CNE ou Corruption Nationale Ehontée

Qui se ressemble, s’assemble. Un Osner Févry qui apporte son appui à la candidature du poulain de René Préval, c’est l’application normale de loi d’attraction. Un move zafè ne peut que se sentir attiré par à un autre move zafè. Et c’est normal. Entre le trafiquant de gaz au Palais sous Boniface et l’autre trafiquant de carburant au CNE, l’un trouve normal d’aider l’autre, afin d’atteindre les profondeurs de la caverne d’Ali Baba, la conception ultime du pouvoir, selon eux. Il faut dire que le train de l’INITE à bord duquel vient de s’embarquer le dernier move zafè reconnu et patenté n’a pas cessé d’attirer d’autres move zafè de la ville. Cela dit long sur la nature de ce qui se prépare sous nos yeux, avec la complicité d’un Préval, jadis considéré comme un produit de la mouvance démocratique de l’après 1986.
Seul maître à bord, il est en train de se faire la cheville ouvrière d’une équipe dont l’objectif ne vise qu’à la perpétuation du schéma colonial en application dans le pays depuis après Octobre 1806. Au fond, puisque l’opération ne dispose d’aucun support idéologique en dehors de l’enrichissement illicite, il importe de dénoncer dès maintenant la reconstitution d’une milice politique qui doit devenir le bras armé du régime qui sera issu du troisième mandat de Préval.
Un grand mangeur derrière les rideaux de travaux publics
Froid calculateur, l’actuel président haitien doit être vu comme quelqu’un qui planifie ses coups fourrés, alors que tout le monde sommeille. Il est l’homme qui surprend et parvient souvent là où on l’attendrait le moins.
Tout a commencé avec la mise en place du CNE par Préval en 1997. L’homme qui fut appellé pour devenir son premier directeur, Jude Célestin, est devenu rapidement, l’homme qui fait tout pour lui derrière les rideaux. Devenu une excroissance de l’Etat, le CNE roule des fonds sans rendre compte à personne d’autre que Préval. Et cela, derrière les rideaux opaques des appartements privés du Palais National. Entre temps, tant dans son entourage que dans le public et dans la communauté diplomatique, Préval est perçu comme un homme propre, intouchable au vol et à la corruption. Son apparent détachement pour les apparats et privilèges du pouvoir ont allègrement allègrement cette perception.
Mais son homme à tout faire dont les bureaux sont installés à Varreux dans l’ancien local du SEPRRN, roule sur l’or. A l’époque du développement du CNE, le pays ne disposait pas de Premier Ministre. Le président dirigeait avec un cabinet réduit à neuf ministres. En Haiti, le ministre des Finances se plie aux quatre volontés du président. C’est dans ce contexte que le directeur du CNE soumettait ses réquisitions qui étaient exécutées presto illico, en dehors de tout mécanisme de contrôle y compris celui prévu par les lois de la République, la Cour Supérieure des Comptes. De fait, Préval qui, dans son discours du 18 Mai 1997, avait dénoncé l’émergence des grands mangeurs au sein du pouvoir Lavalas post 1994, a pourtant produit dans l’ombre de son pouvoir, un grand mangeur dénommé Jude Célestin.
Constitution d’une milice en perspective
Et les poches de son protégé débordaient de l’argent détournés et autres malversations à la tête du CNE. Il fallait le protéger. En le faisant, il protégeait ses projets sont pour le futur. C’est ainsi que, de concert avec les responsables de la Sécurité Publique, et sous la dictée personnelle de Préval, le service de sécurité du CNE fut organisé. Ainsi, il fut ordonné de sortir des dépôts du Palais, un lot d’armements dont  14 T-65, 12 Galil, 10 Uzis qui fut livré au directeur du CNE. Cela devait servir à l’organisation de la sécurité physique des équipements de l’institution. A Varreux, l’enceinte du CNE était bien gardée par des agents habillés en noir ainsi qu’un détachement de policiers, des fois habillés en tenue civile.
Lorsqu’Aristide retourna au pouvoir en 2001, il a été décidé de limiter les marges de maneouvres du protégé que Préval lui avait recommandé, avant son départ, de protéger lui aussi. Raison? Une information qui circulait dans les couloirs de Tabarre que l’homme fut un NINJA anti-Lavalas. Vrai ou Faux, le bruit continue à circuler jusqu’aujourd’hui dans les parages du Palais National. Ceci semblait avoir motivé Aristide à le garder à l’oeil. Après avoir accepté, pendant plus d’un an, de partager ses espaces de pouvoir et surtout d’être contrôlé, il abandonna le poste qu’il semblait adorer tant.
Et les armes? Selon nos sources, Aristide exigea que les armes soient retournées au Palais en faisant appeller Jude par les services de sécurité. L’ordre ne pouvait que difficilement être exécuté en raison des contradictions internes du pouvoir. Le directeur général de la Police Nationale était un homme qui semblait porter une certaine affection particulière pour Préval, ayant été son chef de sécurité pendant quatre ans. Quand Aristide pressurait pour faire retourner les armes au Palais, la nouvelle qui parvenait finalement à l’oreille de l’ancien président fut que Jude fit savoir que les armes se trouvaient à Marmelade, sous contrôle de Préval pour sa sécurité personnelle. Aristide semblait y voir un piège tendu par son ancien marassa. Il fit marche arrière, tout en cherchant à éviter un clash dans sa propre arrière-cour. La distribution massive d’armes par les manitous de l’INITE dans l’actuel contexte electoral, doit être considérée comme une prélude à la constitution de futures milices qui auront pour objectif de défendre le pouvoir que Préval et sa petite mafia locale aura forcé l’installation avec l’aide d’un CEP déjà mis en coupe réglée.
Cela puait tellement au CNE
En constituant des dossiers sur le CNE, il a été révélé des situations très louches sous la direction de Jude à la tête de l’institution de Varreux. Les copies de chèques d’employés inexistent ou chèk mò commençaient à s’empiler. Le placement du bureau du Chef de Mission désigné par Aristide dans le carré même de Jude, mit fin à des pratiques relevant de ses droits de cuissage sur les employés féminins de l’entreprise. “Après les heures de bureaux, il faisait venir dans son carré trois ou quatre employées à orientation sexuelle irrégulière afin d’exécuter quelques numerous pour son plaisir dépravé” nous a raconté une source qui avait vu les dossiers de très près.
Il était devenu au courant qu’au cours de la dernière année de son premier mandat, Préval exigea de l’administration du Palais le transfert dans les caisses de la CNE, une somme devant servir à l’achat de 7 véhicules blindés tout-terrains. De ces véhicules commandés par le directeur du CNE, deux seulement entra dans le parc automobile du Palais. Tout le monde constata qu’il circulait dans l’un d’entre eux. Et les quatre autres? Ce qui a fait dire à plus d’un aujourd’hui que le sigle CNE devait plutôt être traduit par Corruption Nationale Ehontée.
Norluck Dorange

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