Quand Jim Yong Kim appelle la population à la patience

Le Nouvelliste | Publié le : 2012-11-07
Roberson Alphonse roberson_alphonse@yahoo.com
Conférence de presse conjointe avec le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim et le Premier ministre Laurent Lamothe au salon diplomatique de l'aéroport Toussaint Louverture
Conférence de presse conjointe avec le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim et le Premier ministre Laurent Lamothe au salon diplomatique de l’aéroport Toussaint Louverture

Le président de la Banque mondiale (BM), Jim Yong Kim, a bouclé sa visite de quarante-huit heures en Haïti le mercredi 7 novembre  2012. Au salon diplomatique, avant de prendre un vol commercial vers New York, il a couvert l’administration Martelly/Lamothe de compliments, de roses. C’est un pouvoir avec une bonne cote de popularité, très au fait des défis à relever pour fournir les services sociaux au peuple et élargir le secteur privé, a expliqué Jim Yong Kim.

Ce fils de Sud-Coréens ayant immigré enfant  aux Etats-Unis, au terme de son périple en Haïti où l’état d’urgence a été décrété après d’importants dégâts provoqués par le cyclone Sandy, a affiché son optimisme en l’avenir du pays. « Je quitte Haïti avec le cœur rempli d’espoir », a confié Kim, président de cette banque qui a un portefeuille de  300 millions de dollars pour financer 16 projets dans différents secteurs en Haïti. A côté de cette enveloppe, deux accords de don d’un montant de 125 millions ont récemment été signés.

Le patron de la BM, optimiste, mais réaliste, a appelé la population à la patience, face aux difficultés. « J’appelle à un peu de patience même si c’est normal de s’impatienter pour avoir des services que l’on n’a pas », a insisté  Jim Yong Kim. La Banque mondiale et le gouvernement haïtien se sont entendus pour créer une commission mixte de huit membres. Son travail consistera à faciliter l’avancement des dossiers, a-t-il indiqué. Ces membres devront être solidairement responsables de leur travail de  manière à trouver des  résultats le plus rapidement possible, a souligné le président de la Banque mondiale, ajoutant qu’Haïti est à un moment historique pour changer et progresser.

Comme Jim Yong Kim, le Premier ministre haïtien, Laurent Salvador Lamothe,  mise gros sur cette commission mixte, ce « task force », « pour que les projets atterrissent ». Patrick Rouzier, conseiller du président Martelly, Alfred Métellus, chef du  cabinet de la ministre des Finances, Jerry Tardieu du CDES et Caroline Estimé représenteront Haïti  dans cette structure, a informé Lamothe.

Le chef du gouvernement a fait du secteur de l’énergie l’une de ses priorités. Il y a eu des accords qui ne sont pas dans l’intérêt du pays. Toute la politique énergétique n’est pas dans l’intérêt de l’Etat, a révélé Lamothe, content du soutien de la Banque mondiale, « une banque de solution ».

Questionné sur la viabilité des solutions, l’efficacité des actions de la Banque mondiale en Haïti avec un petit portefeuille de 300 millions de dollars, des dons et non des lignes de crédit à l’Etat haïtien pour  construire des infrastructures, poser des actions structurantes pour réhabiliter l’environnement, stimuler la production, le patron de la Banque mondiale a été très laconique. « La Banque mondiale n’est pas le seul donateur de ce pays », a-t-il dit. Cependant, il a indiqué que « ce n’est pas le temps d’arrêter le support à Haïti ». « Je crois que le support à Haïti devrait augmenter », a renchéri  Jim Yong Kim.

Quelques semaines avant la visite du président Jim Yong Kim, en mode roses, généreux dans ses bonnes notes à Martelly et à Lamothe, des manifestations anti-gouvernementales ont eu lieu au Cap-Haïtien et à Port-au-Prince. Empêtré,  le président Martelly n’est toujours pas parvenu à trouver une entente avec d’irréductibles sénateurs autour du montage de l’institution électorale pour organiser des élections sénatoriales et municipales plus qu’en retard. Le tout sur fond de problèmes de capacités d’absorption de fonds prêtés ou donnés à l’Etat haïtien pour exécuter certains projets. Certains ministères régaliens ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes avec des faiblesses criantes.

Mais rien n’empêche le président de la Banque mondiale de chanter Bécaud : « l’important, c’est la rose; l’important, c’est la rose, crois-moi »….

Roberson Alphonse roberson_alphonse@yahoo.com
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