UNE BOMBE SUR HAÏTI

Martelly est Président d’Haïti et Célestin ou le choix de Inite sera Premier ministre: le deal secret Lun 7 fév – 16:44 par K.H.L Cette élection présidentielle haïtienne est marquée par deux faits majeurs. L’un est l’ingérence étrangère. L’autre, l’avènement du bling-bling en politique haïtienne. Deux choses sont certaines. Haïti a perdu quasiment sa souveraineté et Martelly sera élu président car un deal secret est passé avec Jude Célestin.

La perte de la souveraineté d’Haïti : David vs Goliath

Au départ de Jean Claude Duvalier le 7 février 1986, nombreux sont ceux qui nourrissaient l’espoir de voir le vent de la démocratie soufflé sur ce petit lopin de terre au doux nom d’Haïti. Cet espoir s’est rapidement envolé puisque la dame démocratie a été loin d’être cette douce brise rêvée mais elle a été vécue comme un ouragan de force 5 qui n’a laissé que chaos politique et commotions sociales. Les haïtiens pensaient quitter la nuit noire du duvaliérisme pour connaître le jour lumineux de la démocratie aristidienne, mais ils n’ont connu que déceptions et amertumes.

Si l’intermède politique de Préval a pu maintenir un semblant d’Etat, la catastrophe du 12 janvier a montré comme le disait Christophe Wargny qu’Haïti n’existe pas. La crise post-électorale qu’a vécu Haïti pendant ces deux derniers mois atteste de la faiblesse de l’Etat haïtien. C’est d’ailleurs sur cette faiblesse qu’a surfé la gouvernance mondiale pour influencer le résultat final de l’élection. La prévalence de la gouvernance mondiale sur la gestion du conflit post-électoral atteste de la perte de la souveraineté d’Haïti. Les dés sont jetés, la gouvernance mondiale a jeté son dévolu sur le Ouattara Alassane des Caraïbes. Michel Martelly est assurément le prochain président d’Haïti.

Sous le régime de Duvalier, ne nous méprenons pas, l’Etat haïtien était sous la domination américaine. Cependant, le contrat avait un caractère synallagmatique. D’un côté, les américains exigeaient l’endiguement du communisme en Haïti par Duvalier en application de la théorie des dominos. D’un autre côté, Duvalier avait carte blanche pour obtenir des armes, sans compter les générosités des services secrets américains, le silence des Américains sur la création d’un Etat policier, avec comme bonus : le déferlement des touristes américains dans les beaux hôtels de Port-au-Prince. Ce compromis créait un équilibre dans les échanges permettant à François Duvalier de sauvegarder la souveraineté nationale au prix d’une dictature féroce. C’est cet équilibre qui s’est rompu en 1986 après le départ de Jean Claude Duvalier lâché par les Américains qui considéraient la menace communiste écartée et anticipait la chute du mur de Berlin en 1989. La suite, on la connaît. C’est coup d’Etat sur coup d’Etat.

Un peu plus tard, dans sa quête désespérée d’un socialisme à visage humain et d’un dessalinisme pathétique, Aristide va ignorer l’équilibre politique qui existait entre Haïti et les Etats unis. Pire, il va réveiller les démons du passé français en réclamant la restitution de l’indu. C’est cette méconnaissance de la géopolitique du monde qui a entraîné Jean Bertrand Aristide dans un tourbillon socialo-populiste qui va faire dégringoler l’Etat haïtien dans cette roue infernale de l’infortune aujourd’hui inarrêtable.

Contrairement à Aristide rebelle et intrépide, Préval est un pragmatique. Il sait qu’il a l’épée de Damoclès américaine sur sa tête . Il devient ami avec Bill. Préval n’est pas homme à finir en exil. Il va tirer les leçons du kidnapping de son prédécesseur en prônant le laisser-aller et le laisser faire sans trouver un compromis avec Washington sous influence des néoconservateurs qui ne négocient qu’en brandissant l’arme des sanctions militaro-économiques. Notons que le contexte politique américain n’a pas favorisé l’émergence d’une résistance de Préval face à la toute puissance de l’administration Bush. C’était peine perdue. C’était David contre Goliath. Cette simple idée, l’haïtien n’arrive pas intellectuellement à l’intérioriser. Ils vivent fantasmagoriquement dans un passé où ils pensent renouveler la prouesse des aïeux.

Le vrai enseignement de la présidence de Préval, c’est que les pressions exercées contre lui ne sont pas venues dans un premier temps de la gouvernance mondiale mais des haïtiens. D’ailleurs si les haïtiens n’avaient pas fait pression sur lui, il n’aurait jamais appeler l’OEA à la rescousse. Les haïtiens ne paient là que le prix de leur ignorance. Afin donc d’éviter la vindicte populaire et d’être accusé de manipuler les élections du 28 novembre, Préval a accepté avec raison de se laver les mains en remettant sous la pression haïtienne la seule petite parcelle de souveraineté qui restait à l’Etat haïtien, à savoir l’organisation et la gestion de l’élection présidentielle. S’il l’avait pas fait, on l’aurait accusé de tous les maux.

La perte de la souveraineté haïtienne est fondamentalement liée à l’incapacité du nègre à gérer ses affaires dans le calme. Le nègre a besoin du fouet du gendarme occidental ki kapab fel maché sous 13 pou li pa pilé 14. Préval a tort dans l’absolu de demander l’avis de l’étranger. Mais en pratique, il a eu raison de taire les mauvaises langues en demandant un arbitrage international. C’est un coup de maitre.

Le dechoukage systématique des adversaires, l’absence d’intelligence politique des compromis, la dé-duvalierisation, la dé-aristidisation, la dé-prevalisation sont les causes principales de la perte de la souveraineté haïtienne. Voila t-il pas que Martelly : figure emblématique du showbiz haïtien est en train de mettre tout le monde d’accord en mettant, en apparence, en pratique la devise haïtienne : l’union fait la force. Martelly sera sans aucun doute le prochain président d’Haïti car il a compris qu’il fallait jouer le jeu de l’unité même avec l’inité.

Le deal secret entre Martelly et Jude Célestin: Un Janus à deux têtes

Michel Martelly dispose de 4 cartes pour gagner. (l’As des As) La carte internationale, (l’As de cœur) la carte de la jeunesse, (l’As de Pic) la carte de l’œcuménisme, (l’As de carreau) la carte des alliances.

La carte internationale

Obama n’a pu se faire élire Président des Etats unis que grâce à la toute puissance des medias. Traditionnellement, pour réussir en politique, il fallait avoir des idées. Aujourd’hui, c’est une question de look. Tout bon politicien doit s’y connaître en marketing politique. Il n’est plus nécessaire de porter des projets politiques pour passer les mailles du filet politique, il suffit d’être discipliné et télégénique et d’avoir de belles dents blanches. C’est la peopolisation de la vie politique. Il n’est donc pas surprenant que Michel Martelly, beau garçon de la jet set haïtienne ait été invité sur les chaines de télévision américaine et canadienne pour se faire connaître. Ce choix des medias n’est pas innocent. C’est le signe que Martelly est le candidat de l’international. Les medias internationaux ont déjà arrêté leur choix.

Par ailleurs, les résultats préliminaires du premier tour donnaient respectivement à Myrlande Manigat 31,37%, Jude Célestin 22.48% et Michel Martelly 21,84% des voix. Suite aux contestations liées à des fraudes électorales, le président Préval, afin de ne pas laisser planer des soupçons d’ingérence sur le processus électoral a soumis à l’Organisation des Etats américains le soin de vérifier les résultats. Le rapport de l’OEA a établit un nouveau classement qualifiant Manigat et Martelly au second tour. L’OEA a choisi son candidat.

Des pressions d’annulation de visas ont-ils été fait pour contraindre les membres du CPE a valider le rapport de l’OEA. En tout état de cause, la soumission du CPE aux exigences de l’OEA indique qu’Haïti vient de connaître un virage sans précédent dans l’exercice de sa souveraineté. De façon plus prosaïque, la mise sous tutelle électorale d’Haïti n’est pas singulière puisque la Cote d’ivoire vient de connaître exactement la même situation avec l’ingérence de l’ONU lors de la proclamation des résultats. Coïncidence ou synchronisme des évènements permettant de favoriser le candidat de l’international ? Une chose est certaine, L’OEA a remis Martelly au centre du jeu. Notons que si la gouvernance mondiale a jeté son dévolu sur Martelly sans expériences politiques, c’est en raison de ses positions néolibérales coïncidant avec l’agenda de la gouvernance mondiale. Force est d’admettre que Manigat ne dispose pas de cet atout majeur. On constate donc que cela soit l’OEA ou les médias internationaux, Martelly est l’élu.

La carte de la jeunesse

10% de la population sont allés aux urnes, plus d’un million de votants. Cette abstention massive constatée lors de ses élections bénéficieront largement à Martelly au second tour. Par ailleurs, une grande majorité des votants a moins de 35 ans. Martelly, chanteur fait des émules auprès de la population jeune qui s’identifient à lui. On n’a vu lors des résultats provisoires, beaucoup de jeunes étaient prêts à en découdre pour faire admettre leur James Dean haïtien au deuxième tour. Il va sans dire que ce vote va compter lourdement dans le résultat final. Force est d’admettre que Manigat ne dispose pas de cet atout électoral. Les jeunes diplômés qui pourraient voter pour elle ne constituent qu’une infirme partie de la jeunesse. Marthelly est l’élu de la jeunesse qui s’en fiche de ses diplômes ou de je ne sais quel passé de crack head. l’idée selon laquelle son passé puisse être un obstacle à son élection est d’une naïveté infantile compte tenu de la peopolisiation de la vie politique moderne.

Obama n’a pas fumé que des cigarettes surtout quand il s’appelait Barry…… Bill Clinton idem, Bush était un alcoolique, Kennedy adorait les partouzes, Berlusconi est un infidèle….La jeunesse répond… eh alors.

La carte de l’œcuménisme.

Personne n’ignore qu’une bonne partie de la bourgeoisie s’identifie à Martelly pour des raisons évidentes. Qu’au regard de ses positions néolibérales, la bourgeoisie haïtienne trouve en Martelly le parfait candidat pour poursuivre une politique fiscale favorable aux plus riches. Ce vote bourgeois est acquis. Par ailleurs, Martelly en bon samaritain militaire n’a pas manqué de faire du pied aux duvaliéristes et aux lavalassiens en admettant le principe du retour de Duvalier et d’Aristide pour une réconciliation nationale. Ils souhaitent même se faire conseiller par ces deux dinosaures politiques. Cette carte d’œcuménisme joué par ce néophyte en politique va s’avérer utile pour avoir une plus grande base électorale au deuxième tour, notamment si Aristide appelle à voter pour Martelly pour faciliter son retour.

La carte des alliances

Il y a deux alliances en jeu.. Une alliance de repons paysan avec les autres partis politiques et une autre alliance avec Inite. La première alliance est une affaire de sous, Martelly le candidat des conservateurs et des néolibéraux n’aura aucun mal a trouver l’argent pour arroser les partis politiques en quête d’argent. Manigat n’a pas d’argent, ce ne sont pas ses amis francophiles qui lui feront un prêt a la consommation politique. De plus, elle a fait savoir qu’il n’y aura pas d’alliance avec l’Inite. Info ou intox.. c’est de toute façon maladroit. Le RDNP ne fera pas le poids devant le bulldozer de Martelly.

La deuxième alliance avec Inite est fondamentalement la clé de voute de l’élection. Futur gagnant du deuxième tour des élections législatives, Inite va jouer une carte importante. Il va propulser Martelly au sommet de l’olympe. Martelly a de toute façon gagné l’élection haut la main si le parti Inite appelle à voter pour lui. Martelly a démontré en peu de temps qu’il est un animal politique en prônant l’ouverture. Nous savons que le parti Inité remportera les élections législatives au second tour, qu’ils seront majoritaires au parlement. Le prochain président de la république devra choisir un premier ministre. Il semble logique que Jude Célestin devienne le premier ministre. A y regarder de près, la raison pour laquelle, Jude Célestin a accepté sa défaite sans vraiment broncher. C’est qu’en réalité, il y trouve son compte en acceptant de devenir Premier ministre.

Ce deal secret a été scellé entre l’OEA et les deux candidats et paraphé par Clinton et Préval qui pourra rester jusqu’au 14 mai pour éviter la vacance du pouvoir. Ce deal secret consiste à donner la présidence à Martelly et la primature à Jude Célestin. Ce deal permettait d’éviter une crise politique majeure en opérant une discontinuité dans la continuité. Je rappelle pour mémoire que Clinton est l’ami de Préval, il eut été impossible que l’OEA évince Jude Célestin : poulain de Préval sans un accord des américains qui préférèrent la continuité des affaires pour des raisons évidentes.

Martelly et Jude Célestin constitueront donc l’exécutif haïtien : un Janus a deux têtes.

Le tour est donc joué.

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1 thought on “UNE BOMBE SUR HAÏTI

  1. je suis tres pour, cette dessision qui a pris. c’est la meilleur de tous les…..

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