Un Conseil électoral permanent conjoncturel est ridicule, selon un sénateur

Le Nouvelliste | Publié le : mercredi 05 septembre 2012
Danio Darius daniodarius001@yahoo.com

La dernière séance de discussions entre le chef de l’exécutif et les 17 sénateurs à l’hôtel Montana mardi n’aurait pas fait avancer d’un pas le dossier du Conseil électoral permanent et l’organisation des prochaines élections. Nous sommes encore à la case départ, a déclaré le sénateur des Nippes, Jean William Jeanty, avant de qualifier de « mouvement nul » les heures passées  à la salle Franck du Montana mardi.

Réagissant mercredi sur les ondes de Radio Magik 9, le parlementaire a taxé de ridicule la proposition d’aller vers la formation d’un Conseil électoral permanent conjoncturel (CEPC). C’est insensé voire ridicule, a-t-il dit.  Selon Jean William Jeanty, les sept heures passées à l’hôtel Montana n’auront servi à rien.

« Le président l’a voulu ainsi. Un groupe de sénateurs et moi avions beau tenter d’expliquer au chef de l’Etat que la formation du Conseil électoral permanent était, pour des raisons techniques et juridiques, impossible », a déclaré le sénateur.  Même si le président du Sénat avait le droit de vote, poursuit-il, il serait impossible de trouver un consensus entre vingt sénateurs et soixante-six députés autour de trois noms devant représenter le Parlement haïtien au sein de l’institution électorale permanente.  Se référant aux articles 289 et 290 de la Constitution de 1987 qui n’ont pas été amendés, Jean William Jeanty réitère sa position en faveur de la formation d’un Conseil électoral provisoire.

L’article 289 de la Constitution de 1987 stipule qu’en attendant l’établissement du Conseil électoral permanent prévu dans la présente Constitution, le Conseil électoral provisoire de neuf (9) membres est chargé de l’exécution et de l’élaboration de la loi électorale devant régir les prochaines élections. Il est composé  des représentants de l’exécutif,  de la Conférence épiscopale,  du Conseil consultatif, de la Cour de cassation; des organismes de défense des droits humains ne participant pas aux compétitions électorales, du  conseil de l’Université, de l’Association des journalistes, des cultes réformés et du Conseil national des coopératives.

Selon le sénateur des Nippes, ses collègues et lui avaient pris part à la rencontre du mardi à l’hôtel Montana uniquement dans le but de trouver une alternative par rapport aux prochaines élections à organiser dans le pays. Il  déplore l’entêtement du président Michel Martelly qui n’entend pas faire marche arrière dans la formation du Conseil électoral permanent. Il a été très mal conseillé, estime Jean William Jeanty dénonçant à nouveau la façon dont les représentants du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire ont été désignés au Conseil électoral permanent. « Tout cela conforte l’idée selon laquelle  le président de la République veut faire main mise sur les prochaines élections », a déclaré le responsable du parti Konba Pep la.

Steven satisfait de la rencontre

C’était une très bonne journée de travail, estime pour sa part le sénateur de l’Ouest Steven Benoit. Selon le parlementaire, qui a toujours été très critique envers le président Michel Martelly, c’est la première fois depuis son installation que le président, qui a été très ouvert, a eu une si fructueuse rencontre avec les sénateurs.  Le sénateur confie avoir partagé beaucoup d’éléments d’information avec le chef de l’Etat qui aurait avoué n’avoir pas été au courant de ces dossiers. Le parlementaire cite la présence de Me Anel Alexis Joseph au sein de la Cour de cassation, ce qui l’habilite à devenir président du CSPJ, alors qu’il a dépassé l’âge légal requis.

Satisfait de la proposition du chef de l’Etat, Steven Benoit estime anormal le fait que ses collègues, à chaque fois, demandent à Michel Martelly de revenir sur certaines décisions. A propos cependant des travers liés à la formation du conseil électoral, il conseille au chef de l’Etat, qui a confirmé les membres du CEP à leur poste, d’exiger leur démission. Pour débloquer la situation, ils peuvent choisir volontairement de rendre le tablier, soutient le sénateur de l’Ouest qui croit que le Chef de l’Etat peut les nommer à n’importe quel autre poste dans l’administration publique.

Selon le député Abel Descollines, un groupe de plus de vingt députés qui a eu une brève rencontre avec le chef de l’Etat, en marge des discussions avec les sénateurs, serait favorable à la proposition d’un Conseil électoral permanent conjoncturel.

Danio Darius daniodarius001@yahoo.com
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