Elections-Le devoir accompli

Le devoir accompli

Le gouvernement haïtien a donné au monde entier une belle leçon de démocratie. Evitant tout discorde, tout dérapage, les autorités haïtiennes ont fait ce qu’il fallait faire deux mois auparavant, lors des premiers tours des législatives. Aucun désordre, aucune tractation, aucun incident majeur. Toute Haïti s’est réveillée avec le sentiment d’un pays prêt à assumer son avenir. Prêt à s’engager dans le processus réel de développement.

Le 25 octobre 2015, la surprise a été totale aux yeux du monde. La presse haïtienne (radios, télés) notamment, puis celle étrangère qui a toujours été réticente, ont grandement contribué au succès de cette journée en permettant au monde d’être bien informé de la situation électorale en Haïti. Rfi, Huffington Post, Lapresse.ca, Listin Diario, le Nouvelliste, Alter Press, HPN, Haiti Libre, La Voix de l’Amérique (VOA), Radio Canada, les réseaux haïtiens de droits de l’homme, tels que RNDDH, POHDH, les instances d’observation internationales, l’OEA, l’Union Européenne, ont à l’unanimité reconnu le caractère pacifique des élections présidentielles du 25 octobre 2015, et apprécié le travail du Conseil Electoral Provisoire (CEP).

La population haïtienne a occupé la rue en grand nombre pour se rendre aux urnes. Les centres de vote ainsi que les bureaux étaient en majorité ouverts à l’heure. L’ambiance bon enfant a permis à plusieurs centaines de milliers de citoyens de voter librement, sans intimidation ni peur. La présence en grand nombre de la Police Nationale d’Haïti (PNH) ainsi que l’accompagnement de la MINUSTAH, ont hautement contribué à la sérénité de cette journée électorale.

Les partis politiques qui ont d’ailleurs été avertis quant à leurs attitudes lors du premier tour des législatives, au mois d’août, ont montré une plus grande maturité, en évitant le dérapage habituel, et dans les actes perpétrés au sein et aux alentours des centres de vote, et dans les prises de parole dans les médias. Jusqu’au soir, aucun candidat ni leader de partis politiques n’a contesté le bon déroulement du scrutin.

La veille des élections, quelques anciens candidats traditionnels à la Présidence, parmi eux des jusqu’au-boutistes et turbulents tels que André Michel et Mirlande Manigat qui ont d’ailleurs promis la violence à partir de la mi-journée électorale, n’ont pas été entendus. La population a refusé de prendre part aux malversations suggérées par André Michel et Simon Dieuseul Desras.  Tôt dans la matinée du 26 octobre, Desras a encore essayé de vandaliser les intentions de la population haïtienne, sans aucun respect pour son propre candidat qu’il a affirmé supporter.

Aujourd’hui, les yeux du peuple haïtien sont mieux ouverts. Ce qui s’est passé ce 25 octobre ne dit pas encore grand-chose par rapport aux efforts qu’il reste encore à faire sur le chemin de la démocratie, mais c’est déjà un pas gigantesque prouvant que nous pouvons faire mieux. Personne ne se laissera donc intimider par les politiciens traditionnels.

Les candidats en tête de liste sont ceux qui avaient un programme et qui pouvaient le vendre à la nation haïtienne. Si la vision politique est claire et bien définie, le peuple en prendra carrément note, et contre toutes manipulations, votera en faveur de cette vision, mais si celle-ci est brouillée et que, pour une raison ou pour une autre, le candidat n’a pas suffisamment vendu son programme, fuyant tous débats, la population ne pourra pas réagir.

Les candidats Jude Célestin, Jovenel Moïse, Moïse Jean Charles et Maryse Narcisse, ont pendant les deux dernières semaines occupé les sondages, c’est justement parce qu’ils ont mené leur campagne comme ils le devaient. Et si l’un est plus en force que l’autre, c’est dans la manière de vendre la vision. Les deux dernières semaines, le candidat du Parti au pouvoir, PHTK, a attesté une grande remontée dans les intentions de vote par rapport à son dépassant Jude Célestin du parti LAPEH. Pourquoi ? Parce que ce dernier a malheureusement fui les débats, laissant la population confuse, sans aucune idée de son véritable programme, alors que le premier a insisté sur les détails de sa stratégie, relatant chaque point, définissant chaque rôle.

Le peuple haïtien a compris et n’a pas choisi le désordre, parce qu’aujourd’hui, son heure a sonné. Il ne veut plus jouer avec son avenir, pour faire plaisir à des politiciens pour une poignée d’argent. Il a sorti dans le calme et a choisi librement. Il attend donc patiemment le verdict.

Rachelle DESROULEAUX
Correspondante spéciale
Métro-Québec, Haïti

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