HAÏTI • Crise sanitaire en vue

Une petite fille transporte de l'eau dans le bidonville Cité Soleil, Port-au-Prince, 16 janvier 2010
Canada
The Toronto Star

© AFP

Une petite fille transporte de l’eau dans le bidonville Cité Soleil, Port-au-Prince, 16 janvier 2010

L’hygiène et l’eau potable sont déjà deux données rares en Haïti en temps normal. Aussi, dans les dramatiques circonstances actuelles, les dommages subis par les égouts et le système de distribution de l’eau entraîneront inévitablement une contamination fécale de l’eau. De nombreuses épidémies sont à prévoir, comme la typhoïde, qui peut tuer 20 % des personnes infectées, le choléra, la dysenterie, qui provoque des diarrhées souvent fatales en cas de pénurie d’eau potable, ou encore l’hépatite A, une maladie virale dont les effets se font sentir de manière prolongée. En cas de catastrophe, priorité absolue doit donc être donnée à l’approvisionnement en eau propre, de manière à limiter la propagation de ces troubles. Il est également possible d’assurer la prévention par la vaccination des survivants, ainsi que le traitement des malades avec des antibiotiques, si ces derniers arrivent à temps dans les régions sinistrées.

Le taux de mortalité infantile en Haïti est le plus élevé du continent américain. Environ 15 % des enfants meurent avant d’atteindre l’âge de 5 ans, la plupart des suites d’une maladie infectieuse. La pneumonie streptococcique et le tétanos infantile, par exemple, sévissaient déjà avant le séisme, et la poussière soulevée par les opérations de secours et les travaux de reconstruction les rendront d’autant plus problématiques. Les nouveau-nés et les jeunes enfants doivent pouvoir avoir accès aux antibiotiques pour que soient traitées ces pathologies fatales. En Haïti, la poussière contient un autre agent meurtrier : la maladie du charbon.

En mars 2009, l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont lancé une campagne de vaccination dans le but de protéger 1 million de mères et d’enfants contre la rougeole, les oreillons, la rubéole, la poliomyélite, la diphtérie, la coqueluche et le tétanos. Cette opération pourrait se révéler très bénéfique dans les semaines à venir, alors que les survivants s’entassent dans les camps. Néanmoins, seule la moitié environ de la population est immunisée. Voilà pourquoi la vaccination des enfants restants est cruciale pour prévenir les épidémies. Le paludisme est endémique en Haïti, et d’autres maladies transmises par les moustiques, comme la dengue, sont également répandues. Avec les nombreuses destructions, les habitants qui dorment à la belle étoile sont davantage exposés aux piqûres d’insectes. La livraison d’abris, de moustiquaires et de traitements antipaludéens est donc essentielle. Haïti connaît, par ailleurs, le taux le plus élevé de séropositifs en dehors de l’Afrique. Ceux-ci représentent environ 5 % de la population. Le sida y est la première cause de mortalité adulte. Il est fréquemment associé à la tuberculose, qui fait des milliers de victimes chaque année. Maintenant que le système de santé est anéanti et que les camps de réfugiés ne cessent de se remplir, la tuberculose risque de se propager et de constituer une bombe à retardement.

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