Après 178 ans, la Première église baptiste de Port-au-
Prince en danger

Le Nouvelliste | Publié le : 04 juin 2014

La Première église baptiste de Port-au-Prince est en danger. Des individus profitant des opérations de démolition de bâtiments au centre-ville ont tenté de vandaliser le temple situé à la rue de la Réunion. Les responsables de cette congrégation appellent à l’aide les autorités publiques pour sécuriser ce patrimoine national.

Mercidieu Moranvil

Comme promis par le secrétaire d’Etat à la Planification, Michel Présumé, la Première église baptiste de Port-au-Prince n’est pas concernée par le processus d’expropriation en cours dans le centre-ville. Ce haut lieu du protestantisme haïtien, classé patrimoine national, sera épargné de la démolition. Toutefois, le bâtiment situé à la rue de la Réunion est menacé de pillage. Des personnes sans aucun respect pour le sacré se sont introduites à l’intérieur de l’un des plus anciens temples de Port-au-Prince pour voler des chaises, du matériel électronique et arracher des bancs

« Nous sommes en danger par rapport à la façon dont se fait la démolition des bâtiments au centre-ville », a déclaré le pasteur de la Première église baptiste de Port-au-Prince, Josué Mathieu, très préoccupé par la menace qui plane sur cette ancienne congrégation. Nous sommes devenus très vulnérables face aux menaces de pillage, de vandalisme; c’est notre plus grand problème aujourd’hui ». En effet, le pasteur témoigne que des personnes auraient commencé à démolir une partie du temple qui reçoit les classes de l’école dominicale.

« Nous sommes très tendus. Il s’agit de 178 ans d’archives, de mémoire, de mariages, de décès, de baptêmes, de naissances qu’abritent les locaux de l’église, qui va célébrer ses 180 ans d’existence dans deux ans », a dit le pasteur Mathieu, intervenant à l’émission Panel Magic, mardi matin. La plupart des maisons qui entouraient l’église ont été rasées entre samedi et mercredi. Le bâtiment est exposé dans ses différentes façades donnant sur les rues de la Réunion, de l’Enterrement, Saint-Honoré et du Champ de Mars.

Cette situation est la même pour les bâtiments des autres institutions dans la zone où se déroulent les opérations de démolition. Des personnes qui veulent récupérer les restes des matériaux des maisons démolies s’arrogent le droit de s’attaquer aux biens privés. Une situation qui donne lieu à des actes de pillage et de vandalisme.

Plusieurs institutions craignent d’être attaquées par ces casseurs. « Je ne vois pas les autorités au centre-ville, ce sont plutôt des bandes de casseurs, de pilleurs, de voleurs, armés de marteau, pinces à clou, toutes sortes d’outils capables de détruire, en train de s’attaquer aux biens d’autrui », selon le pasteur Mathieu.

Le responsable du collège pastoral de l’église baptiste dit que « c’est la fidélité de Dieu qui a épargné les locaux de la Première église baptiste des envahisseurs. « Ils ont pénétré à l’intérieur de l’église, arrachant les sièges. Nous avons échappé de peu au pillage ». Le pasteur critique surtout la méthode utilisée par les autorités pour réaliser les opérations de démolition. En effet, personne dans le coin n’a été averti du déclanchement de ce processus. Une démarche qui aurait pu aider les concernés à se mettre à l’abri.

« Je n’ai pas été averti par les autorités du début des activités de démolition pour le 31 mai. A cause de l’état de la zone, les gens qui devaient assister au mariage le samedi écoulé ont eu beaucoup de difficultés à arriver à l’église », a dit le pasteur.

C’est sous beaucoup de pressions que s’est tenu le culte du 1er dimanche du mois de juin. Pour le pasteur, l’assemblée fait un travail communautaire, elle devrait être tenue au courant de cette initiative pour protéger les archives qui relèvent de l’intérêt de la communauté haïtienne.

Plus loin, le pasteur a lancé un appel aux forces de sécurité, à toutes les branches des pouvoirs de l’Etat et à chaque citoyen de la ville de Port-au-Prince pour aider à sauver ce patrimoine en danger. Il revient à l’Etat qui détient tous les moyens d’assurer la sécurité du temple en danger, a indiqué le pasteur. « Nous sommes en train de reconstruire, mais nous devons aussi protéger notre mémoire, notre patrimoine. Il faut protéger cette communauté. C’est ce que je demande aux décideurs, au nom de la communauté de la Première église baptiste de Port-au-Prince », a conclu le pasteur Josué Mathieu.

Louis-Joseph Olivier

ljolivier@lenouvelliste.com