
Par Jean Rony Poito PETIT FRERE
Port-au-Prince, 2 octobre 2025. — La Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), conduite par le Kenya, a officiellement bouclé son mandat ce jeudi, après quinze mois d’un engagement marqué par de fortes limites. Sur les 2 500 policiers promis, à peine un millier ont effectivement été déployés, majoritairement d’origine kényane. Malgré quelques avancées ponctuelles, le dispositif n’a pas permis de freiner l’expansion des gangs, qui contrôlent aujourd’hui près de 90 % de la capitale.
Lors de son intervention à l’Assemblée générale de l’ONU la semaine dernière, le président kényan William Ruto a dressé un bilan mitigé : il a mis en avant la sécurisation de l’aéroport international de Port-au-Prince, la reprise du palais présidentiel et la réouverture de certaines routes. Mais il a reconnu que la mission n’avait fonctionné qu’à « 40 % de ses capacités », en raison de financements et de moyens logistiques insuffisants.
Face à cet échec relatif, le Conseil de sécurité a adopté mardi une résolution ouvrant la voie à une nouvelle force internationale, plus robuste et offensive, pour une durée initiale de douze mois. Composée de 5 500 hommes, policiers et militaires confondus, elle disposera d’un mandat lui permettant de mener des opérations directes contre les groupes armés. Fait inédit, son financement sera assuré en grande partie par le fonds de maintien de la paix des Nations unies, rompant avec la logique des contributions volontaires.
L’ambassadeur américain auprès de l’ONU, Mike Waltz, a salué ce tournant, soulignant que l’expansion des gangs « met en péril l’existence même de l’État haïtien » et fait craindre que le pays ne devienne un « exportateur de crime et de drogue ».
Cependant, selon l’International Crisis Group (ICG), le déploiement de cette nouvelle force ne devrait pas intervenir avant six mois. Une période qui risque de renforcer le vide sécuritaire, au moment où les gangs accentuent leur emprise sur Port-au-Prince et plusieurs régions stratégiques du pays.