La DCPR en guerre contre gyrophare, sirène et vitres teintées

cliquez pour agrandir Le commissaire divisionnaire, Will Dimanche, responsable de la DCPR (Photo: Francis Concite)

LeNouvelliste:

Haïti: Il est midi. A Pétion-Ville, le ciel est gris. Des policiers de la Direction de la circulation et de la police routière (DCPR) sont postés sur l’avenue Panaméricaine près du Ritz. Ils scrutent le trafic, guettant des conducteurs fautifs. Brusquement, un des agents fait signe de stopper une voiture de marque Nissan Patrol équipée de gyrophare. Après contrôle, les agents de la DCPR se mettent d’accord pour désinstaller le dispositif. Pinces coupantes, marteau, bande adhésive, et le tour est joué. Le conducteur s’est montré assez courtois. Le processus n’a pas duré. Le suivant. Un autre véhicule. Ainsi de suite. D’autres immatriculés Service de l’Etat sont également du lot. Ils n’y échappent pas. Apparemment. Parfois les gouttes de pluie font replier les policiers qui ne sont pas toujours équipés pour travailler dans de telles conditions.

Depuis quelque temps, l’utilisation abusive, voire non autorisée de gyrophare, de sirène et de vitres teintées est monnaie courante sur les routes haïtiennes. Surtout dans les embouteillages de la zone métropolitaine de Port-au-Prince. La Direction de la circulation et de la police routière mène des opérations dans plusieurs points pour ramener la situation à la normale. Will Dimanche appelle à la compréhension des uns et des autres pour rétablir l’ordre. Les opérations vont s’étendre aussi dans les villes de province suivant un agenda (prévu) à annoncer par la DCPR.

Sur les lieux, le commissaire divisionnaire Will Dimanche explique à qui veut l’entendre que la situation ne peut pas continuer ainsi. « Des conducteurs prennent le malin plaisir de se servir du matériel généralement utilisé par la police. Ils cherchent à se tirer des embouteillages », a-t-il fait savoir en montrant du doigt (à titre d’exemple) de nombreux véhicules qui respectent les prescrits de la loi. « Récemment nous avons arrêté des jeunes âgés entre 18 et 20 ans dont la voiture était équipée de gyrophare. Avant, on avait surpris un homme qui achetait des oranges à Pétion-Ville en pleine rue dont la voiture était munie d’un gyrophare qui fonctionnait le plus normalement du monde », a confié le responsable de la DCPR entouré de policiers de la direction dont il est responsable.

« Ministres, secrétaires d’Etat, directeurs généraux et autres officiels jouissent des privilèges liés à leur fonction, mais ce n’est pas permis à tout le monde », a précisé le patron de la DCPR. Il dit constater un grand désordre dans l’usage des gyrophares et des sirènes. « On ne saurait l’admettre », a lancé Will Dimanche en annonçant la multiplication des opérations du même genre.

« Les automobilistes ne comprennent pas que les vitres teintées constituent un indice pour se faire stopper par la police », a fait savoir Will Dimanche, qui confie que bon nombre d’enlèvements sont perpétrés par des ravisseurs conduisant des voitures à vitres teintées. Cependant, dit-il, la teinte est autorisée dans certains cas : pour les personnes atteintes de certaines affections de la peau ou ayant des difficultés oculaires. Dans ces situations bien précises, la teinte est modérée ou faible. Pas besoin d’exagérer au point où la police ne peut voir l’intérieur du véhicule, insiste le chef du service de la Circulation.

Par ailleurs des séances de sensibilisation sont prévues par la DCPR pour les chauffeurs impliqués dans des accidents sur les routes nationales. Le grand lancement est prévu aux Cayes le vendredi 11 mai. Cette ville est choisie en raison même du grand nombre d’accidents enregistrés sur la nationale numéro 2. Après les Cayes, la DCPR visitera le Cap-Haïtien pour le même motif.

Ainsi, après les notes de presse, les communiqués et les interventions dans les médias, la police a enfin décidé d’agir. Effectif réduit et manque d’équipements sont deux grands problèmes auxquels la DCPR doit trouver des solutions pour espérer agir efficacement. En attendant, les policiers se résignent à travailler avec les moyens du bord.

Dieudonné Joachim
djoachim@lenouvelliste.com

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