Contrairement à la normale, la circulation, de très tôt, était très fluide dans plusieurs artères. Quand la Télévision nationale d’Haïti (TNH) a commencé à diffuser des images du Parlement où allait avoir lieu la passation de pouvoirs, les rues de certains quartiers était devenues désertes. Les passants se sont empressés de rentrer chez eux pour suivre l’évènement en direct. D’autres, par contre, ont préféré se rendre sur les lieux des cérémonies.

Massée devant le Parlement où a eu lieu la prestation de serment du nouveau président, puis devant les grillages du palais national où a été célébrée la messe solennelle suivie du « Te Deum », la foule n’a pas cessé de lancer des propos hostiles au chef d’Etat sortant. « Au revoir Préval, nous ne regrettons pas votre départ », ont fulminé des jeunes aux abords du palais, qui portaient des t-shirts frappés à l’effigie du nouveau chef d’Etat. « Sak pa kontan anbake », a renchéri une dame, brandissant une photo du président.

Alors que se déroulait la messe solennelle au palais, l’ambiance musicale, animée par des bandes de rara venues des quartiers populaires, n’arrêtait pas. Sous un soleil de plomb, la foule hurlait, chantait et dansait. C’était l’extase !

Le moment tant attendu : le discours du président de la République au pseudonyme « tèt kale ». D’un ton ferme, Michel Joseph Martelly a encore promis, entre autres, l’éducation gratuite pour tous les enfants du pays. A entendre à nouveau ces promesses que le président a d’ailleurs faites durant sa campagne électorale, la foule en liesse criait pour exprimer son soutien au nouveau chef d’Etat.

A côté de cette confiance placée en M. Martelly, on pouvait lire sur des banderoles des messages qui lui sont adressés. « Président, le peuple a surveillé son vote, quant à vous, surveillez les flatteurs et les bluffeurs ; vous devez avoir du caractère et de l’autorité ; méfiez-vous des pièges qui vous seront tendus », peut-on lire sur des banderoles placées en face du palais national.

A la fin de la cérémonie, le Champ de Mars a vite été transformé en un lieu de carnaval. Un char musical décoré en rose et blanc et des bandes de rara assuraient l’animation pour une foule qui, apparemment, ressent le vent du « changement » prôné par le nouveau président. Dans des tentes, les supporteurs du président passaient d’anciennes chansons de l’ancien président autoproclamé du compas direct (musique dansante haïtienne) devenu président élu de la République. L’ambiance sera encore à la fête jusqu’à dimanche soir dans plusieurs quartiers, dont Péguy-Ville où se trouve la résidence privée du président…