Le représentant de l’OEA demande d’arrêter de jouer avec Haïti

22 décembre 2010

METRO MONTREAL

L’ambassadeur Ricardo Seitenfus est en train de payer très cher ses critiques envers l’ONU et les ONG. « On ne résout rien, on empire », avait déclaré le représentant de l’OEA, dans une entrevue au quotidien suisse Le Temps, en début de semaine.

Moins de 24 heures après cette sortie, l’organisation hémisphérique a envoyé un ordre de rappel avec effet immédiat à son ambassadeur qui s’est montré trop bavard. En effet, Seitenfus s’est vidé le cœur sans retenue sur la situation en Haïti.

Ricardo Seitenfus a surtout insisté sur la manière dont la communauté internationale gère sa relation avec Haïti depuis 2004, avec des incursions dans l’histoire. Pour lui, la MINUSTAH n’est pas la solution qui convient à la situation actuelle, car le pays ne connaît pas de guerre civile, donc ne représente pas une menace pour ses voisins. Il croit qu’Haïti a été l’objet d’une attention négative de la part du système international.

Dans cette entrevue extrêmement bien ficelée, le fonctionnaire de l’OEA trouve le temps de revenir sur la vérité historique à l’origine du sous développement de ce pays qui a commis l’inacceptable en 1804. L’indépendance de l’île est un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet. « Le péché originel d’Haïti sur la scène mondiale, c’est sa libération ».

L’ambassadeur Seitenfus, avec une pointe d’ironie, se demande comment l’ONU peut déployer une mission de stabilisation, dans un pays où il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir. Il évoque le taux de chômage, qui avoisine les 80%, pour dire que le drame est avant tout socio-économique et que l’opération de paix permet de fermer les yeux sur les vrais défis.

L’aide d’urgence est aussi dénoncée par le diplomate, car en devenant structurelle, elle devient inefficace et enlève ses missions à l’État. En bout de ligne, on assiste à une déresponsabilisation collective. Le lien est clairement établi entre la force des ONG et la faiblesse de l’État haïtien « une relation maléfique ou perverse ». Et, c’est là qu’il lâche la bombe en affirmant que « s’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est Haïti ».

S’il y a une chose que la communauté internationale devrait prendre le temps de comprendre c’est l’âme haïtienne. « Les coopérants sont pressés et Haïti est trop complexe pour des gens pressés », a dit très justement Ricardo Seitenfus.

Cette sortie au vitriol du représentant de l’OEA en Haïti m’a fait enlever de la poussière sur deux livres. La grande Désillusion de Joseph Stiglitz, cet ancien vice-président de la Banque Mondiale qui a crié un jour « La mondialisation, ça ne marche pas… pour les pauvres du monde » et J’ai serré la main du diable de Roméo Dallaire, l’ancien commandant des forces onusiennes au Rwanda, lors du génocide, qui a dénoncé « la faillite de l’humanité ».

Cela suffit de jouer avec Haïti ferait aussi un bon titre de livre et compléter une trilogie de drames qui démontrent les vrais enjeux et les intérêts des pays développés face au monde en développement. Mais, ce serait encore beaucoup mieux si cela pouvait servir de cri de ralliement pour les Haïtiens qui diraient finalement ses quatre vérités à cette communauté des affaires humanitaires.

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2 thoughts on “Le représentant de l’OEA demande d’arrêter de jouer avec Haïti

  1. La vérité fait mal. La MINUSTAH n’est pas en Haïti pour la stabilité d’Haiti, au contraire, la MINUSTAH veulent déstabiliser Haïti, c’est la sécurité d’emploi d’appel!

  2. Merci Ricardo…Il a dit a voix haute ce qu’on dit dans les coulisses…Les Nantions Unis n’ont vraiment rien a foutre en Haiti. qu’ils aillent tous se faire enculer.

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