Etre invité à Davos, ça coûte cher !

Le Forum économique mondial, qui ouvre ses portes ce 26 janvier dans la station des Grisons, aura pour thème : “Des normes communes pour la nouvelle réalité”. Parmi les 2 500 participants attendus à cette 41e édition, 1 400 sont des patrons. Ils ont payé fort cher leur présence.

Chefs d’entreprise, responsables politiques et universitaires du monde entier se retrouvent à partir du 26 janvier à Davos, dans les Alpes suisses, pour le traditionnel Forum économique mondial – un rendez-vous enivrant qui mélange affaires, politique et champagne. L’événement attire une vaste palette de décideurs, du PDG de la banque JPMorgan au chanteur Bono, en passant par Georges Papandréou, le Premier ministre grec, qui viennent réfléchir à des solutions aux problèmes du monde. Bien entendu, la semaine sera en réalité consacrée pour l’essentiel à une chose : le “réseautage”.

Mais pour les dirigeants d’entreprises, être un homme – ou, d’accord, une femme- de Davos n’est pas vraiment bon marché. Avoir la possibilité d’être invité dans la station grisonne suppose d’être invité à adhérer au Forum économique mondial, une organisation suisse à but non-lucratif fondée par Klaus Schwab, un universitaire d’origine allemande qui a réussi à mettre sur pied une conférence mondiale dans la neige.

Il existe plusieurs niveaux d’adhésion : le premier coûte 50 000 francs suisses [38 600 euros]. S’y ajoute le billet d’entrée à 18 000 francs [13 900 euros], ce qui porte le prix total à 68 000 francs [52 500 euros].

Cette somme ne vous donne accès qu’aux séances destinées aux masses. Si vous voulez aussi participer aux réunions privées avec vos pairs, vous devez passer au niveau Industry Associate. L’adhésion coûte alors l’équivalent de 100 000 euros, auxquels il faut ajouter le billet d’entrée, ce qui porte le tout à environ 114 000 euros.

Comme la plupart des patrons n’aiment pas se déplacer tout seuls, ils se font parfois accompagner par un collègue. Mais il ne suffit pas, dans ce cas, d’acheter un billet supplémentaire :  il faut passer au niveau Industry Partner, qui vous coûtera la modique somme de 192 000 euros, auxquels vous rajouterez les deux tickets d’entrée, ce qui vous mène à près de 220 000 euros.

Et si vous voulez venir avec une suite, disons, de cinq personnes ? Là, il faut passer au niveau Strategic Partner – 385 000 euros. Ce n’est qu’une adhésion annuelle qui vous donne droit à cinq invitations maximum. Bien entendu, il faut quand même payer les billets, donc si vous êtes cinq, vous débourserez 454 000 euros. Cette année tous les Strategic Partners sont priés d’inviter au moins une femme pour diversifier la liste des participants.

Tous ces frais ne comprennent évidemment pas le voyage jusqu’en Suisse, les sorties et peut-être l’organisation d’un dîner ou d’un cocktail (car c’est là que ça se passe vraiment). La voiture et le chauffeur réservés par le Forum coûtent dans les 7 300 euros pour la semaine pour une Mercedes Classe S. L’hélicoptère de l’aéroport de Zurich à Davos ? environ 2 500 euros. Le Forum dispose toutefois d’un service de bus gratuit pour ceux qui se soucient de leur empreinte écologique.

Les grandes soirées, comme celle que Google donnera le 28 janvier, peuvent coûter jusqu’à 182 000 euros. L’an dernier, la société avait fait venir par avion l’orchestre et les barmen et lors d’une édition précédente, elle avait ouvert un bar à oxygène. Grâce à toutes ces dépenses, le Forum économique mondial est devenu une grosse entreprise. Selon son rapport annuel, il réalise environ 135 millions d’euros de chiffre d’affaires dont il dépense quasiment la totalité. (En gros, la moitié du budget est consacrée aux évènements et l’autre moitié, au personnel).

Mais toutes ces largesses seront peut-être bientôt passées de mode. L’un des participants, David Rothkopf [consultant, chercheur et commentateur américain], a écrit récemment sur son blog : “Toute cette entreprise est en train de s’étioler pour plusieurs raisons, toutes liées au fait que Davos se prête mal au réseautage.”

Et d’ajouter : “Steve Case, le fondateur d’AOL, m’a dit un jour, alors qu’on était au bar, au milieu du brouhaha du principal centre de conférence : ‘On a toujours l’impression de ne pas être au bon endroit à Davos, qu’une réunion plus intéressante a lieu quelque part dans un hôtel, et que c’est là qu’on devrait être. C’est comme si le vrai Davos se déroulait en secret quelque part.’

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