Recapitalisation des PME, déception totale

LaNouvelliste:Le processus de recapitalisation des petites et moyennes entreprises (PME)en Haïti traînent toujours malgré la promesse de 20 millions de dollars faite par l’ancien président américain, Bill Clinton, et le milliardaire mexicain, Carlos Slim. Le représentant du secteur privé haïtien au sein de la CIRH, le Dr Réginald Boulos, s’en plaint. « C’est la déception totale », a-t-il dit mardi à l’émission Panel Magik sur les ondes de Magik 9. L’homme d’affaires en a profité pour établir la différence entre la CIRH et le FRH et annoncer la création d’une banque de logement.

Haïti: Robenson Geffrard

Le coprésident de la Commission intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), Bill Clinton, avait annoncé le jeudi 17 juin 2010, la création d’un fonds de 20 millions de dollars américains pour financer les petites et moyennes entreprises haïtiennes dûment touchées par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. « Nous voulons que ce fonds soit un modèle pour financer et recapitaliser les PME », avait indiqué l’ancien président des Etats-Unis. Il avait précisé que deux hommes d’affaires, le milliardaire Carlos Slim et le réalisateur canadien Franck Gustave, ont contribué chacun à hauteur de dix millions de dollars à ce fonds.

Depuis lors, le dossier traîne. Et cela soulève le mécontentement de Réginald Boulos. Deux mots traduisent la réalité : « déception totale», a-t-il martelé. « Déception totale parce que, à cause de l’absence de leadership agressif national au niveau de la reconstruction, ces dossiers traînent dans les bureaux des fonctionnaires publics et internationaux…L’argent pour les PME est là, mais il faut mettre en place des structures capables de faire avancer le processus », a-t-il poursuivi.

Invité à l’émission Panel Magik ce mardi, le représentant du secteur privé haïtien au sein se la CIRH a plaidé pour l’encadrement des petites et moyennes entreprises dans le pays, grands créateurs d’emplois.

La CIRH n’est pas le FRH

Il faut changer la perception qui laisse croire que c’est la CIRH qui reçoit l’argent des donateurs, déclare le Dr Réginald Boulos. « Je crois que c’est l’un des plus gros problèmes de perception de la CIRH. La Commission ne reçoit ni ne décaisse de l’argent. La CIRH est une sorte de table ronde entre l’Etat haïtien, la société civile haïtienne et les donateurs de façon à revoir ensemble quel que soit le projet afin de donner une approbation et trouver son financement », a-t-il expliqué.

Sur à peu près 1,7 milliard de dollars disponible pour des projets approuvés et qui ont déjà du financement, le Fonds pour la reconstruction d’Haïtien (FRH) ne reçoit pas plus que 100 millions de dollars. « 90 % de fonds de projets approuvés par la CIRH ne passent pas par le FRH, a souligné l’homme d’affaires. Le FRH est un fonds que tous les donateurs alimentent sans avoir à orienter son utilisation vers tel ou tel projet. La majorité des bailleurs ne passent pas par le FRH. Ils donnent de l’argent à des projets.

M. Boulos a pris, à titre d’exemple, le ministère de la Santé publique qui a présenté comme projet la reconstruction de l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH) pour un montant de 50 millions de dollars. « La CIRH a approuvé le projet, et immédiatement la France promet de donner 25 millions de dollars. La CIRH demande qui peut compléter le projet, les Etats-Unis acceptent de mettre le reste, donc 25 millions. Après cette phase, la CIRH n’a plus rien à faire. C’est le MSPP qui finalise avec les deux pays donateurs, fait l’appel d’offres…La CIRH ne reçoit chaque mois qu’un rapport du ministère la mettant au courant de l’avancement du projet », a-t-il expliqué.

Par contre, a ajouté le Dr Boulos, s’il y a un projet financé à 90 % et qu’il n’y a pas de financement pour l’autre partie, la CIRH peut demander au FRH de décaisser l’argent nécessaire pour finaliser le projet.

Le FRH est dirigé par des membres du gouvernement haïtien, des donateurs ayant contribué à plus de 30 millions de dollars. Le ministre de l’Economie et des Finances, Ronald Baudin, est le gouverneur du fonds. Deux nouveaux pays, l’Espagne et le Japon viennent de rejoindre l’équipe. Ils y ont apporté chacun 30 millions de dollars.

Au cours de cette 6e réunion de la CIRH lundi à l’hôtel Karibe Convention center, environ 13 projets estimés à 255 millions de dollars américains ont été approuvés par les membres de la Commission. Ces projets concernent le renforcement des capacités des institutions, le logement, la santé, la création d’emplois, entre autres.

Une banque de logement

Reginald Boulos s’est félicité du fait que- à la 6e réunion de la CIRH lundi- pour la première fois un fonds comme une banque de logement a été approuvé afin de permettre à quelle que soit la personne – pauvre ou classe moyenne – d’avoir accès à un crédit pour reconstruire sa maison. « Nous allons travailler au cours des prochaines semaines sur la question afin de formuler une recommandation au gouvernement sur comment mettre ceci en place », a fait savoir M. Boulos.

Interrogé, d’un autre côté, sur la subvention des produits pétroliers par le Trésor public, l’homme d’affaires a estimé que ce choix des autorités vise à garantir la stabilité politique à la fin du mandat du gouvernement. « Je crois que le gouvernement a fait le choix de donner la priorité à la paix publique et à la stabilité économique… », a-t-il dit.

Robenson Geffrard

rgeffrard@lenouvelliste.com

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