La Minustah à la recherche d’un nouveau mandat

Le Conseil de sécurité doit examiner bientôt le dernier rapport du secrétaire général de l’ONU relatif aux activités de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).

Le rapport en question a été transmis le 25 août dernier au Conseil de sécurité qui va décider ou non du renouvellement du mandat de la Minustah qui entretient des rapports tendus avec une bonne partie de la population depuis un certain temps. L’introduction du choléra dans le pays par des soldats népalais ajoutée au viol présumé de plusieurs soldats uruguayens sur le jeune Johny Jean sert de prétexte à des groupes de la population pour exiger le départ de la Minustah.

La Minustah croit pourtant contribuer jusqu’ici à la stabilisation du pays dans le cadre du mandat qui lui a été confié. Dans le domaine politique, le Secrétaire général de l’ONU se réjouit de la passation pacifique des pouvoirs en mai dernier d’un président démocratiquement élu à un autre appartenant à l’opposition. Le nouveau président, plusieurs mois après son investiture, n’arrive toujours pas à doter le pays d’un nouveau gouvernement. Ce qui, selon le nouveau rapport de Ban Ki-moon, constitue un obstacle au travail de la Minustah. « L’impasse politique actuelle entre le président et le Parlement risque de saper les progrès politiques et d’aggraver l’état de la sécurité, et a constitué un obstacle majeur à l’accomplissement des tâches dont est chargée la Minustah », a précisé le rapport.

L’état de la sécurité, d’après le secrétaire général de l’ONU, est demeuré calme tout en restant fragile durant la période examinée, des troubles civils éclatant sporadiquement dans tout le pays à la suite du processus électoral. « La sécurité pourrait néanmoins se détériorer en cas d’impossibilité de sortir rapidement de l’impasse politique actuelle au moyen d’un accord politique fondamental », a laissé entendre Ban Ki-moon. Le rapport a fait état d’une tendance de l’aggravation de la grande criminalité, notamment les meurtres, les viols et les enlèvements. Ajoutant : « d’autres infractions, dont les vols à main armée ou non et les agressions, augmentent également ».

Les infractions, selon l’ONU, sont commises en majeure partie à Port-au- Prince et dans le département de l’Ouest. Les autorités onusiennes se disent préoccupées par la poursuite des activités des bandes organisées, dont certaines sont liées à des partis politiques et à des trafiquants de drogue.

La présence de la Minustah encore nécessaire.

Les militaires et les policiers de la Minustah ont continué de jouer un rôle essentiel dans le maintien de la sécurité et de la stabilité générale, en particulier durant la période postélectorale qui reste imprévisible », a souligné le rapport. En juillet, a poursuivi le texte, la Minustah a réussi une opération conjointe-militaire et policière – dans les quartiers de Cité-Soleil, Bel-Air et Martissant, à Port-au-Prince, afin de porter un coup d’arrêt aux activités des bandes organisées et d’aider les autorités haïtiennes à maintenir l’ordre. « Plusieurs membres de bandes organisées, ainsi que des évadés de prison, ont été arrêtés et la criminalité a depuis lors diminué dans les zones ciblées », a informé le secrétaire général de l’ONU dans ce dernier rapport sur Haïti.

En ce qui concerne la Police nationale d’Haïti, l’ONU estime que sa capacité à assurer une protection adéquate à la population civile a été renforcée grâce à la remise des diplômes aux élèves de la 22e promotion en mai 2011. « Bien que la Police nationale améliore lentement son efficacité, elle n’est pas encore à même d’assurer pleinement la sécurité intérieure, a jugé le secrétaire général des Nations unies. Ses moyens d’action sont sérieusement limités par le manque d’effectifs, de matériel de base et de soutien logistique. Elle ne dispose que de capacités nettement insuffisantes dans des domaines essentiels, surtout pour la gestion des frontières et la lutte antiémeutes. » Considérant ce tableau, l’ONU estime que la Police nationale a besoin de l’appui suivi de la Minustah pour faire son travail.

Riposte à l’épidémie de choléra

« Le 4 mai, le groupe indépendant d’experts sur l’épidémie de choléra en Haïti que j’ai nommé en janvier a terminé ses travaux et présenté son rapport et ses conclusions que j’ai rendus publics », a fait savoir Ban Ki-moon. Selon les conclusions du rapport de la commission d’experts, l’épidémie de choléra avait été causée par un concours de circonstances – dont la contamination du réseau d’affluents de Meyer de la rivière Artibonite par une souche pathogène de la bactérie vibrio choleræ de type asiatique, (sud asiatique) l’insalubrité des eaux et de l’hygiène et l’usage répandu des cours d’eau pour la toilette, la baignade, la boisson et la récréation – et non par la faute ou la malfaisance d’un groupe ou d’un individu.

Le rapport n’a pas fait mention des conclusions d’experts confirmant que le choléra a bel et bien été introduit dans le pays par les soldats népalais de la Minustah.
Jean Pharès Jérôme

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