Affaire Clifford Brandt : des armes de guerre confisquées.

Le Nouvelliste | Publié le : 2012-10-29
Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
Clifford Brandt a fourni des renseignements à la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) qui ont permis de remonter d’autres filières. Des armes de guerre ont, entre autres, été confisquées samedi chez Edner Comé, un ex-inspecteur de police activement recherché. Les opérations policières n’ont pas cessé…et l’enquête se poursuit.
Une vue des armes confisquées
Une vue des armes confisquées

Clifford Brandt, arrêté le lundi 22 octobre pour son implication dans l’enlèvement de Coralie et de Nicolas Moscoso sur la route de Bourdon le 16 du même mois, a passé sa sixième nuit à la prison civile de Carrefour, communément appelée Oméga. Aucun présumé kidnappeur n’a suscité autant de débats dans l’opinion publique depuis l’explosion de ce phénomène en 2005 dans le pays. La cause : Clifford Brandt est membre d’une des familles les plus riches d’Haïti. Autrement dit, membre d’une famille célèbre de l’élite économique du pays.

Dans le cadre de ce dossier qui défraie la chronique, des armes de guerre, d’importantes quantités de munitions, des reçus de transactions bancaires ont été confisqués, samedi, au numéro 2, rue Lespinasse, Delmas 75, chez l’ex-inspecteur Edner Comé (activement recherché), au cours d’une opération menée par la police. D’après un membre de la police judiciaire, ce sont les déclarations de Clifford Brandt, 40 ans, et d’autres renseignements qui ont permis de remonter la filière.

Le même samedi, les autorités judiciaires étaient également à l’oeuvre. Elles ont apposé les scellés sur la Compagnie haïtienne de moteurs, à Delmas 2, que dirigeait Clifford Brandt. Là où il a également trouvé son arrestation. Selon une source du journal, l’un des avocats du présumé kidnappeur, a expliqué que la Compagnie haïtienne de moteurs est une société anonyme et que l’apposition des scellés est illégale. Il a sollicité un référé à ce sujet.

De leur côté, les autorités policières ne cessent de se féliciter du fait de ce « gros requin » pris dans leurs filets. « Ce n’est pas que je ne sois pas bavard, mais je préfère travailler. C’est le résultat qui est important », a déclaré le directeur général de la police, Godson Aurélus, qui dit « travailler pour mettre de l’ordre dans le pays ».

Dans cette affaire, de simples agents ainsi que de hauts gradés de l’institution policière seraient également impliqués. « (…) C’est dans le domaine du possible. Si une personne [Clifford Brandt] de ce niveau pratique des enlèvements, il est fort probable qu’il y ait des policiers avec lui, des personnes qui connaissent les rouages, lui permettant de contourner la police assez facilement », reconnaît le porte-parole de la police nationale, le commissaire Frantz Lerebours.

Afin de garder une certaine discrétion à cette phase de l’enquête, M. Lerebours n’a pas voulu citer de noms. « Il est probable qu’il y ait des policiers qui soient arrêtés dans le cadre de cette affaire », a indiqué le porte-parole de la police. Et concernant la rumeur faisant croire que 265 policiers seraient impliqués dans cette affaire, Frantz Lerebours a fait savoir qu’il s’agit de « pure intoxication ».

Toutefois, une mesure conservatoire a été prise à l’encontre de trois policiers dans le cadre de l’enquête. Il s’agit de Marc Arthur Phébé, chef de la sécurité attachée à la présidence (CAT team), Jacques Darly (Brigade criminelle) et Frantz Aristil (commissariat de Port-au-Prince). La Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) interroge ces derniers sur les relations qu’ils entretenaient avec Clifford Brandt.

Arrêté le lundi 22 octobre, Clifford Brandt est incarcéré à la prison civile de Carrefour après avoir été auditionné brièvement au parquet du tribunal de première instance de Port-au-Prince, le jeudi 25 octobre. Quatre autres personnes, dont Sawadienne Jean (secrétaire de M. Brandt) ainsi que Franck Sintériné, qui serait le mari de Sawadienne, ont été également auditionnés avant d’être conduits au commissariat de Carrefour, désormais hautement sécurisé.

Aux questions des journalistes demandant pourquoi M. Brandt n’a pas été enfermé de préférence au pénitencier national, le commissaire du gouvernement a.i. près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Gérald Norgaisse, a répondu : « Nous avons un dossier très sensible, il y a des dispositions de sécurité à prendre (…). Nous avons donc pris les dispositions qu’il faut. »

Clifford Brandt ainsi que ses quatre complices ont été arrêtés pour « enlèvement et séquestration contre rançon, trafic illégal d’armes à feu, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, menaces de mort au préjudice de Réginald Delva, secrétaire d’Etat à la Sécurité publique, usurpation de titre, faux et usage de faux, contrefaçon et association de malfaiteurs ».

Valéry Daudier vdaudier@lenouvelliste.com
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