effet d’une terrible chaleur de midi, Jacky est couvert de sueur. Au volant de son tracker 4×4, il cherche un raccourci afin de récupérer sa fille de l’école à 13h, puis retourner au boulot. Enervé, furieux, Jacky raconte le motif de son mécontentement. « Cela fait plus de deux ans depuis que le pont a subi des dommages. Malgré tout, on pouvait emprunter cette voie. Mais, les autorités ont interdit l’accès à tout véhicule, et jusqu’à aujourd’hui elles n’ont encore rien fait ». Ti Dyo, un habitant de la zone, ne cache pas non plus ses inquiétudes. A côté de sa petite table où sont étalées des bouteilles de clairin, à l’écoute de son groupe favori de compas direct, il livre sa préoccupation. « Les agents des travaux publics sont venus et ont expliqué le processus de réaménagement. Mais plus de six mois se sont écoulés, et nous continuons à attendre que l’on fasse quelque chose », dit-il. « La période cyclonique est pour bientôt, les pluies qui vont se déverser sur le pont causeront sans doute son effondrement», ajoute-t-il. Parallèlement à la rue Vincent prolongée de Delmas 42, à quelques mètres de l’hôtel Villa Impérial, les propriétaires sont en larmes et prient. Pelles, marteaux, sable, ciment, fer, les maçons tentent de rajuster le soubassement des maisons afin qu’elles ne soient pas être emportées par les averses qui ont détruit le pont conduisant à Delmas 48 et à Bourdon. Une situation qui provoque un sentiment d’insécurité chez les riverains. Alix, ce septuagénaire, informe que plusieurs compagnies locales et étrangères ont promis de réhabiliter le pont et de curer le ravin. « Depuis plus d’un an, ces promesses sont restées lettre morte », affirme-t-il. Inquiet, Alix croit que l’État doit faire quelque chose avant que la situation n’empire.
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