Avril 10, 2016
La construction des centres sportifs, projet financé grâce au fonds Petrocaribe, fait actuellement l’objet d’une énorme controverse. Pour une énième fois, la question du financement de ces infrastructures revient sur le tapis. Les violons ne s’accordent pas sur le montant exact alloué à la firme SECOSA (Supervision – Etudes – Construction S.A) en charge de l’exécution du contrat. Dans cette guerre des chiffres, chacun y a va de sa « petite révélation », se faisant passer pour le détenteur du monopole de la « vérité » sur ce contrat.
Ces dernières semaines, l’information qui circule sur internet et sur les ondes de plusieurs stations de la capitale haïtienne tend à faire croire que les infrastructures sportives construites par l’administration Martelly-Lamothe, au cours de ces trois dernières années, auraient coûté plus de 184 millions de dollars. S’il ne porte ni sceau ni signature, permettant d’identifier l’auteur ou les auteurs de cette intox, le tract, à l’origine de cette information fallacieuse, contient des erreurs défiant les règles élémentaires de la comptabilité.
Dans le cadre du contrat, suivi d’un avenant convenu, le 12 mai 2011, entre le Ministère de la Planification et de la Coopération Externe (MPCE), représenté par son titulaire d’alors, Jean Max Bellerive, et la firme d’exécution SECOSA, 10 centres sportifs ont été construits dans plusieurs villes du pays durant la phase 1 du projet « Aménagement d’Infrastructures de Sport ». Ce même 12 mai 2011, un autre contrat entre le MPCE et la SECOSA a été signé pour un montant de $ 1 600 000 pour la construction du centre Sportif de Pignon.
Le 6 septembre 2011, les deux parties susmentionnées conviennent d’un second contrat pour la réalisation du projet « Aménagement d’Infrastructures de Sport phase 2» incluant cette fois-ci la construction de 8 centres sportifs et 10 terrains de jeux dans plusieurs villes et localités à travers le pays.
Or, dans le tract qui circule sur internet non seulement on comptabilise le montant global affecté à l’ensemble des projets pour chaque projet individuellement et, dans certains cas, on additionne à deux reprises le coût des infrastructures sportives. Un article intitulé « Parcs Sportifs á prix fort » paru dans les colonnes du journal Le Nouvelliste, en date du 1er juin 2015, va jusqu’à affirmer, sans vérification ni consultation auprès de sources officielles, que l’Etat haïtien, à travers les fonds Petrocaribe, a financé le parc Thomassin 25 pour un montant de 13,744.040 dollars américains dans le cadre d’un projet-phare « Sport pour le changement ».
« Les archives du MPCE consultées indiquent que le terrain en question (Thomassin25) est compris dans un lot de 9 infrastructures sportives totalisant un montant de 13.194.039.98 USD. Ce contrat a été signé par Jean Max Bellerive, Premier ministre d’alors et ministre de la planification démissionnaire, le 6 septembre 2011 avec la firme SECOSA. Dans ce lot sont inclus aussi les parcs sportifs de : Sainte Thérèse á Pétion Ville, Gérard Christophe á Léogâne, Saint Marc, Dadadou, Grande Rivière du Nord, Miragoâne, Hinche, et 10 autres petits centres multisports », précise une lettre émanant du MPCE et qui porte la signature de l’ancien ministre Yves Germain Joseph, en réponse à l’article susmentionné.
A noter que 5 de ces 10 petits centres multisports ont déjà été construits à Belecourt, Cotes de Fer, Saieh, Soleil 7 et Solino.
Il en est de même, poursuit la correspondance officielle, des parcs sportifs de Mont-Organisé, de Jérémie et de Saint Louis du Nord qui sont compris dans un contrat global comprenant plusieurs parcs sportifs. « Ces terrains ne coûtent pas chacun 5,296.240 USD millions de dollars. Ledit contrat a été encore signé par le Ministre de la Planification Jean Max Bellerive pour une valeur totale de 5,795.385.13 USD, le 12 mai 2011 avec la firme SECOSA. Il inclut les parcs sportifs de : Saint-Louis du Sud, Thomonde, Gressier, Jérémie, Cayes, Jacmel, Milot, Verette, Aquin, qui par faute d’un terrain disponible a été remplacé par Marchand Dessalines, Saint-Louis du Nord et Mont-Organisé. »
« Le montant total dépensé par le MPCE pour les infrastructures de sports s’élève à 21,458.737.23 millions de dollars pour plus de 20 parcs et non de 80.235.735.23 millions de dollars USD pour 16 parcs comme l’indique l’article », tranche la lettre rectificative qui lève enfin le voile sur ce scandale qui définitivement n’en est pas un.
En somme, si l’on se réfère aux différents documents de contrat signé entre le MPCE et la firme SECOSA, le total des décaissements autorisés, à date, pour le compte de ladite firme accusent une balance de 1 188 918.53 dollars sur un total de 20 639 279.48 dollars. Selon un document de la firme d’exécution, tous les centres sportifs construits dans le cadre de la phase 1 du projet sont à 95% achevés alors que ceux de la phase 2 le sont à 80%. Mais, force est de constater que le débat, une fois de plus, n’est pas orienté sous cet angle encore moins sur l’utilité pratique de ces infrastructures sportives ainsi que sur leur impact dans les communautés dans lesquelles elles ont été construites.