Port-au-Prince, le 10 août 2010

Chers Collègues,

Je suis désolée d’avoir à vous adresser une lettre publique. Mais, je suis arrivée au moment où doit se manifester, au grand jour, ma détermination pour que s’exerce, dans l’appareil d’Etat, une pratique de transparence et de reddition de comptes envers la population haïtienne. La transparence est, selon moi, le seul et le plus sûr moyen de vaincre le mensonge, la désinformation, les coups bas ; le seul et le plus sûr moyen de déjouer les pièges tendus aux personnes honnêtes qui « osent » se mêler de politique, jeu traditionnel de coquins, en Haïti. Au nom des Femmes qui m’ont fait l’insigne honneur de me demander de m’impliquer dans les espaces de gestion publique afin de contribuer à poser les jalons d’une métamorphose qualitative dans la sphère politique – ce qu’elles expriment par le leitmotiv : « faire la politique autrement » – j’ai accepté de me jeter, à contre-courants, dans ces eaux houleuses et, souvent, douteuses d’où l’on sort, le plus souvent, pollué, souillé et terni pour le reste de ses jours. J’étais déterminée, cependant, à ne pas en sortir en simple victime et sans butin, convaincue, qu’au delà de la fange, il existe, en eaux profondes, des perles à recueillir, perles précieuses pour le changement des pratiques politiques malsaines et pour le changement, tout court, dans notre pays. Il faut bien des femmes et des hommes de bonne volonté pour faire les sacrifices qui s’imposent afin de gagner certains paris. En acceptant la mission qui m’a été confiée, je me suis, peut-être avec un peu trop d’assurance, promis de relever le défi d’aller quérir quelques-unes de ces perles ; assurée qu’en faisant bonne pêche, j’aurai mérité qu’il me soit offert, en retour, à profusion, l’eau régénératrice nécessaire pour me débarrasser définitivement des souillures. Et j’ai encore confiance en cette victoire.

Voilà donc pourquoi, je veux promouvoir la dynamique d’étaler au grand jour toutes les vérités, de jouer franc jeu, à visage découvert.

Au tournant où s’est imposé à nous – face à une situation de dysfonctionnement institutionnel et de « formalités impossibles » risquant de violer les droits de citoyens (nes) – la responsabilité historique de faire un choix dans une perspective d’élections inclusives, nous avons eu le courage de trancher, au risque que l’option retenue soit sujette à des critiques et à des débats.

Mais, dans un contexte d’extrême hostilité, toute bavure de notre part était inacceptable ; d’autant plus que, plus avance le processus électoral, plus il nous faudra de prudence et de discernement. J’ai donc perçu cette bavure qu’a été l’omission des réserves que j’avais proposées suite à des consultations juridiques, comme une catastrophe annoncée, à l’initiation même dudit processus. Voilà pourquoi, j’ai rédigé ma lettre de démission.

Mais, vous avez rectifié le communiqué # 16 dans un sens qui devrait rassurer les sceptiques et de là, vous protéger, me protéger, protéger le processus électoral ainsi que l’institution elle-même. Ce qui change toutes les données. Les communiqués # 16 et # 17 se complétant sur base des réserves susmentionnées, je me dois, par éthique, de réviser ma position. Dans ce contexte, mes multiples consultations auprès du secteur qui m’a désignée ont fait état de divergences au sein de ce secteur, quoique la majorité comprenne mes conclusions.

J’ai donc décidé, après un recul, en toute sérénité, de faire le retrait public de ma lettre de démission et je vous retrouve, au CEP, pour reprendre le chemin mais, surtout, pour continuer mon propre combat – celui que prône, entre autres, des féministes et plusieurs Associations de Femmes, à travers une présence de femmes engagées et de conviction, dans les espaces de pouvoir.

A l’occasion de ce retour, je voudrais vous adresser ce message :
Promettons-nous, une fois pour toutes, d’aller en ligne droite sur la voie de la transparence où tout doit être dit ouvertement.

Promettons-nous d’être plus stricts que jamais sur le respect des principes, de l’éthique, de la loi.
Promettons-nous d’être toujours plus impartiaux et toujours plus justes.
Promettons-nous de serrer les rangs pour renforcer notre indépendance vis-à-vis de toute éventuelle velléité externe d’influencer le CEP.

Renouvelons, envers les acteurs politiques et sociaux, notre engagement de réaliser – avec l’aide d’une chaîne de vigilance à construire ensemble – des élections correctes, exprimant purement et simplement, le choix des électeurs
Promettons-nous, enfin, de tracer, définitivement, l’exemple et de laisser un héritage de rectitude, de loyauté, de transparence au Conseil Electoral Permanent, aux institutions haïtiennes et aux générations futures.

Et permettez, qu’aujourd’hui, en votre nom, à mon titre de Responsable de la politique de communication pour les élections, je lance un appel solennel aux acteurs politiques et à la Société Civile pour une trêve au cours de laquelle nous devrions tendre le rameau d’olivier à nos détracteurs et leur donner un signal clair de notre détermination au dialogue franc et constructif, en les invitant à nous rejoindre, pour qu’ensemble nous établissions le cheminement vers l’aboutissement du processus électoral. Ce qui serait une première étape vers l’apaisement si nécessaire pour que notre pays entre, finalement, dans une dynamique de réhabilitation et de régénérescence.

Chers Collègues, les élections vont se dérouler dans un contexte où les enjeux sont énormes et sur fond de désappointement d’une population en quête d’un soulagement à son dénuement et de lendemains meilleurs.

Personnellement, je sais que je n’ai pas droit à l’échec et je pense que vous êtes tous animés du même sentiment. Aussi, moi, je prends la responsabilité de déclarer, par devant les citoyens et citoyennes haïtiennes, ma famille, mes amis et ceux qui pensent pouvoir être mes ennemis que je ne ferai pas marche arrière dans l’intransigeance nécessaire pour éviter tout accroc au processus électoral. Tout en m’appliquant au mieux à l’exercice de la démocratie qui consiste à rester ouvert et à respecter les choix de la majorité – ce qui requiert de la modestie et un sens du dépassement de soi – plus que jamais, je suis déterminée à ne passer sous silence aucune bavure qui heurte mes convictions démocratiques, éthiques ou morales.

Je reviens au CEP parce que vous vous êtes ressaisis et parce que je veux encore tenir la promesse de contribuer à poser les jalons du changement des pratiques traditionnelles en politique. Je pense avoir encore du souffle pour lutter. Mais je ne peux mener seule ce combat. J’ai besoin de vous, j’ai besoin de tous les compatriotes de bonne volonté pour atteindre les objectifs visés et sortir la politique haïtienne de la fange.

Avec vous tous, la victoire est, alors, certaine.

Dans l’espoir que ce moment de face à face avec nous-mêmes et de questionnements suscitera un réveil des sentiments les plus nobles et, qu’en ces lendemains tragiques du 12 janvier 2010, vibrera, avec résonnance, la fibre patriotique de tous nos concitoyens et concitoyennes, je vous renouvelle et je renouvelle à la Nation haïtienne, toute entière, mon inconditionnel engagement citoyen pour l’investissement de tout mon dévouement, de toute ma loyauté, de tout mon savoir et de tout mon amour pour la Patrie, au service de notre Haïti tant éprouvée.

Ginette Chérubin, Architecte
Ex-Ministre
Membre du Conseil Electoral Provisoire

Crédit : haitielections2010.com

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COMMENT:HAITIAN-TRUTH.ORG

Interesting letter.

However, one must know who is involved before there can be any balanced assessment.

Cheribun was Preval’s mistress.

This is why he placed her on the Electoral Council, plain and simple.

Where we go from there is anothe question, altogether.

Collins