jeudi  10 octobre 2013

Enquête
Article 1 d’une série de  6
P-au-P., 10 oct. 2013 [Ayiti Kale Je /  AlterPresse] — Malgré les affirmations contraires, un programme  d’« essai » de bons alimentaires dans le département de la Grand’Anse,  sur la presqu’île sud-ouest d’Haïti, a incité près de 18 000 familles à  consommer des denrées importées au détriment de la production  locale.
De plus, le programme – géré par CARE avec  un financement de l’Agence des États-Unis pour le développement international  (USAID) et censé venir en aide aux victimes de l’ouragan Tomas qui ont perdu  leurs récoltes – n’a débuté que onze mois après le passage du phénomène le 5  novembre 2010.
Le programme a été lancé en octobre 2011,  alors que la sécurité alimentaire s’améliorait. Le rapport « Perspectives  sur la sécurité alimentaire » pour la période de juillet à décembre 2011  révèle que des régions de la Grand’Anse étaient « sous pression »,  mais en ajoutant que « avec la promesse de récoltes plus ou moins  satisfaisantes dans la Grand’Anse, le haut Artibonite, et le Sud-Est, les  conditions de sécurité alimentaire dans ces régions devraient s’améliorer entre  octobre et décembre ». Ce rapport compte parmi ceux publiés chaque trois  mois par le Réseau de systèmes d’alerte précoce contre la famine (Famine Early  Warning System Network, « FEWS NET »), bureau qui relève du  gouvernement des États-Unis et prédit la faim et la famine conjointement avec le  gouvernement haïtien et l’USAID.
Malgré une amélioration des conditions,  CARE a lancé le « Tikè Manje » (« bon alimentaire »), connu  plus tard sous le nom de « Kore Lavni Nou » (« Soutenir notre  avenir »). Financé par l’USAID, il a eu aussi l’appui de la direction du  programme gouvernemental « Aba Grangou » (« À bas la  faim »). Après des débuts timides en octobre 2011, le programme a pris pour  de bon son envol au printemps 2012 – 16 mois après l’ouragan Tomas – comme a pu  le déterminer une enquête réalisée durant une année par Ayiti Kale Je  (AKJ).
AKJ a demandé au directeur du programme  gouvernemental Aba Grangou pourquoi il avait été permis à CARE de commencer son  programme si tard.
« Le projet devait venir en aide aux  personnes affectées par l’ouragan Tomas, confie le directeur Jean-Robert Brutus.  Au moment où le projet a débuté, la Grand’ Anse avait probablement déjà commencé  à récupérer. Mais comme il avait déjà été établi, le gouvernement des États-Unis  avait décidé de le mettre en œuvre. »
Quand il a été demandé à CARE pourquoi le  choix de la Grand’Anse plutôt que d’autres régions du pays – en particulier le  Nord-Ouest, qui connaît habituellement la faim extrême – la coordinatrice du  programme, Tamara Shukakidze, déclare que CARE et un autre sous-traitant de  l’USAID avaient choisi la Grand’Anse pour effectuer « un essai » après  les dégâts causés par l’ouragan. Dans des entrevues avec AKJ, Brutus utilise le  mot « expérience. »
Ce programme « est simplement un test  dans certaines régions pour voir si nous pouvons le mettre en place partout dans  le pays », explique Shukakidze au cours d’une interview au mois de mars  2013, alors que le programme était toujours en cours. À l’époque, CARE espèrait  obtenir un contrat pour un prochain programme de « filet de sécurité  sociale » financé au coût de US$20 millions par l’USAID, qui comprendra des  bons alimentaires, d’après Pierre Seneq, porte-parole de  CARE.
Les gens reçoivent des aliments importés,  le gouvernement perçoit 10%
Environ 12 000 familles ont été choisies  par CARE et des leaders communautaires pour le programme Kore Lavni Nou, d’après  l’agence, selon les critères suivants : familles sans ou avec peu de terre,  avec deux ou moins d’animaux, ou avec un enfant comme chef de famille ou des  membres de la famille handicapés, extrêmement âgés, infectés par le VIH, ou  d’autres problèmes.
Chaque bénéficiaire a reçu un bon mensuel  d’une valeur de 2 000 gourdes (environ US$46,51) pouvant être honoré chez des  marchands spécifiques pour des quantités spécifiques de riz, d’huile végétale,  de fèves, de hareng saur importé, de semoule de maïs, de pâtes alimentaires, et  de cubes pour bouillon (« Maggi »). Les recherches d’AKJ dans  plusieurs communes de la Grand’Anse ont révélé que presque tous les produits  provenaient de fabricants des États-Unis. (Il n’a pas été possible de visiter  tous les magasins de Kore Lavni Nou.)
La législation des États-Unis stipule que  presque toute l’aide alimentaire des États-Unis doit avoir été récoltée et  transformée aux États-Unis.
Comme pour beaucoup d’autres programmes de  coupon alimentaire et de transfert d’argent dans le pays, CARE a signé un  contrat avec la compagnie de téléphone cellulaire Digicel pour assurer le  transfert de liquidités. En plus de rémunérer la Digicel pour ces services, le  programme de CARE doivent verser au gouvernement haïtien 10 % « sur  toutes les transactions financières mobiles, y compris les transferts aux  bénéficiaires, le paiement au fournisseur de service et le décaissement »,  selon un rapport de l’USAID de 2013.
Après les dommages causés à certaines  exploitations par l’ouragan Sandy dans la Grand’Anse en octobre 2012, CARE a  prolongé le programme avec une deuxième phase, intégrant 5 708 personnes à sa  liste. Selon Seneq, le porte-parole de CARE, au total 17 708 bénéficiaires de la  Grand’Anse ont reçu des bons alimentaires jusqu’à la fin d’août 2013. (Huit  mille autres familles des provinces de l’Artibonite et du Nord-Ouest ont  également été ajoutées aux listes pour la période d’avril 2013 à fin octobre  2013.)
« Un total de plus de US$5 millions  sera directement distribué aux familles en proie à l’insécurité  alimentaire », explique Seneq dans un courriel le 18 juin  2013.
Selon le rapport BEST 2013 de l’USAID,  CARE a reçu US$7,4 millions pour le programme de la  Grand’Anse.
Programme mis en question par des  planteurs, des agronomes, et autres
Dejoie Dadignac, coordinatrice de Rezo  Pwodiktè ak Pwodiktris Agrikòl Dam Mari (ROPADAM – Réseau des producteurs  agricoles de Dame-Marie), apprend à AKJ que le programme de bons pour la  nourriture représente « une menace terrible » pour les cultivateurs de  la Grand’Anse.
ROPADAM est l’une des sept organisations à  avoir signé un document de quatre pages pour dénoncer le programme en juillet  2012. Ces organisations déclaraient être choquées de voir que leurs communautés  avaient été ciblées puisque, selon des documents du gouvernement « aucune  de ces communes n’est classée comme souffrant de faim  extrême ».
« Comme tout le monde le sait, la  Grand’Anse est un grenier pour les légumes et les fruits, indiquent ces  organisations dans leur communiqué de presse. Et nous constatons que ce  programme d’aide alimentaire a lieu pendant nos mois de récoltes, au moment où  une grande quantité de légumes et de fruits sont en  gaspillage. »
Encore plus choquant pour Dadignac et les  organisations, la promotion presque exclusive des aliments  étrangers.
« Dans tous les petits magasins  auxquels nous rendons visite, même ceux qui auparavant vendaient du ciment ou de  la tôle, on peut apercevoir une enseigne “USAID” explique Dadignac à AKJ en  septembre 2012. Dans leurs publicités à la radio, ils affirment distribuer des  bananes plantains et de l’arbre à pain aux gens. Mais ce n’est pas ce que nous  voyons. Nous voyons du riz, du spaghetti, de l’huile, alors que nos produits  sont absents. »
« Nous pensions que d’autres  départements viendraient s’approvisionner chez nous, renchérit Dadignac. Nous  n’aurions jamais pu imaginer tous ces aliments importés  ici ! »
 Dans un communiqué de presse en 2012, CARE affirme que le  « programme encourage la consommation d’aliments produits localement, dans  le respect des traditions, qu’il est facile de se procurer dans toutes les  communautés. » Cependant, au cours des visites dans deux communes durant la  Phase 1 et deux communes durant la Phase 2, des journalistes de AKJ n’ont pu  trouver aucun aliment « produit localement », à part du spaghetti fait  en Haïti avec du blé importé, et – dans quelques endroits, mais pas tous – des  fèves.
Dans un communiqué de presse en 2012, CARE affirme que le  « programme encourage la consommation d’aliments produits localement, dans  le respect des traditions, qu’il est facile de se procurer dans toutes les  communautés. » Cependant, au cours des visites dans deux communes durant la  Phase 1 et deux communes durant la Phase 2, des journalistes de AKJ n’ont pu  trouver aucun aliment « produit localement », à part du spaghetti fait  en Haïti avec du blé importé, et – dans quelques endroits, mais pas tous – des  fèves.Interrogé pour savoir si CARE utilisait ou  comptait avoir recours à des aliments locaux, le porte-parole Pierre Seneq  confirme que les aliments utilisés pour les programmes actuels étaient  principalement des aliments importés, mais que CARE envisageait de  s’approvisionner en aliments locaux pour les programmes  futurs.
Jean Robert Brutus, responsable de Aba  Grangou, admet aussi que les programmes de la Grand’Anse utilisaient  principalement de la nourriture importée.
« Tout le monde voulait voir [le  programme] utiliser des aliments locaux, mais le marché ne pouvait pas toujours  les fournir », explique Brutus à AKJ. Il a également dit qu’il n’est pas  possible de forcer les gens à acheter un produit plutôt qu’un  autre.
« Nous ne forçons pas les gens qui  détiennent des bons à acheter des produits locaux, mais nous les encourageons,  et nous encourageons les distributeurs à offrir des produits locaux, déclare  Brutus. Nous devons faire un effort pour garantir aux producteurs que leurs  produits seront compétitifs par rapport aux produits importés et qu’on les  achètera, de façon qu’ils recommencent à produire. »
Brutus n’a pas précisé comment le riz  haïtien ou d’autres produits locaux pourraient concurrencer les aliments  étrangers fortement subventionnés et/ou produits à moindre  coût.
Dans l’intervalle, les agronomes de la  Grand’Anse sont tout autant découragés que Dadignac et d’autres  cultivateurs.
« C’est vrai, il existe des endroits  dans la Grand’Anse où les gens ont faim, » reconnaît l’agronome Vériel  Auguste.
Vériel est membre d’une coopérative de  planteurs. Comme tous les planteurs et les agronomes avec qui AKJ a communiqué,  il déplore l’utilisation d’aliments venant de l’étranger pour venir en aide aux  gens qui ont faim, étant donné que cela court-circuite la production locale,  rend les gens dépendants et, à long terme, contribue à générer encore plus de  faim.
« Ils appellent le programme “À bas  la faim”, mais d’après moi, c’est un programme “Vive la faim”, »  dit-il.
Auguste a également souligné que la  province dispose de terres cultivables inemployées, en partie à cause de la  production à bas prix qui mine la production haïtienne, et en partie parce que  les fermiers haïtiens ne reçoivent aucune assistance technique du  gouvernement.
« Auparavant, chaque semaine on  pouvait voir quatre bateaux remplis de nourriture quitter le port [de Jérémie],  et il restait encore de la nourriture sur le wharf ! dit-il. Plus  maintenant […] mais la terre est là. Elle peut encore être  cultivée. »
L’agronome Jean Wilda Fanor, qui a  travaillé dans la Grand’Anse pendant plus de 25 années, répète tout à fait la  même chose.
« Au lieu d’un programme “ À bas la  faim”, qui fait la promotion d’aliments importés, le gouvernement devrait aider  au développement du marché national pour permettre aux producteurs de vendre  leurs produits, » explique Fanor, qui travaille actuellement pour  l’Entraide Protestante Suisse.
Interrogé par AKJ en juin 2013, le chef de  la Coordination Nationale de Sécurité Alimentaire (CNSA) a également exprimé des  réserves quant aux programmes de bons alimentaires qui favorisent l’accès à des  aliments provenant des États-Unis.
« L’objectif est de permettre aux  gens d’acheter des aliments locaux, dit le directeur de la CNSA, Pierre Gary  Mathieu. Si des gens qui n’ont pas été correctement ciblés achètent des aliments  importés plutôt que locaux, la production est alors  pénalisée. »
Mathieu affirme qu’il est au courant de la  « déviation » à la Grand’Anse, qui a constitué une « très  mauvaise expérience », mais il ajoute qu’il croit qu’elle a été corrigée.  Cependant, comme mentionné précédemment, les phases 1 et 2 du programme de CARE  étaient identiques.
Bénéficiaires et fournisseurs  heureux
Cependant le programme a ses laudateurs.  Dans sa publicité, CARE vante son programme, qui a sans doute donné des aliments  aux familles. Et bien sûr, les propriétaires de magasins étaient très  heureux.
Silvain Julien a indiqué que son commerce  est entré dans le programme en mars 2012 – 16 mois après l’ouragan  Tomas.
« Le programme va très bien, et les  gens me demandent s’il va se poursuivre », dit Julien. Son magasin était  rempli de sacs de riz Tchako de la coopérative américaine Riceland, l’un des  plus importants exportateurs de riz au niveau mondial et l’un des principaux  récipiendaires de subventions agricoles des États-Unis. Selon Marc Cohen,  chercheur principal chez Oxfam, Riceland a recueilli plus de 500 millions de  dollars US de Washington entre 1995 et 2010.
Julien affirme que Kore Lavni Nou  « vient réellement en aide aux gens […] pas seulement aux bénéficiaires,  mais moi aussi, comme homme d’affaires. D’habitude je vendais 50 sacs [de riz],  mais à présent j’en vends 100. De sorte que les affaires ont réellement  progressé ».
Les bénéficiaires étaient tout aussi  enchantés.
AKJ a voulu enquêter afin de savoir si  tous les bénéficiaires étaient effectivement des victimes des ouragans Tomas ou  Sandy ou s’ils répondaient aux critères établis par CARE. En raison du manque de  ressources humaines, il n’a pas été possible de réaliser un sondage avec un  échantillon représentatif.
Toutefois, AKJ a pu observer que le  Catholic Relief Services (CRS), qui a également mis en œuvre un programme de  bons alimentaires dans la région, faisait état d’indices de corruption dans un  rapport commandité par l’USAID et transmis lors d’un atelier sur les bons  alimentaires en septembre 2012. Selon une présentation PowerPoint du CRS dont a  pris connaissance AKJ, une « infiltration partisane des listes de  bénéficiaires » compte parmi les nombreux défis.
Tous les bénéficiaires de Kore Lavni Nou  n’ont pas accepté de parler ouvertement. Mais dans une demeure à Chambellan, où  au moins deux récipiendaires de bons alimentaires vivaient ensemble, Marie Edith  Dubrevil a été contente de parler. Elle dit se considérer comme quelqu’un qui  vit dans la « misère » et explique que sa région était  « misérable ». Dubrevil a commencé à recevoir des coupons en juin ou  juillet 2012, près de 18 mois après l’ouragan Tomas, grâce à un employé  d’église, dit-elle.
« De temps à autre, l’un des  superviseurs vérifiait si mon nom figurait sur la liste, dit Dubrevil. Depuis  deux mois, mon nom y figure. Aujourd’hui, grâce au programme, je reçois du riz,  et c’est du bon riz […] J’étais incapable de me le permettre, car je suis  pauvre, mais à présent, grâce à CARE et USAID (je les applaudis) ma vie a  changé. »
Dubrevil et sa tante, Louima Léon – âgée  de 89 ans et également une bénéficiaire – disent qu’avant le programme, elles  mangeaient principalement du fruit de l’arbre à pain, des bananes plantains, des  patates douces, de l’igname et du taro (« malanga »). « Désormais  nous mangeons du riz, des fèves et de la semoule de maïs, » dit  Léon.
Les importations supplantent les produits  locaux
Depuis le séisme, les États-Unis à eux  seuls ont fourni US$22,5 millions en bons alimentaires à 179 000 personnes,  selon la version 2013 de l’USAID-BEST Analysis, un rapport sur l’aide  alimentaire financée par l’USAID produit chaque année.
Alors que le programme de CARE s’appuyait  sur de la nourriture importée, certains programmes ont, du moins en partie, fait  appel à des aliments produits localement. Le programme de bons alimentaires de  CRS à la Grand’Anse a permis aux bénéficiaires d’acheter de l’igname et des  patates, d’après le rapport de l’agence, publié à l’occasion de l’atelier de  septembre 2012. (AKJ n’a pas été en mesure d’examiner le programme du  CRS.)
Un autre rapport, d’Action Contre la Faim  (ACF), décrit un programme post-séisme pour 15 000 familles qui ont reçu des  bons pour des « aliments frais ». Les commerçants comprenaient les  vendeurs ambulants (dont la plupart sont des femmes) de même que des  magasins.
D’autres programmes d’aide alimentaire en  Haïti ont recours à des aliments produits localement. En 2012, le Programme  alimentaire mondial (PAM) a acheté plus de 27% de ses aliments localement, selon  le rapport BEST. Le PAM gère également l’achat et la distribution du lait local  dans le cadre du programme national de repas scolaires.
Dans leur rapport écrit concernant  l’atelier, les représentants d’Aba Grangou Frisnel Désir et Rédjino Mompremier  ont exprimé leurs préoccupations, soulignant que les programmes examinés étaient  tous à court terme, « sans intégration de la production régionale ni  stratégies de sortie. En d’autres mots, une fois le projet achevé, le  bénéficiaire retourne à sa situation initiale. »
Désir et Mompremier ont aussi réclamé plus  d’attention pour les produits locaux et pour la sensibilisation à la promotion  de l’utilisation des produits locaux plutôt qu’importés.
« Les gens qui ont faim accordent  plus de valeur sociale aux produits importés, écrivent-ils. L’intégration de  produits locaux doit être accompagnée d’autres mesures liées à la production et  au transport jusqu’au point de vente à l’avenir. »
Jean-Robert Brutus, dirigeant de Aba  Grangou, souligne que tout le monde a « tiré des leçons » du programme  de la Grand’Anse. Brutus a promis que le nouveau programme de bons alimentaires  fera la promotion des aliments locaux autant que possible et sera  « structuré d’une façon qui encourage les producteurs agricoles de la  région à produire des aliments ».
« Si [un planteur] sait qu’il existe  une garantie que les gens achèteront, il produira, » assure  Brutus.
Jusqu’à maintenant, les détails du  programme n’ont pas été annoncés, mais, au moment d’écrire ces lignes, il semble  que l’actuel Farm Bill des États-Unis sera prolongé encore, ce qui signifie que  la plupart des programmes d’aide humanitaire des États-Unis devront utiliser des  produits étatsuniens.
Les agronomes Auguste et Fanor ont tous  deux fait savoir à AKJ qu’il leur faudra plus qu’une « garantie » aux  planteurs de la Grand’Anse pour améliorer leurs résultats. Les deux croient que  le gouvernement devait intervenir pour s’occuper des questions structurelles.  Mais ni le gouvernement ni les agences étrangères n’ont encore annoncé de grands  projets agricoles quelconques qui viseraient à l’accroissement de la production  dans la Grand’Anse.
Pendant un tour de son jardin modèle,  Auguste parle tout excité du potentiel de la presqu’île. Mais il se montre aussi  très soucieux, car d’année en année il voit de plus en plus de gens abandonner  leurs champs, fermer leurs clôtures, placarder leurs maisons, et partir vers la  capitale.
« Si nous ne nous débarrassons pas  des causes structurelles pour essayer de régler nos problèmes […], nous allons  devenir comme la Savane Desolée, » s’inquiète Auguste, faisant référence à  une région aride située près de la ville des Gonaïves  (Nord).
Fanor fait appel au gouvernement pour la  construction de routes, pour mettre en place des systèmes d’irrigation et la  création de banques de semences.
« L’État a un rôle majeur à  jouer, » dit-il à AKJ.
Entretemps, les cultivateurs du réseau  ROPADAM continuent de planter et de promouvoir leurs produits, comme les  « verichip » – semblables aux chips, mais faits avec le fruit de  l’arbre à pain (appelé « lam veritab » en  créole).
« Nous sommes le grenier d’Haïti,  d’après Dadignac. Nous avons un gouvernement qui a abandonné. Il nous faut des  agronomes, des techniciens capables de nous aider à produire davantage. Il nous  faut des magasins agricoles où nous trouverons des semences et d’autres choses.  C’est ce qu’on devrait trouver dans le programme du  gouvernement. »
Le 27 Septembre, l’USAID a annoncé le  lancement d’un nouveau programme, « Kore Lavi » (« Soutenir la  vie »). CARE travaillera avec le Ministère des affaires sociales sur  plusieurs volets dont, entre autres, « atteindre environ 250.000 ménages en  distribuant des bons d’achat de nourriture », d’après une note de  l’USAID.
AKJ a demandé à CARE si le nouveau  programme serait comme le programme « essai » dans la Grand’Anse, qui  a mis l’accent sur des aliments pour la plupart importés. CARE avait promis une  réponse via courriel avant le 5 octobre, mais n’a jamais donné suite. [akj apr  10/10/2013 22 :00]
Prochain article : Interrogations sur  le programme alimentaire de World Vision en Haiti
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