Affaire Brandt : Le laxisme des autorités mis à nu

Depuis plusieurs années, l’industrie du kidnapping fonctionne à plein régime. Mais rien ne laissait présager que des personnalités aussi bien cotées du pays avaient des connexions avec ces criminelles qui endeuillent et appauvrissent les familles haïtiennes. Du Nord au Sud, au cœur du pouvoir, dans l’administration publique et privée les assassins ont tissé leurs toiles et se donnent les moyens pour opérer en toute quiétude grâce à la complicité des autorités et des organismes de sécurité.
16/11/2012

Depuis plusieurs années, l’industrie du kidnapping fonctionne à plein régime. Mais rien ne laissait présager que des personnalités aussi bien cotées du pays avaient des connexions avec ces criminelles qui endeuillent et appauvrissent les familles haïtiennes. Du Nord au Sud, au cœur du pouvoir, dans l’administration publique et privée les assassins ont tissé leurs toiles et se donnent les moyens pour opérer en toute quiétude grâce à la complicité des autorités et des organismes de sécurité.

Les autorités étaient au courant

L’affaire Brandt aura donc permis de comprendre le mécanisme de fonctionnement du plus grand gang de «kidnapping de la Caraïbe » et la passivité de l’État haïtien qui livre la population en proie à l’action de ces bandits. Grâce au rapport publié par le Réseau national des droits humains (RNDDH), qui jouit d’une grande notoriété dans la société, la population sait aujourd’hui que les autorités judiciaires et policières étaient au courant du lieu de séquestration des jeunes Moscoso. Pourtant, elles ne voulaient nullement intervenir pour sauver ces deux vies et aider cette famille attristée. N’était-ce les pressions exercées par certains gros bras de l’international proche des Moscoso, cet énième Kidnapping serait resté non élucidé. Cette personnalité de l’administration américaine, qui a fait injonction aux autorités haïtiennes de secourir les victimes, mentionnée dans le rapport du RNDDH serait Hilary Clinton. Coralie et Nicolas Moscoso devaient être assassinés. Clifford Brandt n’envisageait nullement de les libérer. De plus, cette famille aurait été dépouillée de deux millions cinq cent mille dollars américains. Combien d’autres victimes innocentes, qui n’ont aucun ami bien placé aux États-Unis, ont été abandonnées à leur sort et se sont fait tuer à cause de la complicité des autorités ?

Elles sont nombreuses. L’inquiétude des citoyens relative à la sécurité trouve donc fondement dans cette affaire. D’autant que l’entourage du Président de la République pullule de malfrats. Clifford Brandt détenait une carte du Palais national qui l’identifierait comme un conseiller de M. Martelly. Le chef de la Police ne dément pas. Il affirme toutefois que cette carte est fausse. Mais, pourquoi parmi les objets saisis par la police et qui ont été exposés au grand public, aucune mention de cette carte n’avait jamais été faite ? La cacophonie des autorités qui a suivi le rapport du RNDDH témoigne de l’imputabilité de certains éléments hauts placés de l’État dans ce dossier et dans l’insécurité grandissante dans le pays.

Le chef du Cat Team, Marc-Arthur Phebe, fait partie de la bande. Pourtant le corps qu’il dirige est chargé d’assurer la sécurité du chef de l’État. Il percevait un montant de 220 mille gourdes, par mois, pour les services rendus à M. Brandt. Dans son sillage, quatre autres policiers profitent de cette organisation et de cette manne qui se déversait pour arrondir leur fin de mois. Leurs noms et grades : Jacques Darly Michelais, A4, Fritz Aristide, A4 ; Oneste Gabelus, A3 ; Gérald Fontelus, A1. Ils percevaient des prestations allant de 7500 à 15000 gourdes.

Les autorités qui gravitent autour de ce dossier sont nombreuses et étaient au courant des données et de la localisation des bandits. Ceux-ci se trouvaient sur une plage, rapporte-on. Peut-être célébraient-ils le grand coup qu’ils venaient de réaliser. Même l’inspecteur Edner Comé, aujourd’hui en cavale, aurait pu être arrêté. Ces malfrats ont les bras longs. Selon Pierre Espérance, le Palais national entendait libérer les policiers impliqués dans l’affaire, notamment le chef du Cat Team, Marc-Arthur Phebe. La liste des complices est encore longue, et les révélations de M. Brandt, dit-on, accablent de nombreuses personnalités. Les événements qui ont suivi l’arrestation de l’homme d’affaire en attestent. Deux policiers se sont déjà fait tuer, dont Yves Michel Bellefleur. Ce dernier détenait des informations précieuses pour l’avancement de l’enquête, ce serait la raison de son assassinat si nous devons croire le RNDDH. Ce gang qui verse dans le kidnapping a également d’autres champs d’activité. Il est aussi impliqué dans le trafic d’armes à feu. Ainsi, envoie-t-il régulièrement de l’argent aux Etats-Unis d’Amérique pour l’achat de nouvelles armes qu’il fait entrer au pays à l’intérieur de grands haut-parleurs. Ils disposent d’armes modernes pour mener à bien leurs activités. Les saisis opérés font état de : Trois Galil. Un FAL. Un M16. Un Uzi. Cinq pistolets dont deux Gluck, deux Beretta. Un revolver. Un magnum 357. Trente-huit chargeurs avec munitions.

Le RNDDH s’inquiète du traitement du dossier Brandt et lance un appel à la vigilance afin que justice soit faite. En effet, après son audition, l’homme d’affaires a été conduit à la prison civile fraichement inaugurée à la Croix-des-Bouquets muni de son téléphone portable. Pourquoi faire ? Traitement de faveur. Marie Yolène Gilles sonne la sonnette d’alarme et veille au grain, afin d’éviter que l’épisode vécu dans l’affaire Stanley Handal ne se répète.

Depuis la publication de cette enquête, les réactions pleuvent. Le secrétaire d’État, Réginald Delva dément certaines affirmations du RNDDH. Pierre Espérance réaffirme la véracité des faits inscrits dans ce rapport, notamment les liens qui existent entre certains éléments de l’entourage du pouvoir avec le gang de Brandt. M. Espérance menace de faire d’autres révélations, si la crédibilité de son organisation est remise en question par les autorités. Notamment, il pointe du doigt le comportement des responsables dans l’affaire de Calixte Valentin qui ne restait pas forcément dans sa cellule, les soirs, au Canapé-vert. Il aurait bénéficié de la complicité du secrétaire d’État, a fait remarquer Pierre Espérance.

Tout n’est pas rose. Au contraire, l’État parait être Kidnappé par les bandits. Les omissions du RNDDH sont attendues. Entre-temps, la population attend impatiemment le dénouement de cette affaire, et veille au grain. Ce dossier sera forcément déterminant sur la fin du mandat de Michel Martelly.

Lionel Edouard
doulion29@yahoo.fr
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2 thoughts on “Affaire Brandt : Le laxisme des autorités mis à nu

  1. My goodness!

    In a jail cell with his cell phone so that Brandt can coordinate things with his criminal associates.

    When you lock someone up you should cut communications – completely!! This allows a proper investigation to move forward.

    If the authorities do not want to cure the disease, let Brandt out of jail and forget the entire matter.

    Brandt, and any others arrested, should be interrogated in isolation, with no press releases as to what has been said.

    Of course, in Haiti, this is an impossibility.

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