Un autre magistrat agressé

Le Commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance des Cayes, Me. Jean Mary Salomon se réserve le droit de porter plainte au cabinet d’instruction contre la compagne du député Gracia Delva, Fabiola Fleuridor qu’il a dû relâcher le 3 novembre dernier à la demande d’une délégation de députés dépêchée aux Cayes. Me Salomon est indigné par les propos discourtois et les menaces de mort qui lui ont été faites au téléphone par cette dame dont il venait d’arrêter le cousin dans le cadre d’une affaire de naufrage jugé suspect.
09/11/2012
Le Commissaire Salomon s’est empressé de démentir les rumeurs selon lesquelles il aurait été giflé par Mme Fleuridor. « Je suis un Salomon, une telle chose ne saurait être possible », a dit énergiquement le jeune parquetier qui ne donne aucun caractère politique à l’incident qui s’est produit au cours du long week end de la Toussaint. Suite au naufrage d’un petit bateau aux larges de Saint-Jean du Sud, le juge de paix qui avait dressé le procès-verbal de l’incident, en avait informé le chef du parquet des Cayes dont dépend la commune de Saint-Jean du Sud. Dans son rapport au chef de la poursuite, le juge de paix, analysant les circonstances ayant occasionné cet évènement regrettable, a parlé de « meurtre ». Au moins deux arrestations ont été faites dans le rang des personnes qui dirigeaient cette embarcation.

La compagne du député Gracia Delva dont le cousin s’est retrouvé parmi les personnes arrêtées, a appelé le commissaire Salomon au téléphone pour exiger sa libération immédiate. « Cette femme m’a appelé sur un numéro masqué pour m’injurier, me menacer et m’affubler de tous les titres », raconte le chef du parquet qui a dû enquêter pour repérer la propriétaire du numéro qui l’avait agressé au téléphone qui s’est présentée comme la conjointe du député, proche du pouvoir en place.

Le commissaire du gouvernement a alors émis un mandat d’amener et après voir entendu la dame qui ne s’est pas repentie de ses injures, il s’est décidé à la retenir en garde-à-vue. « J’ai alors reçu l’appel du député Gracia Delva qui m’a prié de pardonner les emportements de la dame, puisqu’elle aurait des troubles psychiques selon le député ». Ce disant, Me Jean Mary Salomon rappelle qu’en sa qualité de chef de poursuite, la loi lui permet de juger de l’opportunité d’une poursuite. Une délégation forte de cinq députés s’est aussi rendue au commissariat où la dame était gardée à vue pour demander au magistrat de renoncer aux charges qui lui étaient incombées.

Mais Fabiola Fleuridor allait quand même passer une nuit derrière les barreaux quand elle a refusé de serrer la main au commissaire Salomon qui à son arrivée saluait aussi les députés présents. Les parlementaires aussi ont été dérangés par cette nouvelle inélégance de la compagne du député. Le commissaire l’a gardée au commissariat pendant la nuit pour la relâcher le lendemain dans la matinée moyennant une lettre d’excuse. Il promet toutefois de ne pas abandonner l’affaire qui concernait le naufrage mystérieux qui est à la base de cette situation. Il annonce son intention de déposer une plainte criminelle auprès du juge d’instruction contre les menaces de mort qui lui ont été proférées par cette dame en furie.

« Je tiens à préciser pour tout le monde qu’il n’y a rien de politique dans cette affaire, le député Gracia Delva n’y est pour rien », a tenu à souligner Me Jean Mary Salomon, ce commissaire du gouvernement qui a été récemment transféré puis rétabli dans ses fonctions de chef du parquet près le tribunal de première instances des Cayes.

Eddy Laguerre
laguerreeddy@gmail.com
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