Abattu froidement par un policier dans l’enceinte d’une faculté

Le Nouvelliste | Publié le : 2012-11-12
Valéry Daudier
Des étudiants ont manifesté lundi pour réclamer justice pour leur camarade, Damaël D’Haïti, tué par balle samedi soir par Pierre Paul Masséus, un agent de l’Administration pénitentiaire nationale (APENA). Un mouvement de panique a donc régné au milieu de la journée dans l’aire du Champ de Mars où des barricades enflammées ont été érigées. Pour calmer la tension des étudiants en colère, les forces de l’ordre ont riposté par des tirs.
Barricades enflammées dans l'aire du Champ de Mars
Barricades enflammées dans l’aire du Champ de Mars

La traditionnelle fête d’intégration des nouveaux admis à la Faculté de droit et des sciences économiques (FDSE) a tourné au cauchemar samedi soir. Après avoir chanté et dansé au rythme des artistes invités en la circonstance, dont « BIC », les étudiants allaient pleurer à la fin. Le policier Pierre Paul Masséus a gâché la fête.

Ce dernier a abattu froidement l’étudiant finissant Damaël D’Haïti, 24 ans. Atteint mortellement à la tête, Damaël, qui a été transporté en urgence à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), n’a pas survécu. Le présumé meurtrier, qui s’est rendu à l’HUEH après avoir changé de vêtements, a été identifié par les étudiants présents qui l’ont capturé et remis à la police.

Mécontents, les étudiants entament depuis dimanche un mouvement de protestation contre ce crime crapuleux produit dans l’enceinte même d’une entité qui est un espace inviolable. Le lundi 12 novembre, un vent de panique a soufflé dans l’aire du Champ de Mars où des barricades de pneus enflammées ont été érigées, des poubelles renversées dans certaines rues où la circulation automobile a été paralysée.

Arrêt de travail de 24 heures à l’UEH

Condamnant énergiquement l’assassinat de l’étudiant, le rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti entend observer un arrêt de travail ce mardi en signe de protestation. « Au moment il s’apprêtait à aider sa famille, un policier lui a enlevé la vie », a déploré le recteur Jean Vernet Henry.

«C’est une situation qui nous bouleverse beaucoup à l’Université. C’est une perte pour l’université, pour le pays et pour sa famille. Il faut que justice soit rendue à l’étudiant, et réparations à sa famille. Il est temps que l’université cesse de compter des cadavres », a poursuivi le recteur.

Afin de s’assurer que le dossier ne soit pas classé sans suite, le rectorat a mis sur pied une commission formée de deux étudiants de la FDSE, du doyen ainsi que des avocats Monferrier Dorval, Aviol Fleurant et Péguy Michel qui sont tous  membres du service juridique de l’université.

De son côté, le chef du parquet de Port-au-Prince, Me Lucmane Délille, appelle au calme. « Pas de panique. L’action publique a été mise en mouvement. C’est extrêmement inacceptable et révoltant. La loi sévira avec la plus grande rigueur dans ce dossier », a déclaré Me Délille.

Selon le porte parole de la police, Frantz Lerebours, le présumé meurtrier est aussi un étudiant de l’Université d’Etat d’Haïti. Ce dernier est en train de répondre aux questions de la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), notamment sur l’arme en sa possession. « Le policier n’aurait pas être en possession d’arme à feu, car il appartient à la dernière promotion de la police qui n’est pas encore armée. Il n’aurait pas non plus abandonné son poste pour participer à la fête », a fait remarquer Frantz Lerebours, soulignant que l’Etat haïtien envisage de prendre en charge les funérailles de l’étudiant.

Dans un communiqué, le Premier ministre Laurent Lamothe a « condamné énergiquement » l’assassinat du jeune étudiant “survenu dans des circonstances non encore élucidées”. Il rassure que la communauté universitaire que « toutes les dispositions sont prises pour que ce crime odieux ne reste pas impuni ».

Valéry Daudier
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